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dimanche 10 août 2025 à 05:17

France : réduire le déficit : un gros challenge pour 2025 ou une gageure ?



 

 

 

Déficit : un objectif ambitieux pour 2025, mais des finances toujours sous tension.

Certains vont se dire, en plein mois d’août : « Encore un article sur le budget de l’État ?, c’est les vacances. »

Et bien justement, le mois d’août est le mois parfait pour profiter des vacances afin de comprendre le monde dans lequel nous vivons ; et souvent c’est au mois d’août que se font les choses qui pèsent sur notre vie, en catimini.

Le gouvernement français s’est fixé une cible ambitieuse pour 2025 (trop ?) : ramener le déficit budgétaire à 139 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. C’est 17,3 milliards de moins que les 156,3 milliards d’euros enregistrés en 2024, selon les chiffres du ministère de l’Économie. Cet objectif est inscrit noir sur blanc dans la loi de finances 2025, mais sa réalisation reste semée d’embûches.

Montceau News s’est penché sur la question pour faire un point et permettre ainsi aux lecteurs de disposer de données contrôlées pour alimenter leurs réflexions et concrétiser leur opinion.

 

Le budget de l’État français est financé massivement par des recettes fiscales.

Les Français en sont conscients, et même s’ils ne l’étaient pas, on se charge de le leur rappeler sans cesse sur les chaines d’info continue : le budget de l’État repose en très grande majorité sur l’impôt. Plus de 90 % des recettes proviennent des contributions des ménages et des entreprises, selon la Direction générale du Trésor (Rapport économique, social et financier 2025).
En 2024, ces recettes fiscales se sont élevées à : 197 milliards d’euros pour la TVA (plus du double de l’impôt sur le revenu), 88,5 milliards pour l’impôt sur le revenu, 75,6 milliards pour l’impôt sur les sociétés, et pour finir de remplir la bourse, diverses taxes intérieures, notamment sur les produits énergétiques et le tabac.

 

Le budget de l’État français est des dépenses lourdes et incompressibles.

En face des recettes, les dépenses sont tout aussi massives. Selon l’Insee (Comptes nationaux 2024), l’État a consacré : 53 milliards d’euros à l’Éducation nationale, 24 milliards à la Défense, 19 milliards à la Sécurité intérieure. À cela s’ajoute un poste de dépense de plus en plus lourd : les charges d’intérêts de la dette, qui ont atteint près de 58 milliards d’euros en 2024. Ce montant a quasiment doublé en trois ans, conséquence directe de la remontée des taux d’intérêt. L’Agence France Trésor précise que le taux moyen payé par la France sur sa dette est passé de 1,3 % en 2021 à 3,05 % fin 2024. Il ne faut pas oublier que l’État finance aussi ses participations dans certaines entreprises stratégiques, comme EDF ou la SNCF, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur les finances publiques.

 

Peut-on dire que l’objectif ambitieux fixé par l’État est atteint ?

Les observateurs prudents notent une amélioration fragile. Malgré cette réduction visée du déficit, la prudence reste de mise. Dans son rapport du 13 février 2025, la Cour des comptes alerte : « La dynamique des recettes fiscales reste clé pour l’amélioration du solde, mais demeure fragile dans un contexte de croissance modérée et de taux d’intérêt élevés. ». Et pour cause : le gouvernement table sur une croissance économique de 1,4 % cette année, mais l’OCDE est plus prudente et prévoit seulement 1,1 % (Perspectives économiques, janvier 2025). Si cette croissance se révélait plus faible que prévu, les recettes fiscales en pâtiraient, compliquant la réalisation de l’objectif budgétaire.

 

Il reste un défi de soutenabilité à long terme qui demeure entier et donc non assuré pour le moment.

L’effort prévu pour 2025 pourrait améliorer le déficit à court terme, mais la question de la soutenabilité de la dette reste entière. Avec une dette publique dépassant déjà 3 160 milliards d’euros (soit environ 112,5 % du PIB au premier trimestre 2025, selon l’Insee), chaque hausse des taux alourdit considérablement la facture pour les finances publiques.

Il est intéressant d’élargir la focale pour avoir une vue d’ensemble sur les 12 dernières années. Il faut constater que le budget de l’État a subi douze ans de déficits et d’endettement croissant.

 

Depuis 2012, les finances publiques françaises évoluent dans un contexte de déficits persistants et d’endettement structurellement élevé.

Entre 2012 et 2019, le déficit public — mesuré en pourcentage du PIB — a progressivement reculé, passant d’environ 4,8 % à 3,1 %, sans toutefois franchir durablement le seuil européen de 3 % fixé par le Pacte de stabilité (ministère de l’Économie, comptes nationaux). Cette période a vu une relative maîtrise des dépenses et des taux d’intérêt historiquement bas, permettant à la charge annuelle de la dette de passer de 48,8 milliards d’euros en 2012 à 35,2 milliards en 2019 (Agence France Trésor).

La crise sanitaire de 2020 a marqué un tournant. Les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises ont fait bondir le déficit à 9 % du PIB en 2020, et la dette publique à plus de 110 % du PIB (Insee, Comptes trimestriels). Les années suivantes ont confirmé cette dérive : 5,5 % du PIB de déficit en 2023 et une estimation à 6,1 % en 2024 (ministère de l’Économie, avril 2024). Parallèlement, la dette atteignait 113 % du PIB fin 2024 (Insee).

 

Le retour à l’équilibre reste lointain : selon les prévisions gouvernementales, le déficit ne repasserait sous les 3 % du PIB qu’à l’horizon 2029, sous réserve d’une croissance soutenue et d’une stabilisation des taux (loi de programmation des finances publiques 2023-2027). La Cour des comptes avertit que cette trajectoire est « fragile dans un contexte de taux d’intérêt élevés » (Rapport public annuel, 13 février 2025), d’autant que le coût de la dette a déjà rebondi à 46,9 milliards d’euros en 2022 et pourrait dépasser 60 milliards en 2025 si la tendance se poursuit (Agence France Trésor).

 

Le chemin pour équilibrer les comptes est encore long et difficile. Il faudra à la fois faire attention aux dépenses et espérer que l’économie reparte vraiment pour y arriver. Mais il ne faudra surtout pas négliger l’importance du climat social dès la rentrée de septembre.

 

Gilles Desnoix

 

Sources :

  • Insee – Comptes nationaux et trimestriels 2012-2024, Comptes nationaux 2024
  • Ministère de l’Économie et des Finances – Chiffres du déficit public (avril 2024) et loi de finances 2025
  • Direction générale du Trésor, Rapport économique, social et financier 2025
  • Agence France Trésor – Données sur la charge de la dette 2012-2024, données sur les taux moyens de la dette
  • Cour des comptes – Rapport public annuel, 13 février 2025
  • OCDE, Perspectives économiques, janvier 2025.
  • Loi de programmation des finances publiques 2023-2027

 

 

 

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