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vendredi 30 août 2024 à 06:05

2024, ce 29 août, c’est parti pour les épreuves des JO paralympiques



C’est parti sur les chapeaux de roues des fauteuils, et pas clopin-clopant, nous avons à faire à de vrais jeux avec de vrais athlètes de niveau mondial. Encore plus que les athlètes des JO du mois précédent car en plus d’être au top de leur discipline, à l’acmé de leur pratique personnelle, au summum de leurs capacités physiques il leur faut maîtriser un environnement souvent inadapté, voire hostile, l’utilisation ou non d’extensions exogènes telles que des prothèses, des équilibres précaires. Concourir aux JO cela requiert des années d’efforts, un moral en acier, et un environnement technique et sportif de très haut niveau. Les JO paralympiques demandent encore plus de tout cela.

Oui, les JO Paralympiques sont des JO comme les autres pour de vrais athlètes au sommet de leur art.

 

Tout a commencé en 1948 quand à Stoke Mandeville, dans un hôpital militaire,  Sir Ludwig Guttmann, un neurologue, décide de mettre en œuvre  des épreuves sportives en vue d’accélérer rétablissement de ses patients paraplégiques, tous pilotes de la RAF. Il organise des Jeux Hospitaliers que l’on appelle Para-Olympiques alors que les vrais JO se déroulent à Londres. Deux sortes d’épreuves forment la compétition : tir à l’arc et Netball, (un sport collectif dérivé du basket-ball, basket-ball),

L’idée plait, fait son chemin et en 1952 aux anciens combattants britaniques viennent s’adjoindre des vétérans hollandais. Cela devient les Jeux Internationaux de Stoke Mandeville qui dorénavant se dérouleront chaque année. En 1954 le nombre de nations engagées se monte à 14, l’année suivante le chiffre de 18 sera atteint avec 200 compétiteurs paraplégiques.

Ce sont les 9ème Jeux Internationaux de Stoke Mandeville de 1960, se tenant à Rome, que l’on considère généralement comme les premiers Jeux Paralympiques. Ils réunissent 23 nations représentées par 400 athlètes en fauteuil roulant. Il existe maintenant 8 épreuves : escrime fauteuil,  basket fauteuil,  billard, dartchery (mixte tir à l’arc et fléchettes), para-athlétisme, para natation, para tennis de table, para tir à l’arc. L’haltérophilie fait son entrée en 1964 avec le 60 mètres en athlétisme avec des fauteuils de la vie quotidienne.

Vinrent ensuite le basket fauteuil féminin et le 100m fauteuil, mais il faut lors des JO de munich que les sportifs amputés manifestent pour obtenir le droit de participer aux jeux en plus de ceux en fauteuil roulant.

La fédération de Stoke bloque sur la diversification et  reste centrée sur le sport en fauteuil roulant des personnes blessées de la colonne vertébrale. Même s’il ne s’agit plus uniquement de militaires.

En paralèlle un certain Yves Nayme, à Saint-Étienne, lance plusieurs initiatives dans ce domaine   pour les personnes handicapées physiques : jeux européens en 1966,  jeux mondiaux en 1970 et 1975,  championnats du monde en 1990,  jeux d’hiver de Courchevel en 1972.

Les changements sont durs à obtenir mais petit à petit on progresse.

En 1976 à Toronto, 261 athlètes amputés et 187 athlètes ayant un handicap visuel ont le droit de concourir avec les 1209 autres sportifs en fauteuil. Parmi ces 1657 concurrents on ne trouve seulement que 253 femmes. 40 Pays sont représentés. Différentes nouvelles disciplines sont intégrées : le Goalball pour les sportifs ayant un handicap visuel et en athlétisme en fauteuil, 200m, 400m, 800m et 1500m. Est introduit aussi le tir sportif. A noter que cette année là eurent lieu les premiers JO paralympiques  d’hiver à Örnsköldsvik en Suède.

Le Volley ball assis, réservé aux seuls athlètes amputés, fut introduit en 1980 Aux JO d’Arnhem, (Pays-Bas). A ces mêmes jeux 125 athlètes atteints d’une infirmité motrice cérébrale purent pour la première fois participer.

