Il est des plats comme ça qui vous font manger des légumes que les enfants détestent, mais qu’ils finissent par adorer lorsqu’ils sont passés par les mains expertes et aimantes de Grand-mère Colette.  Il en est ainsi du chou-fleur. Colré, bosselé, parfumé et embaumant la table le gratin fumant va combler les appétits et les convives assemblés pour la communion du repas.

C’est un plat qui se construit avec amour pour donner du plaisir.

Le chou-fleur, ah ce légume formidable qui peut se manger : cru  en salade, en crudités râpé façon « taboulé de chou-fleur » ; cuit à la vapeur, à l’eau ou au four ; en gratin, en purée, seul ou mélangé avec d’autres légumes ; rôti entier au four, avec huile d’olive et épices ; transformé  en « riz de chou-fleur » (râpé et poêlé), en « steak végétal », ou même en pâte à pizza pour les versions low-carb ; en soupe ou velouté : marié à des fromages (bleu, comté) ou des épices (curcuma, curry, cumin).

Formidable donc, car il sort de l’ordinaire, il provoque un grand plaisir et il est très étonnant.

De plus il est peu calorique, riche en eau, riche en vitamines (C, B9), source de fibres, il contient des composés souffrés, et possède un effet détoxifiant. (Un filet de citron ou de lait dans l’eau de cuisson atténue l’odeur soufrée.

Une astuce : ne jetez pas les feuilles : elles sont comestibles et très bonnes rôties ou en potage.

Que faut-il pour réussir un bon gratin de chou-fleur aux treuffes ?

1 Chou-fleur, bien dru, pas tâché et bien frais 1kg. Si vous n’en trouvez pas prenez du surgelé, mais vous n’aurez pas la même tenue

 4 bonnes pommes de terre bintje, pas de la grenaille mais de la bonne treuffe, 200g de lard paysan coupé en beaux lardons, 100 g de Comté rapé  minimum 12 mois d’affinage (il vous faudra le raper vous-même), 100cl de crème entière, 2 œufs, muscade, sel poivre du moulin

D’abord vous  préchauffez le four à th.7 (210°C).

Ensuite vous détachez  les  bouquets du chou-fleur délicatement, de belles fleurs bien pommées feront du meilleur effet sous le fromage et les lardons, le plat sortant du four n’en sera que plus beau. Remplissez un faitou d’eau et portez celle-ci à ébullition. Pendant ce temps, épluchez les pommes de terre et faites les cuire avec le chou fleur 15 min à l’eau bouillante. Dans cul de poule mélangez la crème et les œufs, assaisonnez à votre goût. C’est une miguenne comme pour la quiche, c’est plus digeste qu’une béchamelle, mais contrairement à la quiche vous pouvez ajouter une poignée de conté rapé à votre appareil.. Au bout d’un quart d’heure arrêtez la cuisoon videz le faitou dans une passoire, délicatement pour ne pas écraser les bouquets de chou-fleur. Couprez les treuffes en rondelles. Réservez.

Vous beurrez un plat a gratin, de préference en terre, un plat en verre ne donne pas le même résultat car il n’est pas porreux, mais ça peut aller. Vous disposez le mélange chou-fleur,  treuffes et les lardons. Vous nappez le tout avec la miguenne et vous  parsemez le reste de comté sur le plat. Vous enfornez 20 minutes, puis vous mettez la fonction grill pour faire gratiner. Sans exagérer tout de même.

Vous pouvez préparer pour manger avec une salade de roquette ou de pissenlits bien aillée. Ca se mariera à merveille.

Il faut prévoir l’accord avec le vin, en Bourgogne nous n’avons que l’embarras du choix. Grand-mère Colette propose un choix qui ne décevra jamais ses convives : un Hautes Côtes de Nuits blanc ou un Côte de Nuits-Villages blanc ou un Givry blanc ou un Givry Blanc ou un Macon blanc. L’embarras du choix, quoi !

Les quantités, comme d’habitude dans une bonne recette d’antan concoctée par la grand-mère, sont des minima ; en Bourgogne, il n’y a pas de maximum…

Et, comme dirait Grand-mère Colette, « à table les enfants et j’espère que vous avez apporté votre appétit avec vous ».

Gilles Desnoix