Réunion de travail à Montceau-les-Mines autour de la mémoire de l’esclavage
Mémoires partagées, avenir commun : routes de mémoire, chemins de justice
Montceau-les-Mines, juin 2025 — Une réunion à forte portée symbolique et stratégique s’est tenue récemment à Montceau-les-Mines entre Christiane Mathos, adjointe au maire, présidente de l’association Les Amies des Antilles, fondatrice du festival Outre-mer en Bourgogne, initiatrice de la Route des Abolitions en Saône-et-Loire et membre de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, et Christophe Chodaton, président de l’association CCOM23 (Comité Commémoration 23 août). Ce moment d’échange s’est inscrit dans la perspective des commémorations internationales de la JISTNA (Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son abolition) 2025, qui se tiendront à Ouidah, au Bénin, du 20 au 25 août prochains.
En présence de figures engagées telles que le père Rock (Bénin), MM. Kvol Akon-Akech, Diakité Dramane et le père Thomas, la réunion a débuté par une séquence publique, permettant à la presse de découvrir le travail du CCOM23, une association fondée en 2014 et entièrement dédiée à la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et ses liens avec les Amis des Antilles. Christophe Chodaton, militant passionné et érudit, y a retracé les grandes étapes de son engagement pour inscrire la date du 23 août — journée internationale instituée par l’UNESCO — comme point d’ancrage d’une mémoire partagée, en France comme en Afrique.
Les liens historiques et humains qui unissent le CCOM23 aux Amies des Antilles ont été également mis en lumière. Plusieurs échanges et rencontres, en Martinique comme en Guadeloupe, ont tissé une relation de confiance entre les deux associations, qui partagent la conviction que la mémoire de l’esclavage doit être honorée au-delà des frontières, dans un esprit de fraternité et de transmission.
Le Comité Commémoration 23 Août (CCOM23), association béninoise créée en 2016 avec le soutien de l’Union Générale pour le Développement de Ouidah (section France), joue un rôle central dans l’organisation de la JISTNA. Il a pour vocation de structurer cette journée internationale instaurée par l’UNESCO, visant à honorer la mémoire des victimes de l’esclavage, à briser le silence historique, et à promouvoir une culture de paix à travers le dialogue interculturel. Depuis 2023, la célébration est officiellement intégrée au programme du gouvernement béninois, consolidant le rôle d’Ouidah comme haut lieu de mémoire.
Les objectifs du CCOM23 s’inscrivent pleinement dans le programme de l’UNESCO « Les routes des personnes mises en esclavage : résistance, liberté, héritage ». L’association organise chaque année des événements scientifiques, culturels et commémoratifs à Ouidah : conférences, projections, visites historiques, animations artistiques et cérémonies à la célèbre Porte du Non-Retour. Le comité mobilise largement les diasporas caribéennes, africaines, américaines et européennes pour faire de cette mémoire une cause commune et vivante.
Depuis 2023, la JISTNA est officiellement inscrite dans le programme gouvernemental béninois, consacrant Ouidah comme haut lieu de mémoire, de réconciliation et d’engagement. Le CCOM23 s’inscrit par ailleurs dans les principes du programme de l’UNESCO « Les routes des personnes mises en esclavage : résistance, liberté, héritage », et se donne pour mission de sensibiliser les jeunes générations au devoir de mémoire tout en fédérant les Afrodescendants autour d’un projet historique commun.
Le contexte géopolitique donne un écho particulier à la mobilisation actuelle. Le 16 février 2025, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) a officiellement qualifié l’esclavage, la déportation et la colonisation de crimes contre l’humanité et de génocides ayant visé directement les peuples africains. Cette reconnaissance inédite constitue un tournant historique majeur.
Pour Christophe Chodaton, cette déclaration ouvre une ère nouvelle :
« C’est un outil juridique, moral et politique indispensable pour faire triompher notre cause. Elle place enfin les souffrances de nos aïeux dans le cadre universel de la justice. Elle pourrait transformer en profondeur les débats internationaux sur les réparations et les responsabilités partagées. »
Cette qualification pourrait en effet influencer les futures discussions internationales sur les réparations des injustices historiques, sujet au cœur des préoccupations des militants et chercheurs engagés dans la mémoire de l’esclavage.
Christophe Chodaton, militant engagé, passionné et érudit, a réaffirmé lors de la réunion sa volonté de faire du 23 août une date fédératrice au niveau mondial. Son engagement de longue date vise à reconnaître l’esclavage comme crime contre l’humanité, mais aussi à mobiliser les consciences autour d’un devoir de mémoire partagé, en particulier auprès des jeunes générations.
