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vendredi 8 juin 2012 à 00:19

Législatives

L'agriculture au cœur de la campagne



 

 

Lundi matin, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire avaient souhaité rencontrer les candidats aux législatives dans chaque circonscription de Saône-et-Loire.

 

Dans la deuxième circonscription, celle du Charolais-Brionnais, cette rencontre-débat a eu lieu à Charolles. Cinq candidats ont répondu à l’invitation : Nicolas Guillemet (EELV – PS), Christiane Colas (FN), Isabelle Voillot (Front de Gauche), Jean-Marc Nesme (UMP-NC-PR) et Édith Gueugneau (Divers Gauche).

 

La Politique agricole commune, les contraintes environnementales, les exportations ou encore la taille des exploitations qui ne cesse d’augmenter ont notamment été abordés pendant cet échange.

 

 

 

Retrouvez les points de vue de trois des candidats :

 

 

 

 

Jean-Marc Nesme (UMP-NC-PR) :

 

 

1) Le maintien de la PAC est indispensable, notamment pour l’élevage allaitant. Le gouvernement Fillon a déjà obtenu la part agricole dans le budget européen, à son niveau antérieur ainsi que les aides à l’herbe. Le « verdissement » de la PAC et de la réglementation nationale reste un problème. L’accord de gouvernement EELV-PS est un mauvais signal.

 

2) Afin d’éviter des conflits de voisinage au sujet de l’agrandissement des étables et de l’implantation des ateliers hors-sol, il convient, dans chaque territoire, de réaliser des Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT). C’est ce qu’a entrepris le Syndicat Mixte du Pays Charolais-Brionnais.

 

3) Les agriculteurs sont les meilleurs protecteurs de la nature. Cessons d’amplifier les contraintes environnementales qui pèsent sur l’agriculture. Le projet gouvernemental EELV-PS ne va pas dans le bon sens et va décourager toute une profession.

 

4) L’installation des jeunes agriculteurs doit être considérablement favorisée pour répondre aux très bonnes perspectives qui se dessinent en matière de viande bovine : tous les experts estiment que la production va baisser de 15 % dans le monde et que la consommation va augmenter de 15 %.
La France a un formidable atout à jouer et notamment le Pays Charolais-Brionnais.

 

 

 

 

 

Isabelle Voillot (Front de Gauche) :

 

 

Économie du territoire : Avec des justes prix rémunérateurs, des productions locales et relocalisées de qualité, accessible à tous, des circuits courts, des marges de la grande distribution encadrées, des exploitations à taille humaine, familiales, une reconnaissance du véritable rôle d’acteur environnemental et économique majeur de nos territoires, l’agriculture aura sa véritable place dans notre circonscription.

 

 

Les contraintes environnementales : l’expansion sans borne du productivisme est en opposition avec l’environnement et la santé publique. Il fat trouver des complémentarités entre entre un élevage raisonné et les cultures pour tendre vers des indépendances en besoin alimentaire pour nos productions sur notre territoire. Par exemple en valorisant les écosystèmes, en évitant les transports routiers, la recherche agronomique publique doit être indépendante des lobbys privés…

 

Sur le volet social : Je suis pour une amélioration des retraites qui devront être égales au Smic à 1700 €, avec une amélioration des revenus. Les agriculteurs seront mieux à même de cotiser pour leur retraite. Il faut un retour de la retraite à 60 ans pour tous. Avec la relance de la croissance, l’économie sera relancée et les caisses de retraite se rempliront.

Il faut aussi une parité homme/femme sur les statuts avec un statut de conjoint à la hauteur du statut de chef d’exploit.

 

Sur la PAC : l’Europe a sacrifié la préférence communautaire et a abandonné la régulation des marches au nom de la compétitivité sur le marche mondial. Il faut sortir de cette logique avec une gestion publique des droits à produire ; il faut aussi des aides spécifiques aux paysans en situation moins favorable ou en fonction d’objectifs spécifiques comme le verdissement, les circuits courts ; il faut plafonner  le revenu agricole par actif, rémunérer les agriculteurs pour le service d’intérêt général rendus. Il y a nécessité d’un pôle public bancaire pour répondre aux besoins de financement

 

Renouvellement des générations : avec des investissements lourds, des tailles démesurées, un travail pas rémunéré, la non reconnaissance et la non valorisation de ce métier nécessaire à la vie de notre planète, l’attrait pour ce metier est restreint.

Avec un pôle public bancaire, avec des exploitations à taille humaine, des prix rémunérateurs, un renforcement de l’enseignement agricole public avec son évolution au service de la transition écologique, cette agriculture peut être facteur de développement et acteur de notre territoire.

