Du côté de la librairie…
Envie de lire… des romans du terroir
Envie de lire…
des romans du terroir
Cette semaine, quatre livres pour passer la soirée les pieds au chaud par ce temps froid : des romans du terroir, des sagas françaises et canadienne…. Des lectures pour cocooner au coin du feu !
J’ai fait le tri dans les envois des éditeurs pour vous dégotter quelques romans du terroir, histoires d’amour sur fond de guerre et autre drames familiaux. Trois romans pour débuter, qui se déroulent au début du siècle (précédent) en France.
Le dernier ouvrage de Jean-Baptise Bester, « Les amants de Sainte-Catherine » nous entraîne à Briançon, en 1906. Isidore Faure-Brac, à la tête de la plus grande usine des Hautes-Alpes spécialisée dans le traitement des déchets de soie, se voit contraint de laisser son entreprise entre les mains de son fils cadet, Evariste.
Peintre raté en pleine déchéance, celui-ci revient de la capitale par dépit, et se retrouve dans ce monde qu’il méprise. Face à lui, Gustave le syndicaliste, Lucia la belle ouvrière italienne, son fils Livio, survivent et triment sans aucune considération. Les êtres vont se croiser et se déchirer, à une époque où les conventions sociales sont légion.
Un peu convenu tout de même et sans grande surprise, « Les amants de Sainte-Catherine » permet cependant de voir arriver le début des grandes manifestations ouvrières qui, peu à peu, vont rendre un peu de dignité aux ouvriers exploités.
Jean-Baptiste Bester. Les amants de Sainte-Catherine. Paris : Calmann-Levy, 2014. 19,50 €
Toujours en France, quelques années plus tard. Nous sommes à Nancy en 1913, aux portes de la Première Guerre mondiale. Marie-Amélie, fille du professeur en pharmacie Philippe Delaumont, entame des études de médecine et noue une idylle avec un ami allemand de son cousin Rodolphe, qui vit à Metz. Face à l’arrivée de la guerre et à la position de l’Alsace Lorraine, la famille va se réfugier dans une villa que le professeur avait fait construire, la Villa Sourire. Les événements s’enchaînant, les souffrances, les déceptions, les morts vont faire leur apparition et changer à tout jamais la vie des Delaumont.
C’est une construction intéressante que celle proposée par Elise Fisher dans ce roman. Particulièrement bien écrit, il enchaîne les passages des journaux de Marie-Amélie, de Rodolphe et de Philippe Delaumont, permettant ainsi au lecteur de découvrir les différents points de vue des protagonistes, mais aussi de comprendre l’enchainement de l’histoire dans ce territoire particulier. Assez crue derrière sa belle écriture, l’auteure nous amène à réfléchir sur les dégâts occasionnés par de telles épreuves et sur la difficulté à se reconstruire. Le titre parait du même fait très ironique, mais le roman est à la hauteur de sa promesse.
Elie Fischer. Villa Sourire. Paris : Calmann-Lévy, 2014. 390 p. 20,90 €
Enfin, un livre de poche bien fourni pour une histoire d’amour sur fond de guerre 39-45. Dans les années 1930, la jeune Alsacienne Noëlle s’éprend d’un étudiant allemand, Hans, venu faire les vendanges dans la ferme de son père adoptif. Mais en cette époque trouble, la relation des jeunes gens n’est pas vue d’un bon œil. Face à une hostilité grandissante, le couple se voit bientôt séparé, Hans étant contraint de retourner en Allemagne. Eperdument amoureux, les « Fiancés du Rhin » vont tout faire pour se retrouver et permettre à leur amour de survivre.
C’est une belle saga que nous livre là Marie-Bernadette Dupuy, avec des personnages simples et attachants, brinquebalés dans une histoire pas si ancienne, et confrontés à des regards et des critiques qui ne sont pas totalement oubliés. Un bon moment à passer les pieds au chaud ! Rappelons que cette auteure a écrit depuis le très beau « Les marionnettes du destin », dont je vous ai parlé dans une précédente rubrique.
Marie-Bernadette Dupuy. Les fiancés du Rhin. Paris : Le Livre de Poche, 2015. 1000 p. 9,90 €
Pour clôturer la chronique, nous faisons un saut de quelques années pour atterrir au Canada dans les années 60. Au cœur d’un rude hiver comme seul ce pays en connait, la famille Cartwright subit déchirures et tourments dans ce roman tout en finesse et en sentiment. Megan, la sœur aînée, décide de quitter la maison pour commencer à vivre, après des années à remplacer sa mère défaillante et son père absent auprès de ses jeunes frères.
Rejoignant l’Europe, elle laisse Tom, son frère enfermé dans la dépression, Adam, avant-dernier de la fratrie totalement négligé, sa mère Emily, totalement absorbée par la naissance d’un nourrisson, et Edward, son père, prisonnier d’un passé douloureux qui l’empêche de gérer sa propre famille. Alternant les récits de Megan, Tom et Edward pris à des périodes différentes de leurs vies, la narratrice nous plonge dans cet univers plein de colère, de ressentis, se sentiments mitigés et d’envie de renaissance. Pendant cet hiver long et rude, chacun essayera de revenir sur son passé afin de l’assimiler, de l’accepter et de revenir à la vie.
Le sentiment de gâchis de ces vies noyées dans les aléas de l’existence et l’aspiration d’une vie meilleure pour chacun des personnages sont subtilement mêlés dans ce roman plein d’espoir. A découvrir.
Mary Lawson. Un hiver long et rude. Paris : Belfond, 2015. 418 p. 21 €
Véronique Décrenisse-Kieny