Blanzy
« Cette période du grand conflit à Michelin Blanzy restera gravée à jamais dans les mémoires de ceux et celles qui l’ont vécu.
Malgré les nombreuses tentatives du syndicat CGT d’alerter les salarié(e)s sur ce qui allait se produire, les salarié(e)s ne voulaient pas y croire ou ne pas l’entendre, aidés par une direction Michelin qui ne reculait devant rien pour salir et mépriser la CGT.
Tous les indicateurs industriels étaient au rouge :
la baisse des productions en pneu tourisme malgré les nouvelles machines ultra-performantes,
l’arrêt des investissements,
l’arrêt du montage des nouvelles machines à 3 au lieu de 10 comme prévu
Chômage partiel financé à 100 % par Michelin.
Ce financement du chômage sans aucunes aides publiques » UNEDIC » confirmait toutes nos craintes et validait qu’il allait se passer quelques choses de grave car ces aides étaient conditionnées à l’obligation de ne pas licencier. Michelin grand consommateur d’aides publiques ne les prenaient pas car il avait prémédité son sale coup de fermer l’atelier tourisme.
Michelin « Champion du monde du mensonge comme nous l’avions floqué sur nos maillots » avait prévu de licencier depuis longtemps en fermant l’atelier tourisme à Blanzy. Malgré tout, le directeur lors du Plan Annuel de fin 2008, en connaissant ce qu’il allait se passer, n’hésitait une pas seconde avec force et persuasion à nous garantir l’avenir de l’atelier tourisme pour les 30 prochaines années.
Le 1er avril 2009 dans le journal local de Clermont Ferrand le grand patron de Michelin à l’époque, M Rollier, annonçait « il n’y aura pas de plan social en France ».
Le 15 mai 2009, à l’assemblée générale des actionnaires Michelin, aucune information et aucune réponse sur de quelconques fermetures.
Le 16 juin 2009 le chef d’atelier du tourisme annonce et félicite tout le personnel de l’atelier pour avoir réussi à fabriquer à temps tous les pneus pour équiper la nouvelle Peugeot. Ce sinistre personnage remercie tous les salariés d’avoir bien travailler alors qu’il sait parfaitement ce qu’il sera annoncé le lendemain.
C’est le mépris à l’état pur car le lendemain, 17 juin 2009, les élus sont convoqués par la direction qui annonce aux représentants du personnel en même qu’aux salariés pour ne pas nous laisser le temps de préparer la riposte la fermeture de l’atelier tourisme avec la destruction de 477 emplois ce qui représente en moyenne plus de 1200 à 1400 sur le bassin d’emploi.
Le chaos, la descente aux enfers qui a un gout de trahison, de mensonge et surtout d’irrespect le plus total envers ceux qui font la richesse de cette entreprise, les salariés (e).
Le 18 juin, les salarié(e)s, dans l’incompréhension de ce qu’il se passe, prenne le tract de la CGT, mais anéantis par l’annonce de la veille entre quand même dans l’entreprise, la colère gagne le camarade qui est au mégaphone, les salarié(e)s stoppe net et ressorte aussitôt par la conciergerie.
Les pneus de la colère brûlent et brûleront jusqu’au 24 juin au soir.
La lutte des BIBS est lancée et elle va faire l’effet d’un cataclysme dans le groupe Michelin, dans le pays, la région et bien sur en local.
Ce grand conflit, dur et juste, aura permis à tous ceux qui l’ont vécu de connaître toute sortes d’émotions. Cette colère faisait suite à la trahison de l’entreprise, la révolte pour ne pas se laisser faire, les pleurs et les cris des familles totalement déboussolées et atterrées.
La haine de ne pas être écouté et encore moins entendu par une direction égale à elle-même ou la stratégie financière du groupe reçoit plus d’écoute que le désarroi des salariés (e).
Les fortes émotions procurées par ces moments de solidarité inoubliable. Tous les salarié(e)s, de tous les ateliers, jeunes et anciens, tous ensemble pour combattre ce plan anti social. Une participation 24h /24h au piquet de grève, une fête des pères vécu sur le parking de l’usine, avec plus de 1500 personnes présentes, qui prend un sens encore plus fort quand vous n’avez plus votre père.
Solidarité avec tous les syndicats CGT du Bassin Minier, et toutes les structures de la CGT, l’union locale de Montceau, l’union départementale de Saône et Loire et notre Fédération de la Chimie, le syndicat SUD et son représentant départemental.
Solidarité aussi de nombreux commerçants de la CUCM, du Bassin Minier, élus locaux et de députés de Saône et Loire.
Les Assemblées Générales de salariés ou malgré les divergences, jeunes et anciens valident nos revendications et reconduisent jours après jours la grève.
Que dire des émotions ressenties avec la haie d’honneur des familles de Bib lors du retour des dix Bus de l’action à Clermont Ferrand le 24 juin ou pour rappel la haute direction est restée inflexible à nos demandes de reconnaissance de la pénibilité au travail pour faire partir les anciens à la retraite anticipée.
Moments très fort, lors de la manif à Montceau le 27 juin, avec les commerçants qui baissent leurs rideaux et applaudissent les manifestants ce qui ne c’était pas vu depuis les grandes grèves des Mineurs.
Nous pouvons être très fiers de ce que nous avons fait et obtenus mais malheureusement l’atelier tourisme sera fermé et la production sera délocalisée pour satisfaire l’appétit financier des actionnaires Michelin : augmentation des marges et profits au détriment de familles brisées.
Le 26 juin les salarié(e)s reprenaient le travail sous les applaudissements et une haie d’honneur. Nous avons réussi et obtenus 0 licenciement, augmentation financière des mesures de fin de carrière, augmentation des périodes de formations pour reconversion professionnelle et augmentation des primes supra légales.
Nous ne pouvons pas conclure ce petit rappel de cette Grande LUTTE, avec une pensée aux 5 camarades exécutes par Michelin pour avoir osés se dresser et lutter contre ces choix de la finance.
Notre force a été le tous ensemble et cela n’a pas de prix mais sans être dans la paranoïa, nous ne sommes pas à l’abri de revivre un plan antisocial comme celui de 2009. Nous n’aurions alors pas le choix de reconstruire ce tous ensemble même si beaucoup de salariés pense que cela ne serait pas possible car le salariat à trop changé moi je veux y croire et je suis sur que nous y arriverions.
L’avenir appartient à celui qui lutte car celui qui ne lutte pas à déjà perdu. »
Serge Allègre
Voir l'article : Montceau News