Montceau-les-Mines : Quand l’Intersyndicale rencontre le député
Les représentants de l’intersyndicale du bassin minier ont sollicité une rencontre avec Louis Margueritte, le député de la 5ème circonscription, afin de le questionner sur l’attitude qu’il adoptera lors du vote du 8 juin 2023.
Cette entrevue s’est déroulée au Trait d’Union ce lundi 22 mai à 16h 45.
En effet, dans le cadre de sa niche parlementaire, le groupe LIOT fera à l’Assemblée Nationale le 8 juin, une proposition de loi pour abroger la réforme des retraites avec l’objectif d’annuler le recul de l’âge légal de départ à la retraite. Soutenue par la gauche, le Rassemblement national et par certains députés Les Républicains, la proposition pourrait bien être adoptée.
Selon la première ministre, cette proposition de loi est inconstitutionnelle et donc irrecevable car elle créé des dépenses supplémentaires pour l’État, qui doivent impérativement être compensées par de nouvelles recettes.
Pour contrer cette proposition, la majorité gouvernementale envisage de recourir à l’article 40 de la Constitution.
Les membres de l’Intersyndicale ont donc demandé avec insistance ce que fera le député. Celui-ci a répondu que s’il y avait vote, il ne voterait pas cette proposition.
Dans un premier temps, les représentants syndicaux ont exposés diverses thématiques.
J.P Ménéghel pour la CGT a planté le décor, rappelé le contexte et la rapidité avec laquelle le gouvernement souhaite mettre en application cette réforme des retraites en soulignant les problèmes posés par sa mise en œuvre : ruptures des droits, départs sans ressources avec des délais de carence, des pensions minorées, les problèmes pour les personnes qui ont opté pour des dispositifs de congés préretraite, …
« Le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion : plus il défend sa réforme, moins il est audible ! Le fiasco des annonces, tels les 1200€, mensonge !
C’est une réforme stratégique.
Le projet de loi du groupe LIOT redonne de l’espoir. Le 8 juin, nous vous demandons de voter pour ! »
Patrick Gérard pour sa part a évoqué la situation chez Michelin, la difficulté des délégués, les conditions de travail, la pénibilité et l’exposition aux matières dangereuses dans un environnement particulier.
Pour Alain Davanture, la population découvre la Constitution avec le gouvernement Macron le 49.3, le 47.1 et l’article 40. « Nous sommes dans un pays extrêmement tendu. Si vous utilisez encore cette méthode, vous êtes assis sur un paquet de dynamite et vous allez allumer la mèche ! »
Fabienne Coronel pour la CFDT oriente son intervention sur les conditions de travail : le mépris des dirigeants, l’infantilisation, la multiplication des sources d’informations qui engendre un stress permanent, le travail en mode dégradé, faire plus avec moins, …
Tout ceci engendre de la colère, alors travaillez 2 ans de plus ?
Et en parallèle, on est abreuvé de discours bienveillants, de charte de ceci, de cela, qui cachent une maltraitance manifeste au travail.
Lindsay Picollin rapporte les conditions de travail dégradées dans le secteur de la petite enfance, le manque de personnel, l’embauche de personnel non-qualifié, le manque de matériel, … Dans ces conditions, il n’est pas possible de travailler jusqu’à 65 ans !
Pour FO, Sandrine Pastor, intervient sur l’employabilité des seniors et la pénibilité.
On a tenté de nous vendre cette réforme sur la base de mensonges. Macron se donne 100 jours. Nous serons toujours présents, faire le choix de l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour.
Il aurait fallu discuter avec le MEDEF en préambule.
Le coût trop importants des seniors selon les entreprises qui justifie le faible emploi de cette catégorie d’âge.
Elisabeth Braud enchaîne avec la situation des aide-soignantes. Travailler 2 ans de plus, c’est impossible dans ces conditions.
Des missions multiples avec un manque de moyen humain et des contraintes physiques importantes, charge de travail, des séquences de 12h00 de travail, et rien sur la pénibilité !
Deux ans de plus, c’est une véritable sanction. Réaliser des économies sur le dos des travailleurs. La relation avec les patients est flouée, altérée.
Vincent Calabretta évoque les risques au travail. « Sur la pénibilité, on avait des critères. Macron a décidé de les réduire de moitié. On voit des gens abîmés, cassés. Vous avez omis la prévention. Que va apporter le gouvernement sur ces sujets ?
Si le gouvernement estime vouloir impulser la mise en place de primes, c’est bien qu’il estime que les salaires sont trop bas !
Il faut entendre les syndicats. Nous, on vous alerte, saisissez la balle. Etre élu du peuple, c’est l’entendre ! »
Pierre Giezek, pour la FSU : « Prenez vos responsabilités. Vous votez le budget. Il faut assumer le mal être des travailleurs, des fonctionnaires et la baisse du pouvoir d’achat. Que faites vous ? Vous appauvrissez 5 millions de fonctionnaires. Ce n’est pas acceptable. Cela alimente un mal être qui est ressenti comme du mépris.
On fait appel à des contractuels.
Votre discours est purement idéologique. Vous osez voter le pacte enseignant !
Il manque cruellement de candidats au concours de professeur des écoles. (1000 postes sur l’académie de Créteil)
Notre colère n’a pas diminué. Vous méprisez le peuple.
On n’a jamais vu autant de manifestants à Montceau. Vous n’avez pas le courage de dire que vous faîtes une politique pour les riches. Vous préparez une catastrophe !Vous allez porter le RN au pouvoir et ce sera votre faute ! »
Le député Margueritte prend la parole et souligne qu’il n’y a aucun mépris de sa part. Il évoque l’article 40, un garde-fou qui empêcherait n’importe quel groupe de déposer un projet de loi qui pourrait mettre en danger le budget de la nation.
Pour le député, les manifestations n’ont pas été vaines. Le texte a bougé, a évolué.
« La réforme a soulevé un certain nombre de points ».
Le député rappelle que des choses ont été faites. « 1 million pour la prévention dans les branches . Les entreprises créent de l’emploi. Nous faisons les choses de bonne foi. Il cite le futur projet de loi sur le partage de la valeur, dont il sera le rapporteur. Je ne prétends pas que tout va bien et que ce que l’on va faire va tout arranger ».
Fabienne Coronel revient sur le dogmatisme qui s’installe. « On nous parle de dialogue, mais on nous explique le pourquoi il faut qu’on soit d’accord et qu’on doit penser comme vous ! On n’est pas d’accord sur le constat, sur les solutions. Vous êtes au service des riches, vous n’en avez peut-être pas conscience ! »
Pour conclure cette séquence de deux heures trente, le député indique qu’il doit rencontrer le ministre Olivier Dussopt cette semaine et qu’il lui fera part du contenu de ces échanges. « Le pays est fragmenté. C’est une réforme difficile. On a fait une politique favorable aux entreprises. Elles créent de l’emploi.
J’ai bon espoir avec le dialogue social ! »
J.L Pradines
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