Montceau-les-Mines
Vitor vit dans logement insalubre avec des murs suintants, des moisissures et 10 degrés au thermomètre.
Lorsque Vitor Carvalho Goncalves, 56 ans, appelle Montceau News en ce glacial mardi d’hiver, nous ne nous doutions pas de ce que nous allions découvrir, lors du rendez-vous qu’il nous a fixé pour le soir-même.
J’en suis encore toute chamboulée… Et il y a de quoi ! A mon arrivée sur les lieux vers 18h, le locataire de ce logement situé au 43 rue de Besançon, au Magny, à Montceau-les-Mines, vient aussitôt à ma rencontre. Il apparait pâle, abattu, sans forces.
De l’eau et des moisissures partout
Dès l’entrée, un sentiment de malaise m’étreint : de l’eau ruisselle sur le congélateur, sur les murs, les vitres, le papier peint…Les fenêtres et les murs sont envahis de moisissures, les plafonds présentent de larges taches d’humidité.
Quant à la « salle de bains » elle se réduit à la portion congrue, elle aussi copieusement servie en champignons ! « Le pire est qu’il n’y a pas de pression du tout et que sans arrêt, je me retrouve sous de l’eau glacée » se désole Vitor.
Pour compléter le tableau, la chambre pourrait servir de chambre froide à un boucher ! Bonnet sur la tête, manteau, écharpe et double pull, je claque des dents. Et ce, en moins de cinq minutes !
Les vêtements aussi
Là aussi, la moisissure a élu domicile : radiateurs, murs, tapisserie, tout est recouvert de vilaines taches noires. Sur les vitres, à l’intérieur du logement, l’eau ruisselle, comme s’il pleuvait dans la maison. Même ses vêtements moisissent ! Tout n’est que pourriture, moisissures, humidité !
Couverture chauffante pour les animaux
Ce qui me fend le cœur, ce sont les deux chiens de Vitor. Ils toussent sans discontinuer, ils ont froid. « Celui-ci a un œdème, il est âgé et cette situation n’arrange pas sa santé » dit Vitor.
Ce dernier a même acheté une couverture chauffante, pour permettre aux deux animaux de se réchauffer un peu. Et les visites (et frais de vétérinaires) ne servent à rien, dans la mesure où ils vivent dans cette atmosphère humide et malsaine.
Pour couronner le tout, Vitor s’est retrouvé au chômage, à 56 ans. « Je ne peux me nourrir que grâce à un tout petit héritage laissé par mon père lors de son décès, il y a 3 ans » dit-il.
Je chauffe la rue
« Je ne sais plus quoi faire » craque soudain M. Carvalho Goncalves. Ajoutant : les fondations de cette maison mitoyenne s’effritent, et j’ai 10 degrés dans la pièce principale. Quant aux autres pièces, je les chauffe de manière alternative.
Il faut dire que le locataire avait une chaudière au fioul, mais il a dû stopper ce moyen de chauffage : cela lui coûtait 800€ par … semaine ! « Je chauffe la rue, rien n’est isolé, même mes meubles pourrissent et ce logement est vraiment une passoire ».
Alors, Vitor trimballe des chauffages d’appoint : il utilise un petit poêle à gaz qui lui coûte 42€ tous les trois jours (les bouteilles de gaz ne font pas long feu) et un poêle à pétrole, qui lui coûte 60 euros par semaine.
Résultat délirant : à peine 14 degrés quand le poêle tourne et 10 degrés lors de ma visite ce mardi soir.
Habellis aux abonnés absents
Et Habellis ? Rien ! Le bailleur prend les appels au secours de son locataire par-dessus la jambe ! Lui et ses employés, responsables, directeurs, grands patrons ont un logement décent, du chauffage et pas de moisissures ! Alors qu’un locataire se meure dans un logement pourri, rien à faire. Et surtout, rien à voir, circulez !
Le pire est que Vitor paie son loyer 350€ par mois, pour un taudis insalubre. Ça ne dérange personne. « Depuis 30 ans que j’habite ici, jamais Habellis n’a fait de travaux. Il y a trois ans, toute une équipe de spécialistes est venue voir l’état du logement. On m’a dit que 17 maisons étaient prioritaires pour des travaux sur Montceau, dont la mienne. Depuis, c’est silence radio ! ».
Ajoutant : « Ce qui me mets le plus en colère, c’est que le menuisier qui travaille pour Habellis est en possession de mes fenêtres neuves depuis octobre dernier, mais il attend le feu vert du bailleur pour les livrer ».
Une rustine sur une jambe de bois
Mais soyons réalistes : installer des fenêtres neuves sur une ruine, c’est un peu comme mettre une rustine sur une jambe de bois, non ? Et que feraient des huisseries neuves sur un bâtiment non isolé ? Ce logement est dans un tel état, que la démolition serait moins onéreuse que la restauration.
Il est temps que la honte change de camp
Epuisé, malade, Vitor Carvalho Goncalves éclate en sanglots : « J’ai tellement honte de vivre dans ce logement malsain… ».
Après un énième appel à Habellis lundi, Vitor s’entend dire que Mme M.R va le rappeler. Il attend toujours son appel. Un jour peut-être…
« On m’envoie carrément balader, en me disant que des travaux sont prévus en 2025 ! » se désole-t-il.
Consignation des loyers
Devant l’inertie d’Habellis, d’autres actions sont envisagées. Dans un premier temps, le montant du loyer peut être consigné auprès de la Caisse des dépôts, d’un huissier ou d’un notaire.
Toutefois, la consignation de loyer est une procédure encadrée, puisqu’il est nécessaire de passer par un juge du tribunal judiciaire.
Et puis, s’il faut saisir d’autres médias, plus importants que les médias locaux, ce sera fait.
Pour l’heure, un homme et ses deux chiens vont encore passer la nuit en claquant des dents, entourés des moisissures et de l’eau dégoulinante sur les murs.
Habellis doit agir et vite !
Nous attendons des avancées rapides pour Vitor Carvalho, et pourquoi pas un relogement immédiat dans une maison saine. Habellis en a rénové et isolé quelques-unes, cela doit être possible pour venir en aide à Vitor…
Ironie de la situation : à mon arrivée chez Vitor, une petite pancarte attire mon œil, sur le portail.
Elle indique « Route du Paradis ». Nous pourrions la remplacer par « Route de l’Enfer ». Cela serait plus juste.
Nelly Desplanches