La Claudine aime les Weekends, mais parfois le lundi est le bienvenu
Dimanche, la Claudine a passé un après-midi avec ses copines et leurs époux à un loto. Entre les parties et après, en buvant un petit coup, ils ont refait le monde. Mais une thématique ressortait vraiment : les difficultés économiques, l’absence d’aides et la complexité des dossiers à remplir. Chacun de citer un voisin, une amie, un cousin qui ne bénéficiaient pas des aides sociales auxquelles ils auraient droit.
D’ailleurs, la presse, la télé, la radio se sont fait ces jours-ci l’écho de ce phénomène déplorable et déploré.
Les causes paraissent simples à appréhender : manque d’information ou complexité des démarches administratives, accès pas toujours facile auprès des instances concernées, isolement, mobilité réduite ou nulle, recours à la dématérialisation des services publics et donc à l’informatique – alors que beaucoup ne possèdent, dans les tranches d’âges les plus élevées, ni le matériel, ni les connaissances techniques, ni la pratique –, crainte de conséquences négatives – telles que des contrôles ou la perte d’autres droits –, volonté d’autonomie ou refus d’assistance – par fierté ou désir de ne pas dépendre du système –, etc.
Et chacun, chacune de constater que ce non-recours, volontaire ou forcé, aggrave la précarité et l’isolement.
Il existe des statistiques disparates, portant sur des années ou des périodes différentes, mais il est possible de dresser un panorama national qui peut être converti ensuite au niveau régional.
Les chiffres sont parlants, impressionnants parfois. La Claudine se pose une question simple : « Comment se fait-il que toutes les informations nous concernant, comme le niveau de revenus, le statut de propriétaire ou locataire, les comptes bancaires, etc., qui sont toutes contenues dans des fichiers officiels, ne soient pas regroupées pour une mise en œuvre permettant une intervention ciblée sur les gens afin de les faire bénéficier de leurs droits ? » Question sensée qui, malgré tout, soulève beaucoup de problèmes, comme celui de la vie privée, la confidentialité des informations personnelles. De plus, dans un régime illibéral, ce type de regroupement peut permettre de la contrainte sur les individus plus que de la défense de leurs intérêts. Mais la question est légitime.
La Claudine n’est pas dupe de ce qui se passe depuis plus de 40 ans en France. Elle se dit : « Qu’en France, chaque simplification ajoute une couche au millefeuille, parce qu’en France, simplifier, c’est compliquer, mais en plus chic. La simplification à la française, c’est une nouvelle usine à gaz par réforme.» Sa vision des choses est bien partagée par ses copains et copines, dont l’un lui a dit : « À force de faire simple, tu as besoin d’un guide pour lire le guide. » Avec notre administration, la complexité avance, masquée sous la simplification. »
Quelles sont les populations les plus touchées :
Les personnes âgées isolées – surtout en milieu rural –, les jeunes adultes – souvent mal informés sur leurs droits –, les ménages étrangers – confrontés à des barrières linguistiques ou administratives –, les propriétaires modestes qui – ne s’identifient pas toujours comme bénéficiaires potentiels – et les habitants de zones rurales – où l’accès aux services sociaux est limité-.
La lutte contre la pauvreté en France doit s’intéresser à ce phénomène de non-recours qui représente un enjeu majeur. Il existe des solutions à l’étude ou faisant l’objet d’initiatives expérimentales comme « solidarité à la source », visant à automatiser le versement de certaines aides. Mais cela n’est pas à la hauteur de l’ampleur du problème et les expérimentations en France prennent toujours beaucoup de temps, quand elles ne finissent pas en eau de boudin.
Mais qu’en est-il réellement des taux de non-recours aux principales prestations sociales en France ?
Un consultant des sites de la presse spécialisée ou non, de la DREES, de la région, du ministère des Affaires sociales et de la fédération des acteurs de la solidarité, de MesAllocs.fr, la Claudine a réussi à concocter un tableau récapitulatif. Il n’existe pas de données spécifiques consultables directement pour BFC mais des taux estimés au niveau national selon les données disponibles les plus récentes. Avant de passer aux chiffres, il convient de noter certains points spécifiques à la région BFC. Elle présente un taux de pauvreté relativement bas par rapport à la moyenne nationale, avec des disparités notables entre les départements. Les zones rurales isolées, telles que le Morvan et le Tonnerrois, affichent des taux de pauvreté plus élevés, ce qui peut influencer le non-recours aux prestations sociales. Des études régionales soulignent que le non-recours est accentué par des facteurs tels que le manque d’information, la complexité administrative et les barrières géographiques, notamment en milieu rural, précise la Fédération des acteurs de la solidarité.
Revenu de solidarité active (RSA) environ 35 %, prime d’activité environ 53 %, allocation adulte handicapé (AAH) environ 61 %, allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) environ 85 %, aides au logement (APL) environ 37 %, allocation de rentrée scolaire (ARS) environ 12 % pour 1 enfant et 5 % pour 2 enfants ou +, allocation de soutien familial (ASF) environ 14 %, minimum vieillesse (ASPA) environ 50 %, assurance chômage environ 30 %, chèque énergie environ 20 %.
* Chiffres donnés d’après l’étude de MesAllocs.fr et d’autres sources.
Ce lundi, la Claudine reste avec un sentiment ambivalent à l’esprit : « Qu’est-ce qui ne va pas dans ce monde où il existe des solutions et des problèmes qui ne sont donc pas résolus parce que les dispositifs existants pour les résoudre ne sont pas mis en œuvre ? »
La Claudine risque de ne pas trouver la solution à son problème.
Gilles Desnoix