La césure mais aussi la transformation se produit en 1984 avec les jeux Paralympiques se tenant sur deux sites, à deux périodes différentes, avec deux sortes d’athlètes y participant. Il avait fallu attendre 1976 pour que des concurrents non assis soient admis, 8 ans après ils sont séparés en deux : les « debout » à New york et les « assis » à Stoke Mandeville. Divorce ? Non, fin d’une période, début d’une nouvelle ère.

A Séoul en 1988 les Jeux Paralympiques se tiennent sur le même lieu que les JO des valides, 2 semaines après les autres et 60 nations y sont présentes avec 3057 athlètes.

Les choses murissent avec en 1982 la création du Comité international de coordination des organisations mondiales de sport pour les handicapés qui en septembre 1989 se transforme en  Comité international paralympique (IPC).

Avant les jeux de 1984 les jeux portaient officiellement le nom de« Jeux Internationaux de Stoke Mandeville ». Depuis son appellation officielle  est devenue  « Jeux Paralympiques ».

Il s’agit là d’un virage et surtout de l’assurance d’une représentation et d’une représentativité unique et fédérative. Les déficients intellectuels purent seulement en 1996, à Atlanta, participer aux Jeux paralympiques, ils en furent exclus après les jeux de Sydney de 2000 à cause de la tricherie de l’équipe espagnole de basket adapté. Mais en 2012 ils furent réintégrés dans les compétitions officielles et participent aux Jeux paralympiques de Londres en athlétisme, natation et tennis de table.

Dans le cadre de l’organisation des 2 manifestations un accord fut trouvé le 19 juin 2001 entre le CIO et l’IPC instituant qu’à partir des Jeux de Pékin en 2008, les Jeux Paralympiques se dérouleront toujours peu de temps après les Jeux Olympiques en utilisant les mêmes installations, sites sportifs, village des athlètes, fixant la même prise en charge des frais d’inscription et des frais de déplacement.

La définition est claire, il s’agit d’une compétition multisports, de nature olympique, réservée aux athlètes présentant un handicap physique,  moteur ou visuel, ou un handicap mental, ayant lieu tous les quatre ans, en alternance été/hiver comme les Jeux olympiques.

Afin d’assurer l’équité des compétitions il a été créé des catégories selon les handicaps pour permettre de faire concourir ensemble des athlètes ayant des aptitudes fonctionnelles comparables : tétraplégie et paraplégie, séquelles neurologiques assimilables, amputation et assimilé, infirmes moteurs cérébraux, grands handicaps (myopathie), non-voyants et malvoyants. Mais tous les « handicaps » ne sont pas considérés de la même façon. Par exemple la surdité. Les sourds et malentendants ne participent pas aux Jeux paralympiques depuis le départ du Comité international des sports silencieux (CISS) ayant quitté  le Comité international paralympique en 1995. Pour les représentants des personnes handicapées, la surdité pose le problème de l’absence « d’altération physique » et donc d’équité sportive. Pour les personnes malentendantes, il s’agit d’une absence de reconnaissance de leur différence culturelle et communautaire. Certains athlètes malentendants ou sourds profonds ont eu la permission de concourir avec les athlètes valides.

 

En 2012  le président de l’IPC, Sir Philip Craven lors de l’inauguration des jeux paralympiques de Londres fait dans la grandiloquence : « Les plus grands Jeux réalisés à ce jour.  A Londres, les Jeux Paralympiques sont revenus à la maison et ont trouvé le sentier les menant vers leur avenir. »

Il n’y a pas eu de Jeux paralympiques africains. Ils étaient prévus en à Rabat au Maroc en janvier 2020, mais ils furent reportés pour des raisons logistiques et matérielles.

 

Quoi qu’il en soit les JO Paralympiques sont maintenant inclus dans le paysage olympique d’été et d’hiver et les instances, les autorités et le public reconnaissent qu’un athlète reste un athlète qu’il soit dit « valide » ou « handicapé ». D’ailleurs parti de la combinaison des termes « paraplégique» et « olympique » l’appellation paralympique a évolué vers la contraction de « para » (à côté de ou parallèle) et de la terminaison « lympique » des Jeux olympiques.

 

Ce jeudi 29 août 2024 les médailles commencent à tomber dans les escarcelles des nations présentes.

 

Gilles Desnoix

 

JO-300824






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