Législatives (Charolais-Brionnais)
Retrouvez la deuxième partie de notre entretien avec le candidat et actuel député, Jean-Marc Nesme
Jean-Marc Nesme : « Mes projets ont été votés à l’unanimité »
Après être revenu sur les raisons de sa candidature et les grands enjeux de demain, et avant de présenter officiellement son suppléant, Roger Burtin, le maire de Mary, ce mercredi matin, Jean-Marc Nesme évoque cette fois la guerre intestine PS-Verts dans le Charolais, explique le rôle d’un député et ses combats personnels, et analyse encore la campagne présidentielle…
Saone-et-Loire-News : Pensez-vous que le redécoupage de la circonscription peut vous être favorable ?
Jean-Marc Nesme : C’est simple : si, en 2007, cette circonscription à 14 cantons avait existé, au lieu de passer avec 80 voix d’avance, je serai passé avec 450 voix de plus ! C’est donc un positivisme… limité ! D’autant que l’on revient à la circonscription de 1981… l’année où je me suis présenté pour la première fois aux législatives ! Je n’avais aucune chance, j’étais inconnu, je n’avais même pas de mandat. En plus, François Mitterrand venait d’être élu Président de la République. J’y suis allé sur un pari, mais je peux aujourd’hui dire que j’ai connu cette circonscription en 1981. On n’a donc rien inventé, même si Mont-Saint-Vincent s’est rajouté parce qu’avec 13 cantons, l’importance démographique de la nouvelle circonscription était insuffisante. Il faut en effet que chaque circonscription, selon le Conseil constitutionnel, ait sensiblement le même poids démographique.
S-et-L-N : Qu’est ce qui change entre le candidat Jean-Marc Nesme de 1981 et le candidat-député que vous êtes aujourd’hui ? Dans la manière de mener une campagne par exemple ?
J.-M. N. : C’est une question intéressante, mais difficile ! Je peux vous dire que j’ai quand même une connaissance des enjeux territoriaux et nationaux que je n’avais pas en 1981. J’ai une expérience que je n’avais pas non plus : une expérience de l’institution parlementaire, mais aussi des rouages ministériels. C’est pour cela que l’on parle de la prime au sortant, on entend beaucoup plus parler de celui qui est député sortant que ceux qui essayent de lui piquer son siège. Les gens savent très bien aussi que 20 ans de vie parlementaire, ce sont des connaissances.
J’ai peut-être également une approche moins politicienne des choses. L’expérience m’a appris que tout est très compliqué. Tout n’est jamais tout blanc ou tout noir. Surtout en 2012. Qu’on le veuille ou non, la mondialisation est une réalité. Vouloir démondialiser, c’est comme si on voulait décaler la Méditerranée. Cela n’a aucun sens.
« Le PS prend les électeurs pour des imbéciles »
S-et-L-N : Outre cette expérience, ce qui se passe entre les Verts et le PS sur la circonscription peut être un autre atout pour votre candidature ?
J.-M. N. : J’estime que les États majors politiques, et notamment le Parti socialiste, prennent les électrices et les électeurs de cette circonscription pour des imbéciles ! Il y a eu un accord national, cet accord portait sur un accord gouvernemental avec un un certain nombre de circonscriptions réservées aux Verts.
Le président du Conseil général (Arnaud Montebourg) a changé la donne en permutant les circonscriptions dans un premier temps (la 2e circonscription remplaçant celle du Mâconnais-Clunisois). Mais Montebourg est allé encore beaucoup plus loin puisqu’il a décidé de faire en sorte qu’il y ait également une candidate du PS dans le Charolais-Brionnais. Le PS l’a menacée d’exclusion, elle s’est donc mise en congés du Parti ! On prend vraiment les gens pour des imbéciles parce qu’on sait très bien que si elle est au 2 tour, elle va pouvoir réintégrer le PS.
C’est une imposture ! Ils sont deux à défendre le même programme gouvernemental né de l’accord PS – Verts. Et ils se bagarrent entre eux pour des places. Leur seul point commun, leur seul projet est de me battre. C’est beaucoup d’honneur qu’on me fait, mais vouloir battre un adversaire, ce n’est pas un projet. Il n’y a aucune idée, aucune proposition, aucun projet concret même au niveau territorial. Les gens jugeront !
S-et-L-N : Cela fait donc votre affaire ?
J.-M. N. : Évidemment, c’est clair, mais j’ai toujours considéré qu’on ne gagnait pas une élection sur la faiblesse de ses adversaires, mais plutôt sur les qualités et la cohérence d’un projet. D’ailleurs pour ce qui est du projet territorial du Charolais-Brionnais, je ne vais rien inventer puisqu’il est écrit sous forme de délibération adoptée à l’unanimité par le comité syndical du Pays. J’ai même une de mes adversaires qui est membre de ce comité syndical. Elle ne s’est jamais opposée à ce que je propose !
