Joncy
A la fin du spectacle, tous les écoliers se sont levés pour danser « avec eux ». Avec qui ? Avec les danseurs, chanteurs et comédiens de la troupe de l’ESAT de Joncy menée par Mure Natale. Un tel final vous raconte déjà à quel point la représentation était bonne !
La troupe de l’ESAT a joué au théâtre des Tilleuls, à Saint-Gengoux le National, ce vendredi 28 novembre dans l’après-midi, sur invitation du CCAS de la commune. Dans la salle, des classes de l’école de Saint-Gengoux le National avec des accompagnants, dont monsieur Cambon, directeur de l’école. On voulait de la vie ? On a été servi. Les enfants ne s’y sont pas trompés.
Des pièces jouées à Saint-Vallier
La troupe des Invités a été programmée à la Semaine Culture pour tous de l’ECLA de Saint Vallier, en novembre (les photos de Mateya Lux en sont extraites, ndla) où l’on pouvait découvrir d’autres spectacles singuliers joués par des personnes dites « en situation de handicap ».
Le Foyer des Eglantines du Breuil avec Swing Swing, des êtres en soif de légèreté, une pièce pour six danseurs créée par Mure Natale, soutenue par le Conseil départemental de Saône-et-Loire et accompagnée par l’éducatrice Véronique Bon.
Comédie du foyer des Avouards de Bonnay Saint-Ythaire, avec une dizaine de résidents et des professionnels de l’institution sur scène, un concert du groupe Utopiks du foyer des Eglantines du Breuil accompagné par Mure Natale et un concert de Mure et Anatole avec des ateliers partagés où ça danse tous ensemble, tout public, de tout petit à très grand. « Une semaine soutenue par le département de Saône et Loire et l’ ECLA, fidèle soutenant engagé qui propose un événement comme celui-ci, si rare » explique Mure Natale.
A Saint-Gengoux le National…
Sur scène, 10 danseurs de la troupe « Les invités », accompagnés par Mure Natale* (Association Nos regards**), artiste dont les talents (danseuse contemporaine, chanteuse rock) et la personnalité permettent bien des créations.
« Scènes de vie » est le fruit d’un an de travail en atelier, après la journée de travail pro. Le spectacle s’est construit au fil des échanges entre Mure Natale et ces danseurs-comédiens. Ils ont parlé, exprimé leurs souhaits – « On a inventé et fait les chansons » -, elle a structuré ce qui venait, faisant un peu de tri mais l’idée principale est tenue du début à la fin : chacun a une place.
Chacun sa place, chacun son style
Pourtant quand on est dit socialement « personne en situation de handicap », il faut batailler pour prendre sa place, et c’est depuis tout petit que ça s’apprend, avec fracas souvent. On se laisse l’oublier : chacun a une place, il convient de respecter cela.
Un des membres de la troupe témoignait de sa surprise d’arriver, au fil du temps, « à être en harmonie avec les autres », sur scène où il faut bien s’accorder. Pas d’uniformité, non, des tenues variées, osées, originales ou plus sobres : chacun son style, aussi. Chacun sa façon de se mouvoir et d’offrir aux spectateurs ce qui en émane. Beaucoup d’écoute et de respect entre eux, une poésie naturelle s’en dégage.
Le mouvement c’est la vie
Après la question des places vient celle du mouvement. Or, le mouvement, c’est la vie. Ni plus, ni moins. Cette petite troupe qui connaît le trac, l’appréhension, la timidité voire l’inconfort, comme toutes les troupes du monde, a imaginé une succession de scénettes nourries par le travail du corps, le jeu de la situation, la danse. C’est souvent drôle, parfois émouvant (mention spéciale à cette danse par paires, sur une chanson magnifique, dédiée à tous ceux qui perdent la mémoire, qui oublient).
On n’avait pas prévu d’écrire mais c’était franchement enthousiasmant. On reçoit toujours beaucoup des spectacles dit « vivants », on reçoit encore davantage quand le travail fourni ne s’accompagne d’aucun calcul particulier, mais seulement du savoir-faire de Mure Natale.
Sans démagogie et truc gnagnan : du respect, du travail et une joie communicative
Voilà comment, par un après-midi au ciel bas, un théâtre de poche a offert, sur invitation de la commune et avec la chaleureuse participation de l’école primaire, une heure de vie, grâce aux « Invités ». Une vie condensée, forcément. Une vie qui n’oublie pas sa dureté et ses épreuves, qui ne ferme pas les yeux sur la violence du monde, mais qui n’oublie pas, justement, tout ce qu’elle a de bon : le mouvement, la chanson, le rire, quelques regards sur nous-mêmes, en peu en biais, comme ça. Handicapés ou pas, c’est la même. C’est ce qui touche aussi : effet miroir.
On ne supporte plus d’entendre : « personne porteuse de handicap », surtout dans ce contexte. Chacun est comme il est, avec ses limites et ses puissances. Des minots âgés de 7 ans, 8 ans, 9 ans, ont bien capté les messages et ils se sont rués sur scène pour danser. Comme une volée de moineaux.
FSA
Crédit photos : MATEYA LUX
*https://www.murmure.eu/
N’hésitez pas à vous renseigner pour faire venir chez vous, « Les invités » et profiter aussi de leurs « Scènes de vie ».
**https://www.murmure.eu/association-nos-regards
« L’association Nos Regards est née en janvier 2021 et accompagne particulièrement le travail de Mure Natale et ses partenaires artistiques. Elle accompagne ses propres créations et les créations partagées professionnelles et amateurs. L’association Nos Regards s’attache à proposer des créations sensibles et singulières autour du corps, du mouvement et de la musique. »




