Un peu de poésie…
La vie encastrée
L’odeur,
La douleur
Le bruit
La fumée
le fer rouge
Sur l’âme de cette mère
Une mort qui marque à vie
Une douleur dévorante
Seule clepsydre
Du temps qui dévore
Les pensées et la chair
Jamais elle n’a pensé ça possible
Toujours elle a cru
Dans la bonté de son dieu
Chaque jour l’angoisse
Mais comme chaque jour
Depuis sa naissance
Depuis la naissance de sa mère
L’ennemi honni en face
L’ami détestable aux côtés
Juste la famille
Juste les quelques amis
Et puis la brûlure infâme
Le basculement du monde
La sidération de la vie
Qui s’encastre dans le mur
De la barbarie
La naïveté de l’être
Qui brûle au fond de la casserole
des affres du monde
Comme un beurre oublié
Sur un feu toujours renouvelé
Quelle pensée avoir ?
Comment penser ?
L’esprit brûle
Dans des hurlements terribles
Que la gorge ne laisse même plus
Sortir hors de l’être consumé
Comment être mère ?
Comment être fière d’enfanter
Ces monstres sont nés d’autres mères
Enfanter des monstres
Etre victime des monstres
Enfantés par d’autres femmes
La folie gagne l’âme incandescente
Le corps tremble comme un volcan
Avant une éruption
La douleur est trop insurmontable
La folie gagne l’esprit
Le sang appelle le sang
Le deuil appelle le deuil
Pourquoi nous as tu abandonnés ?
Pourquoi l’horreur s’est déclenchée ?
Comment comprendre
Comment expliquer seulement ?
Comment vivre ensuite ?
Chaque fois
L’odeur,
La douleur
Le bruit
La fumée
Le fer rouge
Sur l’âme d’une mère
Chaque fois
De tous côtés
Gilles Desnoix, poésies, recueil 5 : ici, ailleurs, plus loin