Dans le décor majestueux des Écuries de Chaumont, chaque spectacle est une féerie. Mais derrière les lumières et les costumes se cache une armée silencieuse : les bénévoles, véritables piliers de cette aventure humaine.

Pour le spectacle immersif « Le Songe de La Fontaine », ce sont plus de 300 volontaires qui ont uni leurs talents. Des jeunes aux retraités, tous ont mis la main à la pâte : couture, menuiserie, peinture, logistique, accueil… Chaque détail a été pensé, fabriqué, ajusté par des mains passionnées.

Des travaux titanesques

Avant même que le rideau ne se lève, des mois, presque une année même, de préparation ont été nécessaires. Pour « L’Incroyable Noël » par exemple, les bénévoles ont rénové plus de 1200 m² d’espaces, recyclé du mobilier ancien, et construit des décors spectaculaires, allant jusqu’à installer une passerelle géante et une centaine de sapins.

Une aventure humaine

Ce qui rend ces spectacles uniques, ce n’est pas seulement leur beauté, mais l’énergie collective qui les anime. Les bénévoles ne sont pas de simples aides : ils sont les bâtisseurs de l’émotion, les gardiens du patrimoine, les créateurs de lien social.

« On repart avec des souvenirs, des amis, et le sentiment d’avoir fait partie de quelque chose de grand » disent-ils en chœur.

Montceau News :

Madame de Laguiche, le spectacle mobilise plus de 300 bénévoles et propose une immersion dans dix univers différents : comment vivez-vous cette effervescence sur vos terres ?

Anne de Laguiche :

Mais très bien ! C’est la vie des écuries qui est revenue. Il n’y avait plus de vie du tout. Le bâtiment est isolé du château. Donc, on ne peut pas dire que cela me gêne dans la vie de tous les jours. Et surtout, cela fait énormément plaisir de voir tant de personnes heureuses d’être là, heureuse de travailler en équipe.

Il y a un exceptionnel partage de connaissances et beaucoup d’amitié entre les uns et les autres.

Montceau News :

Les bénévoles sont-ils tous des professionnels ?

Anne de Laguiche :

Bien sûr que non ! Pour les travaux, vous avez des professionnels à la retraite, mais d’autres sont simplement bons bricoleurs et le travail s’effectue très vite. Ils apprennent les uns des autres et cela créé une cohésion incroyable dans les groupes.

Je suis allée voir un jour l’atelier de couture, et une bénévole me dit : « Nous avons embauché aujourd’hui une personne qui ne savait coudre que des boutons ! ». La personne en question a rétorqué que cela faisait deux heures qu’elle était là et que déjà, elle avait appris plein d’autres choses.

On valorise les gens en leur apprenant à faire plus et mieux.

Montceau News :

Comment leurs journées sont-elles organisées ?

Anne de Laguiche :

C’est un peu à la carte : certains viennent pour bricoler des journées entières. Ils s’inscrivent aussi à la demi-journée, avec déjeuner ou sans déjeuner. On vit autre chose pendant ces journées-là !

Je suis moi-même allée plusieurs fois bricoler, car cela m’amuse beaucoup.  Et puis, ce n’est pas compliqué de tenir un pinceau…

Montceau News :

Le jeune Jean de La Fontaine est mis en scène dans une aventure poétique. Pensez-vous que ce type de narration favorise l’accès à la littérature classique pour les plus jeunes ?

Anne de Laguiche :

Je ne sais pas si ça fait vraiment découvrir la littérature aux jeunes, mais en tous cas, il y a toute une génération qui a vécu sa jeunesse avec les Fables de La Fontaine et qui est heureuse de les retrouver.

Ce qui est sûr et qui est beau, ce sont tous ces jeunes comédiens qui jouent dans ce spectacle et dehors, devant le château.

Et c’est Charles Mollet qui a tout écrit et choisi le thème. Ce dernier s’adapte parfaitement avec les écuries.

Montceau News :

Les écuries du château sont classées « Monument Historique », comment conciliez-vous préservation patrimoniale et accueil de spectacles vivants ?

Anne de Laguiche :

Vous savez, le spectacle vivant est très respectueux, rien n’est fait sans me demander si cela est possible ou pas. Aucun problème de ce côté-là.

Les travaux qui ont été effectués par les bénévoles se situaient au 1^er étage, en même temps que nous avions des travaux au rez-de-chaussée. De temps en temps, mon architecte allait voir ce qu’il s’y passait (rires).

J’ai été vraiment bluffée de retrouver la force des bras des hommes pour mener à bien un chantier. Au lieu de jeter les pierres dans la goulotte, ils prenaient des seaux et ils les remplissaient avec celles-ci.

Vous pouvez me croire : ils n’avaient pas besoin d’aller à la salle de sport le soir !

