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samedi 19 juillet 2025 à 06:29

Saint-Bonnet-de-Joux : Ecuries de Chaumont



 

 

Comment un monument du XVIIe siècle est devenu le cadre d’un succès populaire ? La marquise de Laguiche nous raconte les coulisses d’un pari audacieux : faire entrer la création contemporaine dans l’histoire familiale.

Au cœur du Charolais, les anciennes écuries du château de Chaumont ont troqué le silence des sabots pour les murmures du théâtre. Entre murs séculaires et voûtes majestueuses, la compagnie L’Enchanteur Spectacles y a tissé deux fresques poétiques : L’Incroyable Noël et Le Songe de La Fontaine, plongeant les visiteurs dans des mondes entre rêve et mémoire.

L’Incroyable Noël : féerie hivernale en plein patrimoine

Durant l’hiver 2024, le site s’est métamorphosé en un univers enchanté, animé par plus de 500 bénévoles. Sur six week-ends festifs, plus de 21 000 spectateurs ont franchi les portes des écuries pour vivre un conte vivant.

Lumières, musiques, théâtre, chaque recoin du bâtiment a servi de décor à cette célébration chaleureuse du merveilleux.

Le Songe de La Fontaine : un bestiaire onirique en marche

Du 20 juin au 14 juillet 2025, Chaumont s’est éveillé aux rêveries de Jean de La Fontaine. Guidés par une souris espiègle, les participants ont exploré un parcours immersif dans les fables réinventées, entre animaux bavards, costumes baroques et scènes mouvantes.

Quand la nature dialogue avec la pierre

À l’extérieur, le parc se faisait écrin de théâtre : jeux anciens, pique-niques sous les grands cèdres, théâtre nomade… Et quand la pluie s’invitait, les écuries offraient refuge et décor de repli, faisant corps avec le spectacle.

Un fil humain et collectif

Derrière cette aventure artistique, Anne de Laguiche veille avec passion sur ce lieu hérité de ses ancêtres, tandis que Charles Mollet, auteur et metteur en scène, accompagné de sa sœur Anne Cauchard, productrice, orchestre les récits.

Ainsi, chaque saison est une œuvre collective, où patrimoine et création se rejoignent. Et il faut bien dire que ces spectacles n’ont pas simplement animé Chaumont :  ils l’ont révélé.

Car chaque représentation est un pas vers la transmission, une manière de faire parler les pierres, et d’inscrire l’imaginaire dans l’Histoire.

La genèse de cette folle aventure nous a été racontée par Anne de Laguiche.

 

Montceau News : 

Madame de Laguiche, les écuries de Chaumont ont traversé les siècles dans le silence majestueux de la pierre. Comment l’idée vous est-elle venue d’y faire entrer le théâtre, la lumière et le spectacle vivant ?

Anne de Laguiche :

Cette aventure a été un vrai cadeau du ciel ! La troupe de L’Enchanteur jouait au château de Digoine, propriété de Jean-Louis Remilleux. Pendant deux saisons, les comédiens ont investi les lieux avec passion… mais aussi avec une certaine ampleur.

 « Ils étaient trop nombreux », confiera plus tard le propriétaire, dont les appartements jouxtaient directement la zone de représentation. Le spectacle se jouait en effet, dans la partie du château où il résidait, rendant la cohabitation délicate.

Il aurait accepté 50 bénévoles, mais pas 400… La réponse d’Anne Cauchard, et Charles Mollet a été : « Nous avons une famille de 400 personnes et nous ne nous voyons pas n’en garder que 50 ».

Montceau News :

Que s’est-il passé ensuite ?

Anne de Laguiche :

La société L’Enchanteur a donc cherché un nouveau lieu pour y produire ses spectacles. Elle a repéré les différents châteaux de la région. Il faut savoir qu’il y a de la publicité pour les écuries de Chaumont, mais pas pour le château…

En septembre 2023, je reçois un appel téléphonique d’un jeune homme qui se présente comme Charles Mollet, producteur, et qui me demande si j’ai vu le « spectacle 1900 » à Digoine.

