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dimanche 26 juin 2022 à 07:26

St Eusèbe : la bibliothèque porte à présent le nom d’Anne Sylvestre





 

Ce samedi en milieu d’après-midi, c’est derrière la mairie de la commune de St Eusèbe que se déroulait un événement un peu particulier. En effet, Alain Ballot, Maire de la commune accueillait David Marti, Président de la communauté urbaine le Creusot-Montceau et Maire du Creusot, Sophie Clément, Vice-présidente du département, le maire de St Laurent d’Andenay, plusieurs membres de l’association Femmes solidaires et surtout une partie de la famille d’Anne Sylvestre.

 

En effet, Anne Sylvestre décédée en 2020 à l’âge de 86 ans, de son vrai nom Anne-Marie Beugras, est enterrée à St Eusèbe. C’est une terre qu’elle a bien connu et qu’elle appréciait. Elle venait y voir notamment ses grand-parents. Anne Sylvestre était une artiste engagée : auteure-compositrice-interprète.

 

Comme l’a rappelé Alain Ballot, Anne Sylvestre était aussi la marraine de l’association Femmes solidaires dont elle était à l’initiative. Evelyne Rogowicz, de l’association Femmes solidaires, avait proposé à M. le Maire de donner le nom d’Anne Sylvestre à une rue, place par exemple à St Eusèbe. Et c’est finalement la bibliothèque a été baptisée ce samedi après-midi du nom de l’artiste.

« Je suis sûr que depuis le bourg [où l’artiste est enterrée], Anne Sylvestre aura un regard bienveillant sur sa bibliothèque. » a-t-il conclu avant de laisser la parole à Evelyne Rogowicz.

 

Une artiste féministe engagée

 

Puis c’est au tour d’Evelyne Rogowicz de prendre la parole. L’une des filles de l’artiste, présente, ne prendra pas la parole en public.

 

Emue, la représentante de Femmes solidaires rappelle le parcours de l’artiste. Anne Sylvestre a débuté en 1957, au cabaret La Colombe, sur la même scène que Jean Ferrat. Elle fut considérée comme une immense artiste, louée par Georges Brassens à ses débuts et Bobby Lapointe. Elle égalait Brassens, Brel, Barbara et Ferré.

 

Et d’expliquer : « La qualité littéraire de ses textes est des plus reconnue. 11 universités inscrivent ses textes à leurs programmes, dont 7 à l’étranger pour l’enseignement du français ou de la littérature comparée.

Avec ses 17 volumes de fabulettes, Anne Sylvestre nourrit les rêves et l’imagination des enfants. Elle éveille leurs appétits artistiques, crée des mélodies pour que les enfants puissent mémoriser un langage qui soit à leur portée. Ses fabulettes ont marqué des générations d’enfants, adultes aujourd’hui. ».

 

Et ce n’est pas tout car il faut bien préciser que l’artiste écrit ses textes, compose ses mélodies, ce qui pour Evelyne Rogowicz « est déjà une revendication féministe qui ne portait pas le nom. Dans ses chansons, elle dessine des portraits de femmes qui prennent leur destin en main. Sa carrière de femme et de mère de famille était déjà un combat féministe ».

 

L’artiste a écrit plus de 400 chansons, signant des textes féministes, des contes pour enfants, rassemblant ainsi toutes les générations.

 

Elle était devenue la marraine du mouvement Femmes solidaires.

 

Evelyne Rogowicz raconte : « J’ai eu l’immense honneur de la rencontrer lors d’une réunion nationale Femmes solidaires à Paris et au cours de différents congrès. C’est elle qui m’a abordé la première fois, lorsqu’elle a su que je venais de Saône-et-Loire. Elle m’a alors raconté ses séjours chez ses grands-parents à Saint Eusèbe et les merveilleux souvenirs qu’elle en conservait. Cette terre de Saint-Eusèbe, où elle disait se ressourcer quand elle se rappelait les merveilleux moments passés ici.

Il lui en a fallu de la ténacité pour imposer ses textes, car dans les années 60-70, une femme ne pouvait pas être auteure-compositrice-interprète. »

 

L’auteure était aussi anticléricale, antimilitariste (contre la guerre d’Algérie). Elle a défendu la cause écologiste, s’insurgeait contre le racisme et se mobilisait pour la liberté des femmes.

 

Et de conclure : « L’artiste féministe et libre était loin de n’être qu’une chanteuse de contes musicaux pour enfants. On a perdu aujourd’hui une poétesse, une interprète, une féministe. Ses œuvres sont d’une richesse indéniable et cette bibliothèque peut s’enorgueillir de porter le nom d’une si belle personne ».

 

A noter : c’est la première bibliothèque à porter le nom de l’artiste.

 

Après la lecture de quelques lignes écrites par l’auteure, Evelyne Rogowicz a offert un ouvrage de l’auteure au nom de Femmes solidaires à la bibliothèque et un deuxième ouvrage à titre personnel.

 

En outre, l’association fait paraître tous les deux mois le magazine féministe Clara magazine, accessible sur abonnement.

 

Sa famille a repris le flambeau

 

Philomène est l’une des deux filles d’Anne Sylvestre. Elle était présente ce samedi après-midi à l’occasion de la pose de la plaque sur le fronton de la bibliothèque de St Eusèbe. Elle était aussi accompagnée de cousins.

Avec sa sœur Alice et sa fille, Clémence, elles poursuivent l’œuvre d’Anne Sylvestre. Elles gèrent à présent BC Musique, société créée par Anne Sylvestre, un moyen de continuer à faire vivre l’œuvre qu’elle qualifie de « gros héritage ».

Et la tâche est inhabituelle puisque Philomène n’est pas dans son métier d’origine. Elle a notamment été graphiste et aujourd’hui dans la poterie. Bourguignonne, elle habite à proximité de Tonnerre dans l’Yonne.

 

De sa Maman, elle dira que c’était une maman « avec un grand cœur, qui nous laissait faire ce qu’on voulait. On ne faisait pas trop de bêtises. Elle était à l’écoute. C’était un mélange de Maman et de Sylvestre. Elle était les deux. Elle écrivait. On écoutait les chansons. Quand on était petit, elle testait les fabulettes. »

 

Et de se rappeler : « J’avais deux ans, j’allais au spectacle. Quand elle était sur scène, c’était Anne Sylvestre. Mais on n’a jamais profité de sa notoriété. Cela ne nous venait pas en tête. On ne s’est pas rendu compte de sa notoriété. On s’en rend compte davantage depuis son décès. ».

 

Et la relève pourrait bien être assurée, puisque Clémence, la fille de Philomène chante dans un style rock, pop français sous le pseudonyme Mèche. Comme sa grand-mère, elle est engagée et écrit des textes très engagés. Elle était d’ailleurs très proche de sa grand-mère. « Elle a suivi la lignée Sylvestre en la modernisant » estime Philomène.

 

Et de conclure : « Le féminisme, je suis née avec. On sait que c’est important que cela continue ».

 

L’artiste Anne Sylvestre repose à St Eusèbe et est à présent honorée sur le fronton de la bibliothèque de la commune qui porte à présent son nom.

 

EM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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