Montceau News :

Êtes-vous heureuse dans ce milieu ?

Anne de Laguiche :

C’est pour moi une joie que je n’aurais même pas imaginée dans mes rêves ! Il faut savoir que cette cohabitation va se poursuivre plusieurs années (entre 6 et 8 ans). En espérant qu’il y ait toujours autant de spectateurs.

Le jour où le nombre de spectateurs diminuera, ils verront s’ils changent de spectacle ou s’ils arrêtent.

Je suis, vous l’avez compris, très heureuse de leur présence à tous. Cependant, il y a des jours où ils ne peuvent pas venir. En effet, nous avons des privatisations pour les mariages et je ne veux pas, lors de ces fêtes de famille, voir des gens qui montent ou qui descendent sans arrêt.

Montceau News :

2018 a été une année à marquer d’une pierre blanche. Pourquoi ?

Anne de Laguiche :

Les Écuries de Chaumont-Laguiche ont été retenues dès la première édition du Loto du patrimoine en 2018, initié par Stéphane Bern, comme site en péril à sauvegarder.

Toutes les mairies avaient reçu des papiers disant : prévenez-nous si vous avez sur votre commune des bâtiments qui sont en péril. Et nous, nous avions les écuries qui étaient en train de se déliter.

J’ai passé un certain nombre d’après-midis à la mairie pour monter le dossier. Nous avions déjà commencé les devis et nous savions exactement ce que les travaux allaient coûter. La mairie a donc fait ce dossier.

Deux mois après, s’est déroulée l’assemblée générale de l’association « La Demeure Historique » qui regroupe les propriétaires de grandes demeures historiques, comme son nom l’indique.

Stéphane Bern était présent et il a pris la parole. Il a indiqué qu’il avait créé le loto du patrimoine pour les propriétaires privés.

 « Quand l’Etat vous dit qu’il vous fait une grande faveur avec les réductions d’impôts, je ne sais pas si vous aurez 300 000 euros d’impôts, quand vous aurez 300 000 euros de travaux à faire dans vos châteaux » a-t-il déclaré.

Il avait reçu nombre de dossiers, dont la moitié concernaient des bâtiments publics, qui souhaitaient participer au loto du patrimoine.

« Moi, j’estime que les bâtiments publics ont déjà vos impôts. C’est pourquoi je veux aider les privés » a conclu M. Bern.

J’ai alors envoyé un second dossier. Le temps a passé. Et vers mars ou avril, un journaliste m’appelle et me demande quel effet ça fait d’avoir été choisie pour le loto de Stéphane Bern. Je n’étais pas au courant !

Montceau News :

En quoi le soutien du Loto du Patrimoine a-t-il contribué à pérenniser l’esprit et l’histoire des Écuries de Chaumont ?

Anne de Laguiche :

Il y a deux aspects importants dans cette distinction : l’aspect financier bien évidemment, mais également le fait que mon bâtiment a été remarqué et admiré.

C’est un véritable phare qui éclaire ce monument et qui m’éclaire aussi. J’avais l’impression d’avoir un projecteur dans le dos… Cela nous a donné une nouvelle dynamique.

Montceau News :

Que peut-on vous souhaiter après la fin du spectacle « Le Songe de La Fontaine » ?

Anne de Laguiche :

Tout simplement que ça dure encore longtemps. Nous revivons, les écuries revivent, les spectateurs sont heureux… Que demander de plus ?

Juste que ça continue, car je ne veux même pas envisager le fait que Charles et Anne puissent tout arrêter !

Sans eux, rien n’aurait été possible

Il faut le rappeler, les bénévoles ont été les véritables maîtres d’œuvre de cette renaissance, apportant bien plus que leur savoir-faire : ils ont offert leur temps, leur cœur et leur passion, souvent dans l’ombre, mais toujours avec une foi inébranlable dans le projet.

Ce sont ces hommes et ces femmes, artisans du quotidien et bâtisseurs du merveilleux, qui incarnent aujourd’hui l’âme du lieu. À travers leur geste, c’est un pan de l’histoire qui se transmet, vivant, vibrant et humain. Tout simplement…

Remerciements

Merci à Anne de Laguiche pour le temps qu’elle a bien voulu nous consacrer.

Merci aussi à Anne Cauchard pour avoir fourni les photos publiées ce jour.

A venir

Dans une prochaine édition, les photos des deux spectacles de L’Enchanteur « L’incroyable Noël » et « Le Songe de La Fontaine ».

Nos lecteurs pourront établir la comparaison entre les travaux effectués par les bénévoles et les décors tels qu’ils sont apparus lors des spectacles.

Bravo à tous.

Nelly Desplanches

« © L’Enchanteur »

« © L’Enchanteur »