« Défendre l’intérêt de mon territoire et l’intérêt général »
S-et-L-N : Ce que certains vous reprochent c’est d’avoir davantage des combats nationaux que territoriaux (contre le mariage homosexuel, l’adoption par ces même couples, l’euthanasie…) ?
J.-M. N. : Une élection législative, ce n’est pas une élection régionale, ni cantonale ! Être député, c’est défendre son territoire. Mais une fois qu’oN est député, on est député de la Nation. Ce n’est ni un élection cantonale, ni régionale, c’est un autre dimension. J’essaie de faire mon double travail du mieux possible : défendre l’intérêt de mon territoire du Charolais-Brionnais dont je suis issu, et l’intérêt général. Sachant que les deux choses se recoupent.
Je me suis beaucoup opposé et je continuerai à m’opposer à la légalisation de l’euthanasie qu’on présente sous couvert de la dignité de la fin de vie. Je m’opposerai pendant ma campagne à la proposition qui est faite dans l’accord PS-Verts à cette légalisation pour plusieurs raisons. Je ne vais en citer qu’un seule : si par malheur la France légalise l’euthanasie, cela va créer une inégalité d’accès aux soins. Il y a des gens qui vont être adressés à des établissements qui pratiquent l’euthanasie et d’autres à des établissements qui pratiquent les soins palliatifs. La personne qui va se rendre compte qu’elle est adressée à un établissement qui pratique l’euthanasie, va se poser la question : pourquoi suis-je là ?
En plus, c’est source de dérives considérables en matière d’héritage, familiale… Les Belges, les Hollandais et les Suisses sont en train de revenir sur ce qu’ils ont légalisé en matière d’euthanasie. Qui nous dit que dans quelques années, l’euthanasie ne sera pas une variable d’ajustement des dépenses de santé ? Mettre le doigt dans l’engrenage c’est de la folie, et ce sont les plus vulnérables qui en pâtiront. Quand on explique ce qu’est l’euthanasie dans les centres de personnes handicapées, par exemple, il faut voir leurs réactions.
Je partirai donc au combat sur un sujet comme celui-ci, comme sur beaucoup d’autres qu’on appelle les enjeux de société.
« Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir tenir d’une main ferme la barre du bateau France »
S-et-L-N : Un mot sur la campagne présidentielle ?
J.-M. N. : Je regrette que la situation financière, monétaire, économique internationale ne soit pas plus prise en compte. Nous ne sommes pas encore sortis des crises. Elles s’étendent comme une tâche d’huile sur l’ensemble de l’Europe. La France fait pour l’instant partie des quelques pays qui ont bien résisté. La France n’a pas baissé les salaires, ni les retraites alors que dans certains pays on a eu des baisses de 10 à 25 %. Mais la crise est là ! Je pense qu’il y a un déni de la situation internationale dans laquelle nous sommes.
Il n’y en a qu’un qui en parle, c’est Nicolas Sarkozy qui a vécu les crises depuis 2008. C’est le seul qui, aujourd’hui, parmi tous les candidats, a l’expérience et la capacité de tenir d’une main ferme la barre du bateau France dans la tempête. On peut ne pas l’aimer, mais le problème n’est pas là. La question c’est : Est ce qu’on met une personne expérimentée à l’Élysée pour les cinq ans qui viennent ou est-ce qu’on choisit un candidat sans cette expérience ?
S-et-L-N : C’est la même question, selon vous, qui se pose au niveau du Charolais-Brionnais ?
J.-M. Oui, l’expérience, mais aussi les projets. Et les projets pour ma circonscription tout le monde les connaît. Ils ont été annoncés dans le cadre du Syndicat mixte du Pays Charolais-Brionnais et adoptés par 129 communes, 12 communautés de communes, à l’unanimité. Le dernier gros projet, c’est la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO qui est un formidable vecteur de communication et de promotion pour le territoire. C’est une chose qui passionne les gens qui sont fiers de leur terroir et de leur territoire. Il faut leur donner l’occasion d’exprimer cette fierté. La mondialisation est une réalité économique, qu’il faut réguler bien évidemment, et source d’uniformité. Mais les gens retrouvent une originalité au niveau de leur identité régionale. Et cette identité, on la nourrit avec toutes les actions que l’on mène au niveau du Syndicat mixte en faveur de la mise en valeur des patrimoines.
Propos recueillis par Delphine CRESSON