C’est dans cet esprit que le comité CCOM23 a adressé une invitation officielle à Christiane Mathos et à l’association Les Amies des Antilles pour prendre part à l’édition 2025 de la JISTNA. Cette invitation, émanant du comité organisateur en lien avec la commune de Ouidah, exprime une volonté claire :
« Agir contre l’oubli collectif de la traite négrière et de l’esclavage en honorant chaque année la mémoire de nos aïeux captifs, déportés et mis en esclavage, est une action forte du Gouvernement, de la commune de Ouidah et du Comité de Commémoration du 23 août (CCOM23) depuis 2014. »
La semaine de commémoration à Ouidah ambitionne de réunir Afrodescendants et alliés de la cause venus du monde entier pour un moment de recueillement, de transmission historique et de reconnaissance partagée. Cette perspective rejoint pleinement les combats portés par Christiane Mathos, qui œuvre depuis des décennies à la valorisation de la mémoire des Antilles et à la transmission des héritages culturels liés à l’histoire de l’esclavage. Sa participation à la JISTNA 2025 s’inscrira dans la continuité des initiatives menées en Bourgogne, comme la Route des Abolitions et le Festival Outre-mer, qui sensibilisent chaque année un large public aux mémoires croisées de la diaspora africaine.
Chacun, lors de la réunion, a pu mesurer à quel point le cheminement, très long jusqu’à maintenant, prendra du temps pour que l’histoire s’écrive du côté des peuples qui ont subi l’esclavage et non pas de celui des peuples qui l’ont imposé. L’histoire est écrite par les vainqueurs et en l’occurrence par les Blancs. Comme le dit Christophe Chodaton, longtemps les politiques de tous bords ont cru, et en Afrique même, que l’Africain a oublié son histoire, mais non, l’Africain n’oublie jamais. Seulement il conserve son histoire dans le cadre de sa communauté ; en fait l’histoire couve en Afrique. Il va falloir passer d’une mémoire de petites collectivités à une mémoire collective ».
La réunion a surtout été l’occasion de discuter de l’invitation officielle envoyée par les autorités béninoises à Mme Mathos pour participer à la JISTNA 2025. Cette commémoration, organisée à Ouidah, lieu emblématique de la traite négrière transatlantique, réunira des délégations d’Afrodescendants du monde entier, des militants de la mémoire, des chercheurs, et des représentants politiques engagés dans la reconnaissance des héritages de l’esclavage.
La lettre officielle, transmise par le comité organisateur, souligne l’importance de cette présence symbolique :
« Agir contre l’oubli collectif de la traite négrière et de l’esclavage en honorant chaque année la mémoire de nos aïeux captifs, déportés et mis en esclavage, est une action forte du Gouvernement, de la commune de Ouidah et du Comité de Commémoration du 23 août (CCOM23) depuis 2014. »
L’engagement de Christiane Mathos, qui œuvre depuis plusieurs décennies pour la reconnaissance de l’histoire des Antilles, de l’esclavage et de ses abolitions, trouve là un prolongement naturel à l’international. Christiane Mathos se bat depuis 2 décennies pour faire aboutir son projet, elle l’a réalisé avec brio. Maintenant elle entend faire de son exemple un outil permettant de tisser des liens avec toutes les associations et initiatives qui poursuivent les mêmes buts. Il s’agit de réveiller les consciences et les mémoires en sommeil, de faire éclater les carcans politiques, de rétablir les vérités historiques, de reconstruire les routes de l’esclavage et de ses abolitions pour trouver aussi un sens au présent et surtout préserver l’avenir de ce fléau qui infeste encore notre monde contemporain.
Sa participation à la JISTNA 2025 s’inscrira dans la continuité des initiatives menées en Bourgogne, comme la Route des Abolitions et le Festival Outre-mer, qui sensibilisent chaque année un large public aux mémoires croisées de la diaspora africaine.
Les deux associations ont convenu de poursuivre leur collaboration, à la fois dans la préparation de la délégation française attendue à Ouidah et dans l’organisation d’événements en France métropolitaine autour de la date du 23 août. Leurs actions convergent vers un même objectif : faire vivre une mémoire partagée, pour bâtir un avenir commun fondé sur la justice, la reconnaissance et la dignité.
Gilles Desnoix