CODEF (Collectif des Usagers des hôpitaux)
Communiqué :
« Elle fait peser une large part de l’effort budgétaire sur les patients, en particulier les plus fragiles. Une politique d’économies au détriment des malades – Face à un déficit de 17,5 milliards d’euros de l’Assurance maladie en 2025, le gouvernement prévoit 7,1 milliards d’euros d’économies, dont un tiers supporté directement par les assuré·es. Les mesures phares consistent à augmenter à nouveau les participations forfaitaires et les franchises médicales, déjà doublées en 2024.
Ces montants – dus à chaque consultation, acte paramédical, médicament ou transport sanitaire – seraient à nouveau doublés en 2026, le plafond annuel passant de 100 à plus de 200 € par patient. Ces sommes, non remboursées par les complémentaires santé, toucheront surtout ceux qui consomment beaucoup de soins, c’est-à-dire les malades chroniques, à rebours du principe de solidarité de la Sécurité sociale.
Les affections de longue durée (ALD) ciblées. Les titulaires d’une ALD (diabète, cancer, maladies cardiovasculaires, etc.) représentent la majorité des dépenses de santé : 14 millions de patients en 2022, et probablement 18 millions d’ici 2035.
Le gouvernement souhaite restreindre les critères d’accès à ce dispositif d’exonération du ticket modérateur. Deux pistes sont évoquées :
✦ la création d’un statut intermédiaire (« pré‑ALD ») recentré sur la prévention ;
✦ un réexamen périodique des droits ALD pour vérifier la nécessité de l’exonération.
Mais d’après la Cour des comptes, les économies espérées seraient faibles – entre 20 et 115 millions d’euros selon les hypothèses – loin d’un déficit de plusieurs milliards. Autre mesure envisagée : la fiscalisation des indemnités journalières versées aux patients en ALD, considérées jusqu’ici comme une niche fiscale.
Cette suppression rapporterait environ 700 millions d’euros, mais toucherait directement les malades ayant des arrêts de travail fréquents et déjà fragilisés. Des associations comme France Assos Santé dénoncent une décision injuste, qui revient à « faire payer les plus malades ». Le budget Lecornu traduit une logique de désengagement de la solidarité publique : il réduit la part publique de la dépense sans en diminuer le coût global, en transférant simplement la facture vers les ménages. Les plus vulnérables – malades chroniques, foyers modestes, et l’hôpital public déjà en crise – seront les plus touchés.
Le système de santé s’éloigne de son principe fondateur : la solidarité entre malades et bien-portants. Le volet santé du budget 2026 est perçu comme une punition financière pour les malades, en particulier ceux atteints de pathologies graves ou chroniques, pour de faibles économies globales mais des conséquences sociales et sanitaires importantes et insupportables pour les plus fragiles.
Ce volet santé du budget 2026 est injuste et socialement régressif. Bien que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, ait sauvé sa peau la semaine dernière, le débat budgétaire qui débute à l’Assemblée nationale menace déjà sa stabilité. Si l’on n’y prend garde, une fois de plus, la méthode prouve qu’elle fonctionne… pour les riches ! »



