Hélène Carrère d’Encausse est morte ce samedi 5 août 2023 à l’âge de 94 ans
La parisienne apatride aux origines Georgio-germano-russe emblème de la France et de la langue française Hélène Zourabichvili connue surtout comme Hélène Carrère d’Encausse est morte ce samedi 5 août 2023 à l’âge de 94 ans. Une femme exceptionnelle, au destin extraordinaire et au savoir immense. Même si sur les derniers temps ses commentaires sur la situation en Ukraine et sur Poutine laissaient parfois perplexe, cette femme fut et restera un immense personnage.
Sa famille s’est exilée à Paris à la révolution bolchevique de 1917 et le 6 juillet 1929, naît une petite Hélène. Langue familiale, le russe, pourtant dès 4 ans apprentissage du Français, ensuite scolarité dans le 16ème arrondissement au Lycée Molière, Lors de sa majorité (21 ans) elle obtient la nationalité Française et ne sera donc plus une apatride. Elle dira plus tard Un “cas d’intégration parfaite [,,,] dans l’identité, je me sens française. Mais j’ai deux cultures.”
Grande spécialiste de la Russie tsariste et également du monde soviétique, cette professeure d’histoire à l’université Paris-1, directrice de la Fondation nationale des sciences politiques, parcourt le monde, donne des conférences, poursuit des recherches et se voit décerner le titre de docteur honoris causa par les universités de Laval et Montréal au Canada. En 1978 elle ébranle le microcosme intellectuel et politique par un essai prémonitoire « L’Empire éclaté », L’opposition est-ouest bat son plein, la guerre froide gèle l’avenir du monde et elle prédit la chute de l’URSS, et un avenir séparatiste du fait de la montée en puissance des républiques asiatiques de l’Union, Elle aura en partie raison sur le fond et vendu une bonne centaine de milliers d’exemplaires. Elle a rédigé en tout une vingtaines d’ouvrages récompensés par de nombreux prix.
Cette carrière lui vaut reconnaissance et en 1990 elle devient la troisième femme à prendre place sous la coupole de l’Académie française
Mais Hélène Carrère d’Encausse c’est aussi une carrière éclectique et politique. Commission des sages pour la réforme du Code de la nationalité en 1986, 1994 élue au Parlement européen sur la liste UDF-RPR, vice-présidence de la Commission des archives diplomatiques françaises, présidente de la Commission des sciences de l’homme au Centre national du livre entre 1993 et 1996.
Puis 1999, la consécration : 1ère femme secrétaire perpétuelle de l’académie française. Certaines féministes lui reprochent de ne pas se mouiller assez pour faire entrer plus de femmes à l’académie française ou de ne pas vouloir féminiser le titre de secrétaire de l’académie. Cinglante elle réplique « le secrétaire du roi, c’est noble, alors que la secrétaire, c’est une bonne à tout faire” Fermez le ban,
Que l’on soit d’accord ou pas avec elle, ses engagements, ses prises de positions, on ne peut que reconnaître l’immensité du savoir et des écrits de cette femme hors du commun. Il y en a peu comme elle a défricher le terrain de l’évolution de la société, des civilisations en mutation et du langage, alors rendons lui un hommage sincère, humble et appuyé. Nos condoléances à ses enfants Emmanuel, Marina et Nathalie
Gilles Desnoix
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