Gueugnon
La régie de l'eau veut encore grandir
La régie de l’eau veut encore grandir
Le 1er juillet 2011, l’eau potable de Gueugnon était distribuée pour la première fois par la Régie gueugnonnaise de l’eau. Une première dans la ville après quarante ans de gestion déléguée à une société privée. Un an et demi plus tard, les responsables de cette régie ont voulu revenir sur ce projet en dressant en bilan tout en parlant d’avenir…
Marcel Durand, vice-président de la régie, Didier Descombin, directeur général
des services, Serge Tillier, vice-président de la régie,
Christian Simonin, responsable de la régie de l’eau, et Jean-Claude Ménager, président de la régie.
Pourquoi une régie ? La ville de Gueugnon était en contrat depuis quarante ans avec la Lyonnaise des eaux. Ce contrat, qui avait fait l’objet de plusieurs avenants, courrait jusqu’en 2010. Le problème : il n’y avait pas de réel contrôle de la Ville et le prix de l’eau était élevé. En 2008, lors de la campagne des municipales, Dominique Lotte et son équipe s’étaient alors engagés à travailler sur le problème du prix de l’eau : 2,40 euros le m3 en moyenne.
Une fois élu, le maire a donc mis en place un groupe de travail pour la création d’une régie de l’eau, suite à une délibération du 14 décembre 2010. Des réunions de travail ont ensuite été organisées entre les services, le fermier (la Lyonnaise), les représentants des communes voisines… Il a également été fait appel à un cabinet d’études spécialisé.
Suite à cela, la Ville a décidé de la gestion municipale de l’eau potable. La distribution de l’eau et la relation avec les abonnés ont ainsi changé le 1er juillet 2011. « On est parti de rien, explique Marcel Durand, vice-président de la régie. Sans budget, avec juste 60 000 euros pour la mettre en place. Et il fallait que ça fonctionne parce que le 1er juillet 2011, les Gueugnonnais devaient avoir de l’eau à leur robinet. »
Le personnel et les moyens. La régie est dirigée par un conseil d’exploitation sous l’autorité du maire et de la municipalité. Ce conseil d’exploitation est composé de sept élus et de quatre personnes représentant les associations de consommateurs, l’agriculture, les entreprises et le Syndicat intercommunal d’étude et d’aménagement de l’Arroux (SINETA).
Christian Simonin a été nommé responsable de cette régie. Un fontainier a également été embauché : Christophe Prost qui travaillait auparavant aux services techniques. Pour le remplacer, la commune a pris une personne au chômage. Le secrétariat, lui, est assuré par deux personnes du pôle technique, dont le travail est passé à temps plein. Tout au long de l’année 2011, le personnel de la régie s’est formé et a appris.
Cette année, un second fontainier a été embauché.
Mutualisation matérielle. La régie s’est aussi dotée de matériel et s’est tournée vers la mutualisation dans ce domaine. Une mutualisation de coopération interne avec les services du pôle technique. « Cela nous permet de disposer d’outils dont nous ne servons que rarement et qu’il aurait été très couteux d’acheter seul. De la même façon, les services techniques se servent de notre matériel, et la régie lui facture », précise Jean-Claude Ménager, le président de la régie.
Les travaux. 50 000 euros de travaux ont été réalisés sur le réseau la première année. En 2012, des travaux conséquents ont encore été entrepris pour améliorer la qualité (notamment rue de l’avenir, Chazey, dans le centre-ville…). Des débitmètres ont été installés en différents points du réseau. Ils tournent toute la nuit et peuvent donc détecter la moindre fuite. L’information est transmise immédiatement et permet de faire les réparations nécessaires. Les gens qui le souhaitent pourront même être équipés à l’avenir d’une petite boite qui leur permettra d’avoir les informations en direct chez eux.
Un programme de remplacement des compteurs a également été engagé : on est passé à des radiorelevés. Les plus anciens compteurs et les plus difficiles d’accès seront remplacés au rythme de 300 par an. Grâce à des radios relais, les agents passent dans la rue avec un appareil pour le relevé. Ces compteurs enregistrent les informations.
La maitrise des fuites sur les réseau, C’est une des recommandations du schéma directeur de l’eau… À Gueugnon, le réseau est en bon état, il n’y a que 20 à 25 % de perte à cause des fuites. « Être à 80 %, c’est un bon rendement, se satisfait-on à la régie. Mais notre but est encore d’améliorer et de maitriser ce rendement. »
Jusqu’à maintenant, la régie travaillait un peu à l’aveugle : avec les compteurs principaux, difficile de savoir sur quelles sections du territoire étaient les fuites. Les compteurs de sectorisation vont permettre de diviser la ville par secteur et de contrôler ainsi le volume d’eau consommée sur chacun. « La différence entre le volume sorti et le volume consommé nous indiquera les fuites, ce qui nous permettra de renouveler les canalisations à bon escient », indique Jean-Claude Ménager. Il y aura deux compteurs sur les deux réservoirs principaux.
La ville sera ensuite « saucissonnée » en plusieurs parties. Ces compteurs sont subventionnés en partie par l’agence de l’eau car ils fonctionnent dans ce souci de qualité écologique et économique. « Avec ces débitmètres il y a une surveillance accrue du réseau. On a toujours dit qu’on irait vers le prix le plus juste, pas le plus bas. C’est ce qu’on fait encore avec ces compteurs. »
Ce qu’a apporté la régie ? Au même titre que la qualité et le prix de l’eau, la relation avec les abonnés était au centre des préoccupations des élus quand ils ont décidé de reprendre la gestion de l’eau potable. La disponibilité des agents et l’accueil de proximité sont deux éléments essentiels. « Les Gueugnonnais sont satisfaits d’avoir une écoute, un conseil, une réponse immédiate à leurs attentes, se satisfont les responsables de la régie. Alors qu’avec la Lyonnaise, on avait des appels surtaxés et des temps d’attente très longs. Mais attention, nos rapports avec la Lyonnaise ont toujours été bons malgré d’âpres discussions qui nous ont finalement permis de faire des économies. »
2013 et après… 2013 s’annonce plutôt bien pour la régie. Le budget s’élabore activement. Les responsables attendent désormais les enseignements des débitmètres pour savoir où doit avoir lieu le renouvellement des canalisations. Les autres objectifs : l’amélioration de la qualité de l’eau, la sécurisation de l’approvisionnement, la protection des ressources.
Mais l’avenir, ce n’est pas que les mois à venir. À la régie, on pense déjà à l’après Lyonnaise en ce qui concerne l’assainissement. En 2016, ce sera en effet la fin du contrat assainissement et la fin du marché public d’exploitation. « On réfléchit déjà à la suite, explique Marcel Durand. La régie de l’eau ne demande qu’à grandir. Le souhait de la majorité actuelle est d’aller plus loin ! Notre objectif est la maîtrise publique de l’eau dans sa globalité en travaillant en coopération avec les communes voisines par une mutualisation matérielle et humaine. Nous avons déjà des contacts informels. »
Delphine CRESSON