Faits divers : Montceau-Blanzy
Un homme âgé de 43 ans a été jugé ce jeudi 27 juin en comparution immédiate pour avoir commis de nombreux vols de carburant. Que faisait-il de tout ce carburant ? « C’était pour ma consommation personnelle » répond simplement le prévenu.
Sa conso perso… on entend ça davantage dans les affaires liées à l’usage ou à la détention de produits stupéfiants. Du reste, lui qui ne fut jamais que chauffeur (de bus, de poids lourds) dans sa vie, reconnaît avoir pris pas mal de cannabis mais soutient avoir arrêté. Il a été condamné deux fois pour conduites en ayant fait usage de stupéfiants. La troisième condamnation est plus ancienne : violences sur conjoint. Mais tout cela n’a rien à voir avec ce qu’on lui reproche aujourd’hui.
Les vols de trop
Les derniers vols furent les vols de trop. Pour répondre des précédents, le prévenu, identifié, était soit convoqué en CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité) soit orienté vers un délégué du procureur. Sauf que le 22 juin, le gérant d’une société de transport appelle la police : dans la nuit du 20 au 21 juin, le grillage d’enceinte a été découpé, les images de vidéosurveillance montrent un homme en train siphonner le réservoir d’un des camions stationnés là. Le même homme a remis ça le 21.
Vols de carburant dans diverses sociétés
La police examine les images. C’est le véhicule du mis en cause qui les fait rapprocher ces vols de plusieurs autres pour lesquels l’homme est déjà connu. Soit le 27 janvier, dans une société de Blanzy. « Y avait rien de prémédité, dit le prévenu au tribunal. Je me suis dit, tiens, je vais prendre de l’essence. » Le 12 mai, autre entreprise. Cette fois-ci, un chauffeur routier est réveillé par des coups donnés dans le réservoir de son camion. Son réveil met le voleur en fuite mais ce dernier repasse vers le chauffeur, en roulant vite, le chauffeur tombe. « Il est blessé sur le côté droit, dira le substitut du procureur, aux côtes, à la jambe. » Deux jours d’ITT et une partie civile supplémentaire.
Vols de bidons vides dans une déchetterie
Enfin, le prévenu reconnaît avoir volé deux fois 17 bidons, vides, le 29 mars dernier, et le 14 avril. La police en retrouvera dans la cave, or c’est le domicile de la compagne du prévenu, à Montceau, et la voilà poursuivie pour recel. Quant au prévenu : toutes les procédures sont jointes à l’audience, ça fera une seule peine, plus importante, donc.
« J’ai trouvé la solution la plus simple pour me déplacer »
« J’ai toujours été routier, dit le prévenu. Et puis il y a un truc qui a fait que je me suis retrouvé dans cette situation-là. » Sur « un truc », l’homme est prolixe, il raconte sa vie, sous l’angle des coups durs. Sur « cette situation-là » il faut entendre au chômage, à Montceau depuis peu où il vit en couple. Il perçoit tout de même 900 euros d’ARE mais justifie ses vols ainsi : « J’ai trouvé la solution la plus simple pour me déplacer. »
Sa femme, la police, lui disent d’arrêter, « je n’ai écouté personne »
« Vous ne vous êtes pas dit qu’à force, ça devenait dangereux pour votre liberté ? » lui demande la présidente Noirot. « Si. Ma femme m’a dit plusieurs fois d’arrêter. Même les policiers me l’ont dit. Je n’ai écouté personne. » Il souligne le décalage qu’il voit à être quatre fois père, deux fois grand-père, et à découvrir le quotidien carcéral depuis trois jours. Ah ben ça, il ne veut pas y rester, à la zonz. Pour autant il en a vite appris quelques façons puisqu’il va appeler le procureur, « chef ». « Chef » c’est ainsi que les détenus appellent leurs gardiens.
« Il dit qu’il n’a pas sa place en prison. D’ailleurs, ce n’est la place de personne. Mais… »
Bref, « je suis prêt à tout pour me réinsérer. Surtout après les trois jours passés en prison, chef ! Euh… pardon. Monsieur le procureur. »
« Il dit qu’il n’a pas sa place en prison, dit Alexandre Marey, substitut du procureur. D’ailleurs, ce n’est la place de personne. Mais l’histoire de monsieur, c’est l’histoire de quelqu’un qui ne s’arrête jamais. Donc si c’est le seul moyen pour qu’il s’arrête de voler… » Le magistrat demande une peine de 15 mois de prison dont 5 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec maintien en détention pour la partie ferme.
« Je ne vois pas l’intérêt d’un maintien en détention »
« Pourquoi a-t-il commis tous ces vols ? Je ne sais pas, mais il a reconnu l’essentiel des faits et a été coopératif. » Maître Faure-Revillet plaide la vie active de son client, « il a toujours travaillé », « sa situation compliquée », « il exprime des regrets, il sait qu’il compromet l’équilibre de sa vie personnelle ». « Je suis d’accord sur la peine, termine l’avocate, mais pas sur le maintien en détention. Je n’en vois pas l’intérêt : on a déclenché une prise de conscience, on a eu un choc carcéral… Pourquoi le maintenir enfermé ? » Valérie Faure-Revillet demande au tribunal un aménagement de peine ou à tout le moins sa possibilité.
6 mois de détention aménagée avec le port d’un bracelet puis 2 ans de probation
Le tribunal dit le prévenu coupable, le condamne à la peine de 12 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec les obligations de travailler et d’indemniser les parties civiles. Les 6 mois ferme sont aménagés en détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE). Un juge de l’application des peines fixera les modalités de sa détention.
« Soyez conscient, monsieur, que si aujourd’hui vous sortez libre d’ici, ça ne sera pas le cas si vous recommencez. »
FSA