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mardi 5 mars 2024 à 05:01

Faits divers – Montceau-les-Mines



La nuit tombe ce 4 mars en début de soirée, l’escorte introduit dans le box un gaillard souriant qui lance un « bonjour à toutes et à tous » tonitruant. Il doit répondre de faits commis le 1er janvier à Montceau les Mines, il les conteste. On l’a recherché pendant 2 mois, « ça, je ne le savais pas ». 

Nous sommes le 4 mars, mais l’histoire démarre donc le 1er janvier, dans une impasse à Montceau-les-Mines où vit un monsieur qui appelle la police : un homme l’a attaqué, chez lui, avec une pelle. Il dénonce un homme précis, en donne l’identité. 

La police file au domicile du mis en cause, le voit sortir de sa voiture, dit qu’il a du sang sur son pantalon. On lui demande de se mettre au sol. Le gaillard refuse. Les policiers ne sont que deux. L’un sort son taser et tire. Il rate son tir, l’autre prend la fuite.
Les policiers déposent plainte pour violence, rébellion, et outrage. 3 jours d’ITT chacun. « On voit que monsieur (le prévenu) est athlétique, dira maître Ronfard pour les policiers. Ça s’est très mal passé. »

« C’était un petit peu l’ennemi public numéro 1 de Montceau »

Et puis alors après ça, pas moyen de mettre la main sur le fugitif. On l’inscrit au fichier des personnes recherchées, on met des téléphones sur écoute, on visite sa famille… « C’était un petit peu l’ennemi public numéro 1 de Montceau », dira la procureur. Mais… rien, jusqu’au 3 mars où on l’arrête au sortir d’un bureau de tabac. Il n’avait pas pris la fuite très loin !

« Ces gens-là (victime et témoin) sont un peu pas tout là »

La présidente Noirot procède méthodiquement, que conteste le prévenu, que reconnaît-il ? « J’ai jamais donné de coup de pelle ! Ces gens-là (victime et témoin) sont un peu pas tout là. Ils sont sous Subutex, sous médicaments, il faut dire les choses. » Il est retourné le lendemain chez la victime et celle-ci a retiré sa plainte une semaine plus tard. « Après, c’est de gens drogués toute la journée. C’est de la paranoïa, tout simplement. Moi j’étais dans le bâtiment, pour voir quelqu’un d’autre, je n’étais pas dans l’appartement de ce monsieur. »

« J’ai eu peur, je ne savais pas pourquoi ils venaient »

Et son comportement avec les policiers ? « J’étais surpris de les voir, d’un coup ! Mais je n’ai pas porté de coup. J’en ai repoussé un, je me sentais étouffer, il était costaud. Je me suis enfui, sans mes baskets. J’ai eu peur, je ne savais pas pourquoi ils venaient. »
Les insultes ? Fils de p… ? « C’est possible. Après, si ça leur fait quelque chose, je m’excuse. » Le sang sur son pantalon ? « C’est quand ils m’ont fait tomber. »

Peine requise : 18 mois avec maintien en détention

Faux ! affirme la procureur : les policiers ont vu le sang sur son pantalon, quand il est sorti de sa voiture. Pour sa part, sa conviction est que le prévenu est coupable du coup de pelle. Elle reprend la scène, « la victime est constante dans ses déclarations ». « Monsieur n’est pas très connu, en effet, de la justice – une mention au casier pour excès de vitesse -, mais les faits sont graves. Le témoin a entendu un bruit de verre brisé et a vu la pelle traverser. Il a entendu le monsieur (le prévenu) invectiver la victime. » Les faits reprochés sont caractérisés, dit la magistrate, y compris ceux de violence, rébellion et outrage à l’encontre des policiers. Cerise sur le gâteau, ceux-ci ont interrogé un fichier pour voir à quelle formation le prévenu est inscrit : il ne le serait à aucune. Le prévenu fait des signes de dénégation silencieux.
La procureur demande une peine de 18 mois de prison avec maintien en détention.

Pas de violence volontaire, pour la défense

Maître Marceau, lui, s’interroge : deux versions différentes, un témoin qui n’a pas vu la scène, les photos d’une « vieille pelle » portant « quelques gouttes de sang, mais sur le manche ». Or, la victime a une blessure à la main dont la coupure est « nette ». « Je pense qu’il y a un doute, je demande la relaxe pour le coup de pelle. »
Les outrages, ok. La rébellion, ok aussi : le prévenu s’est débattu. Mais les violences volontaires sur les deux policiers ? L’avocat renvoie à l’audition de l’un d’eux : « Je reçois des coups de coude, il se débat. » Pas de violence volontaire, pour la défense.

« Il avait insisté pour qu’on visionne les images de la caméra piéton, or… »

« La peine demandée est disproportionnée. Il a 37 ans, il n’est pas connu de la justice. Il n’avait pas quitté le secteur. Et, il avait insisté pour qu’on visionne les images de la caméra piéton, or celles-ci se seraient effacées en tombant pendant l’interpellation… »
Quant aux dommages et intérêts demandés par chaque policier (1000 euros chacun), l’avocat demande l’application de la jurisprudence du tribunal. Pour mémoire chaque policier a eu 3 jours d’ITT (coups de coude dans le thorax pour l’un, une déchirure à la cuisse pour l’autre).

« Je suis réellement en formation »

Le prévenu tient à ôter la cerise sur le gâteau : « Je suis réellement en formation. Je ne sais pas quel fichier les policiers ont regardé, mais j’ai tous les justificatifs dans ma boîte mail. » Sauf qu’il n’a pas pu accéder à sa boîte mail avant l’audience, c’est le problème quand on est jugé selon la procédure de comparution immédiate : y a pas le temps. Il a été déféré hier, il a dormi en prison, il est jugé le lendemain.

Peine prononcée : 18 mois de prison avec sursis

Le tribunal le déclare coupable et « tenant compte de l’absence de mentions préalables » sur son casier judiciaire, le condamne à la peine de 18 mois de prison entièrement assortis d’un sursis simple. Il a l’obligation de faire, à ses frais, un stage de citoyenneté. Il devra indemniser chaque policier (montant ramené à une plus juste proportion). Interdiction de porter une arme pendant 10 ans.
« Il ne tient qu’à vous d’observer un comportement exemplaire, si vous ne voulez pas passer ces 18 mois en prison. » Lui ne voit qu’une chose dans l’immédiat : il va rentrer chez lui.

FSA

 

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