 

 

 

 

Édith Gueugneau (Divers Gauche) :

 

 

Sir le caractère écologique de l’élevage allaitant : pour les éleveurs, l’aspect environnemental est vécu comme une contrainte. Il est vrai que les contraintes administratives sont lourdes et qu’il faudra veiller à ne pas les accroître. Mais les éleveurs doivent prendre conscience que le caractère écologique de leurs pratiques est un atout et, dans le contexte actuel où les exploitations s’agrandissent et où le temps manque souvent aux éleveurs pour tout faire, ils doivent veiller à ne pas en changer, à ne pas céder à la tentation d’utiliser davantage d’intrants chimiques.

 

 

Cours de la viande : les cours mondiaux de la viande sont désormais au niveau des cours français (nos éleveurs étant toujours subventionnés). Cette évolution se poursuivra dans les dix prochaines années : la production mondiale de viande va continuer de baisser et la consommation de monter, ainsi que les prix. L’Europe en tirera argument pour baisser les subventions. Il faudra veiller à ce que cette baisse des subventions ne soit pas plus importante que la hausse des cours et qu’elle ne la précède pas.

 

 

Les exportations : pour les éleveurs charolais, des marchés à l’exportation qui se fournissaient auparavant en Amérique du sud, se sont ouverts depuis l’an dernier aux européens : la Turquie, le Liban et les pays du Maghreb achètent désormais des bovins français. Ce nouveau mouvement d’exportation a été accompagné et structuré au plan national. Un « Groupement export France » a été constitué par le ministère de l’Agriculture pour regrouper l’offre française et avoir plus de poids dans les négociations. Il faudra maintenir cette structure nationale et toute autre qui faciliterait les exportations. D’autres marchés sont désormais potentiellement accessibles, notamment en Asie, qui demandent un effort de prospection commerciale.

Autre conséquence favorable de ces nouvelles exportations : la viande française s’est raréfiée sur le marché français et les grands groupes industriels (Bigard notamment) ont voulu sécuriser l’approvisionnement de leurs abattoirs et ont consenti à mieux payer les bovins.

Le développement des circuits courts n’est pas à négliger et doit être encouragé. Mais ce mode de commercialisation restera longtemps marginal par rapport aux exportations et à la grande distribution.

Les élus peuvent néanmoins jouer un grand rôle pour soutenir le développement des circuits courts en facilitant l’approvisionnement des restaurants scolaires et les hôpitaux avec des produits locaux. Ils peuvent aussi apporter une aide financière pour un appui commercial aux éleveurs ou groupements d’éleveurs car le développement des circuits courts ne peut passer par les services commerciaux des abattoirs. Les clients recherchent le contact directs avec les producteurs.

 

 

Charges : l’augmentation des prix de la viande a permis de remettre à flot la trésorerie des exploitations, mais pas d’augmenter sensiblement le revenu des éleveurs qui se situe entre 10 000 et 12 000 € par an. C’est sur ce point qu’il faut travailler, notamment en essayant de réduire les charges.

Car les charges des exploitations agricoles (aliments des animaux, matériel, fuel) augmentent aussi (de 30 % depuis 2008), ce qui annule en partie l’effet bénéfique de l’augmentation des cours de la viande.

Pour réduire la vulnérabilité des exploitations et leur permettre de baisser leur charge, il faudra donc plaider pour obtenir l’autorisation de retourner une partie des prairies.

Tout ce qui peut être fait pour permettre aux exploitations de tendre vers l’autonomie énergétique ira dans le bon sens.

 

Taille des exploitations et installation des jeunes : il y a trois façons de lutter contre cette tendance à l’agrandissement : lutter contre l’augmentation des charges ; maintenir le contrôle des structures grâce aux SAFER  ; favoriser la diversification des exploitations dans des productions hors sol qui procurent une autre source de revenu et qui dissuadent les éleveurs de chercher leur salut dans l’agrandissement. Mais ces ateliers hors sol sont mal tolérés par les populations rurales qui ont peur des nuisances qu’elles engendrent. Il faut un soutien courageux des politiques de tous niveaux pour permettre leur création dans des productions de qualité. Si besoin est, je saurai monter au créneau.

 

 

PAC : il sera important de maintenir le Charolais en zone défavorisée, de maintenir la prime à la vache allaitante,  de maintenir les prêts bancaires bonifiés  et  de maintenir un « groupe élevage » à l’Assemblée nationale.

 

 

Retraites : j’appuierai la demande en cours des exploitants pour que le calcul des retraites se fasse non pas sur la totalité de la carrière, mais, ce qui est le cas dans toutes les autres professions sur, au moins, les 25 meilleures années.

 

 

 

 

 

 

 



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