Je lui réponds que non seulement je l’ai vu, mais que j’y suis restée deux jours et deux nuits, pour y tester les différentes ambiances. J’ai ajouté que je n’y étais pas allée en cette année 2023, mais que promis, j’irais l’année prochaine.

Et là, il m’a répondu : « Mais non ! Justement… Nous cherchons un nouveau lieu. Nous avons une famille de 350 bénévoles, entre Montceau, Paray-le-Monial et Cluny ».

Me demandant ensuite ce que j’avais pensé de « Digoine 1900 ». Je n’ai eu aucun mal à lui dire que j’avais trouvé ce spectacle merveilleux, Mais que sce que j’avais apprécié le plus était l’ambiance, la gentillesse des gens, la connivence entre eux et l’accueil reçu. J’ai ajouté que je n’avais jamais vu cela. Ce qui était vrai !

Montceau News :

Charles Mollet vous semblait-il intéressé par les écuries de Chaumont ?

 

 

Anne de Laguiche :

Ah oui ! Il était très intrigué de ce qu’il pouvait découvrir au 1er étage des écuries.  Je lui ai dit qu’il y avait des greniers et que tout avait été recloisonné pour faire des chambres d’ouvriers agricoles. De vrais greniers avec beaucoup de choses qui trainaient dedans.

Il n’y avait ni eau, ni électricité. Par contre, il s’y trouvait un magnifique plafond à la Française de plus de 4m de haut.

Il m’a demandé immédiatement s’il pouvait venir visiter les écuries. J’ai acquiescé et il est venu l’après-midi même, en revenant de Paris.

Quand il a vu les lieux, Charles les a trouvés fantastiques. Il m’a même dit : « Vous avez là un trésor ! ».

Aussitôt, je lui ai répondu : « Ah il va falloir m’expliquer lequel ! ».

J’ai ensuite compris qu’il imaginait déjà parfaitement le circuit de son spectacle, rien qu’en scrutant les différentes pièces. En effet, je ne connaissais pas le principe de déambuler d’une pièce à l’autre, lors du spectacle…

La distribution des pièces des écuries le permettait, en cassant quelques cloisons et en créant quelques portes. Ce qui a été accepté par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne-Franche-Comté).

Montceau News :

La proposition de Charles Mollet d’investir les écuries était-elle inhabituelle pour vous ?

Anne de Laguiche :

Pour moi oui, c’était nouveau et en même temps, c’était une belle opportunité. Pour le producteur également, qui n’avait jamais eu l’occasion de louer de tels lieux à l’année. En général, il jouait ses spectacles dans des lieux habités ou dans des monuments historiques qui sont ouverts aux visiteurs.

Forcément, ils arrivaient sur place 5 jours avant le spectacle, ils jouaient, puis 5 jours après, ils démontaient tout.  Ils concevaient et répétaient le spectacle ailleurs et non sur les lieux choisis.

Montceau News :

Une fois sur place, qu’ont-ils fait ? Aviez-vous un droit de regard sur leurs activités ?

Anne de Laguiche :

Dès leur arrivée, ils ont pris complètement la main sur la décoration, du début à la fin. Et ce, avec une grande liberté, car les lieux étaient inhabités et ne servaient à rien, ni à personne.

De plus, ils ont trouvé sur place de beaux matériaux : vieilles portes, boiseries et toutes les choses qu’on démontait au château et dont on ne savait trop quoi en faire.

Je leur avais donné l’autorisation de prendre tout ce dont ils avaient besoin pour monter leur spectacle. Pour eux, c’était fantastique !

En effet, lorsqu’il fallait percer une porte dans une cloison, pas besoin d’aller en acheter une chez Leroy-Merlin ! Ils allaient en choisir une au 1er étage et le résultat était fabuleux. J’en suis très heureuse, car tous ces matériaux entassés dans un coin sont à nouveau mis en valeur.

La suite de cette belle aventure dans une prochaine édition.

 

Nelly Desplanches

 

 

 

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