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jeudi 7 août 2025 à 05:45

Le marronnier d’août, c’est l’ambroisie.



 

Allergies, perte de biodiversité, baisse des rendements agricoles… L’ambroisie à feuilles d’armoise, plante envahissante venue d’Amérique du Nord, gagne du terrain en France. Et avec elle, les risques pour la santé publique. Montceau News vous informe, il y a là un véritable danger pour la santé.

 

Chaque été, c’est la même rengaine, le marronnier d’août, c’est l’ambroisie : les éternuements se multiplient, les nez coulent, les yeux piquent, et chez certains, des crises d’asthme s’aggravent sans raison apparente.

 

Pourtant, le coupable est bien là, mais peu visible : l’ambroisie à feuilles d’armoise, une plante envahissante aussi discrète que redoutable.

 

Originaire d’Amérique du Nord, cette espèce s’est installée durablement en France, notamment dans les régions du Rhône-Alpes, du Centre-Val de Loire, de Bourgogne, de Nouvelle-Aquitaine et de PACA. Sa capacité d’adaptation en fait une colonisatrice hors pair des sols nus ou perturbés : friches, bords de routes, chantiers, zones agricoles ou même terrains urbains en friche.

 

Une plante banale aux effets spectaculaires

À première vue, l’ambroisie ne paie pas de mine : elle mesure entre 20 centimètres et 2 mètres, possède des feuilles très découpées, vert clair, et produit de petites fleurs verdâtres peu voyantes. Mais derrière cette apparence anodine se cache une redoutable productrice de pollen allergisant.

La plante germe dès mars-avril, fleurit de juillet à octobre, et libère une quantité massive de pollen entre fin juillet et septembre, période à haut risque pour les personnes allergiques. Un seul pied d’ambroisie peut émettre plusieurs millions de grains de pollen, transportés par le vent sur plusieurs kilomètres.

 

Les conséquences sanitaires sont bien connues : rhinites allergiques, conjonctivites, toux, asthme, fatigue chronique, voire maux de tête. L’ANSES estime que jusqu’à 3,5 millions de personnes sont touchées chaque année en France. Et le phénomène ne cesse de croître avec le réchauffement climatique.

 

Menace aussi pour l’agriculture et la biodiversité.

Au-delà de ses effets sur la santé, l’ambroisie porte atteinte aux cultures. Elle concurrence sévèrement le maïs, le colza ou le tournesol, et peut faire chuter les rendements de 30 % dans les zones infestées. Sur le plan écologique, elle étouffe les autres espèces végétales, appauvrissant ainsi la biodiversité des milieux qu’elle colonise.

 

Lutte obligatoire : que font les autorités ?

Depuis un décret de 2017, l’ambroisie est officiellement reconnue comme nuisible à la santé humaine. La loi impose à tout propriétaire ou gestionnaire de terrain (public ou privé) de la détruire avant sa floraison. En cas de non-respect, des contrôles et sanctions sont possibles.

Plusieurs outils sont mis à disposition :

  • Des campagnes d’information organisées par le ministère de la Santé, les ARS ou les collectivités ;
  • Le site signalement-ambroisie.fr, pour signaler tout plant suspect ;
  • Des observatoires régionaux qui surveillent son expansion (notamment en Auvergne-Rhône-Alpes) ;
  • Des applications mobiles pour l’identifier sur le terrain et faciliter la déclaration.

 

Comment lutter efficacement ?

L’idéal est d’intervenir avant la floraison, dès les premières pousses :

– Fauchage ou arrachage manuel, notamment pour les petits foyers ;
– entretien régulier des bords de route, talus, fossés, friches, etc. ;
– En agriculture : binage, rotation des cultures, enherbement des parcelles à risque.

Attention : un fauchage trop tardif peut entraîner une repousse plus vigoureuse encore. Mieux vaut intervenir tôt et plusieurs fois si nécessaire.

 

La reconnaître pour mieux agir

L’ambroisie se distingue par :

  • Ses feuilles très découpées, ressemblant à celles de l’armoise commune ;
  • Sa tige poilue, parfois rougeâtre ;
  • Ses fleurs discrètes disposées en épis au sommet ;
  • Son odeur herbacée peu marquée.

En cas de doute, des applications mobiles ou des ateliers de reconnaissance organisés localement peuvent vous aider à l’identifier.

 

Une mobilisation citoyenne à encourager

De plus en plus de communes organisent des journées d’arrachage citoyen. Des formations sont proposées dans certaines écoles, exploitations agricoles ou collectivités. L’objectif ? Faire de chaque habitant un acteur de la lutte contre cette plante qui ne connaît pas de frontières.

Vous avez repéré un pied d’ambroisie ? Ne le laissez pas s’installer ! Signalez-le sur www.signalement-ambroisie.fr ou via l’application mobile dédiée.

 

Pour vous protéger : adoptez les bons réflexes.

  • Limitez vos sorties aux heures où le pollen est moins présent (fin de journée),
  • Aérez votre logement en dehors des pics polliniques,
  • Lavez vos cheveux et vos vêtements après une sortie en zone infestée,
  • Portez des lunettes et un masque si vous êtes sensible,
  • Consultez un professionnel de santé si les symptômes persistent.

 

Une vigilance de tous les instants

L’ambroisie n’est pas une fatalité, mais elle exige une vigilance collective, une réactivité rapide, et surtout une mobilisation citoyenne. En agissant dès maintenant, chacun peut contribuer à freiner sa propagation et protéger sa santé, celle de ses proches, mais aussi l’environnement.

 

Un été sans ambroisie, c’est possible. À condition de ne pas fermer les yeux sur cette menace silencieuse.

 

Gilles Desnoix

 

illustration-ambroisie






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