Montchanin : réunion publique sur les enjeux de la sécurité
Ce lundi soir, la salle Le Moderne à Montchanin a accueilli une réunion publique portant sur les enjeux de la sécurité. A l’invitation de Jérôme Durain, sénateur et David Marti, Président de la CUCM et en sa qualité de co-président de la commission sécurité de France Urbaine, de nombreux élus du territoire communautaire et au-delà ainsi que quelques citoyens avaient fait le déplacement pour échanger sur le sujet sensible avec les deux élus.
Après un mot d’accueil, le maire Yohann Cassier a laissé la parole à Jérôme Durain qui a réalisé une présentation synthétique des travaux dont les siens réalisés sur le sujet.
Il a d’abord défini les contours du sujet : narcotrafic, violences intrafamiliales, incivilités, sécurité des élus etc.
Il a rappelé les principaux éléments sur le sujet dans le débat législatif : les technologies au service de la sécurité, notamment la vidéosurveillance, les moyens des forces de l’ordre ‘effectifs, recrutement, formation, équipements. Sans rentrer dans le sujet qui allait être abordé plus tard par David Marti, il a évoqué le continuum de sécurité sur les territoires (lien entre police municipale et police nationale). Il a indiqué aussi que la sécurité passe par la chaîne pénale : police, justice, prison.
Sur le sujet de l’investigation, il a pointé du doigt es difficultés actuelles de la police à recruter des enquêteurs, de moins en moins nombreux.
L’impuissance actuelle face au narcotrafic
Jérôme Durain a participé à une commission d’enquête de 6 mois sur le sujet et qui a communiqué ses conclusions en mai dernier. « C’est un phénomène mondial. On est dans un rapport du faible au fort » a déclaré le sénateur avant de dresser un rapide état des lieux.
Il a ainsi évoqué les moyens techniques dérisoires des forces de l’ordre face à ceux des trafiquants. Et de poursuivre sur le fait que les saisies sont de plus en plus importantes, sans que cela ne puisse actuellement endigué le problème. En effet, la drogue s’est démocratisée et l’extension territoriale du phénomène montre que les trafics sont présents partout.
Il évoque aussi un phénomène d’uberisation, c’est-à-dire de livraisons, montrant affiches à l’appui les méthodes des réseaux de trafiquants dès la sortie des établissements scolaires.
Les auteurs et les consommateurs sont de plus en plus jeunes. Et la corruption est un phénomène qui prend de l’ampleur qu’il s’agisse de consulter des fichiers, détruire des scellés etc.
Dans le trafic, les réseaux sociaux sont centraux avec la diffusion d’images qui montrent le rapport de force, la violence.
En France, il existerait 2900 points de deals. Pour endiguer les trafics, il faudrait intercepter 90 % des cargaisons. On en est très loin !
Comment organiser la riposte ?
Selon le sénateur, la riposte doit être multiple. Il rappelle sur la question l’apologie du service public et les difficultés auquel il fait face. Il évoque de plus le rôle du consommateur. L’urgence passerait donc par la répression.
Le deuxième sujet de la soirée est abordé par David Marti avec l’articulation entre la police nationale et la police municipale.
Il débute son propos en indiquant que les constats de la commission sénatoriale rejoignent ceux de France Urbaine.
Puis de poursuivre sur la nécessité d’assécher la demande pour assécher le trafic de drogue. « S’il n’y avait pas de marché, il n’y aurait pas de demande » rétorque-t-il.
Il reprend son propos alors sur les piliers de la justice, indiquant que si l’un est faible, cela ne marche pas. Il rappelle ainsi que certains territoires ont les effectifs en police mais pas en juge.
Sur le sujet du consommateur, il évoque aussi bien la sanction que l’accompagnement des toxicomanes qui souhaitent s’en sortir. Mais il constate que les territoires ne sont pas assez fournis en spécialistes, tels que des addictologues.
Par ailleurs, toutes les catégories sociales sont touchées. Selon l’élu, la drogue festive n’existe plus.
La complémentarité entre les polices
C’est l’un des sujets de la soirée : la complémentarité entre police municipale et police nationale. « Les maires n’ont jamais autant investi dans les caméras, les policiers, les éducateurs spécialisés. C’est un investissement énorme au détriment d’autres services publics. Le travail entre police municipale et nationale se fait sur convention. » explique David Marti.
La police municipale, à la différence de la police nationale, ne peut pas mener d’enquête, ni demander une carte d’identité. Cela devrait pouvoir changer sur le dernier point. Pour autant, pour l’élu cette dernière peut constituer un bon appui, sans constituer toutefois une police de substitution.
Il poursuit son propos en évoquant la question de l’armement létal ou non et rappelle la mission fondamentale de la police municipale : celle de tranquillité publique.
Vouloir donner un rôle judiciaire à la police municipale, ce serait retirer toute possibilité au maire de donner son avis sur la question de la sécurité sur son territoire, la police municipale dépendant alors du procureur.
Il achève son propos en revenant sur le cas des maires ruraux et une réflexion en cours sur la manière de les soutenir.
La soirée se poursuit avec la parole donnée aux personnes présentes dans la salle. Des débats qui tournent autour du narcotrafic, de la prévention trop faible aussi auprès des jeunes etc.
Les débats se sont ensuite poursuivis autour d’un verre de l’amitié.
EM