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vendredi 15 décembre 2023 à 05:15

Faits divers à Montceau-les-Mines



 

Il est d’emblée effondré. 40 ans, jugé ce jeudi 14 décembre en comparution immédiate pour des violences sur conjoint. La victime a 30 jours d’ITT. Le prévenu est en état de récidive légale. 

Il est agité de soubresauts tant il pleure, le président Marty a du mal à savoir si clairement le prévenu consent à être jugé deux jours après les faits. L’homme finit par dire ok. Il est né à Saint-Vallier, à une relation on-off depuis 2015 avec une femme dont il a eu deux enfants. 

Tympan perforé d’un seul coup

Elle a déposé plainte le 13 décembre : la veille elle lui a prêté sa voiture pour qu’il aille à la poste. Voilà pas qu’à la galerie marchande il croise un de ses oncles et qu’ensemble ils s’enfilent plusieurs whiskys chacun. Résultat il revient ivre, avec une alcoolémie supérieure à 1,6 gramme. Elle s’énerve, lui dit que dès le lendemain il devra quitter son domicile. Il se met à crier. Grand coup sur l’oreille gauche de madame, tympan perforé. Les petites sont là. Leur mère repousse papa vers l’extérieur, ils s’empoignent, elle trébuche, il lui prend la tête et la cogne sur le seuil de la porte.

La plainte (il faudrait un psy) versus les faits

Lui, il dit qu’elle le passait dehors le soir même, « elle a pété un câble ». Il décrit une situation de harcèlement et de violences verbales (reproches, insultes, …) dont il était victime. Elle est maniaque, et « pour un truc futile, une miette, rien », elle crise vilain. « Moi je reste à la maison, je garde les petites tous les jours et… » Et le président Marty interrompt sa plainte et l’interroge pour qu’il restitue la scène, le confrontant aux déclarations de madame. 

« Elle me pousse à bout »

« On était par terre, elle hurlait, moi je voulais partir. Même elle, elle dit qu’elle a trébuché toute seule. » Elle veut rentrer dans la maison en rentrant mais il se met au-dessus d’elle et cogne sa tête sur le sol. « Oui » gémit le prévenu, « elle m’avait fait du mal ». Qui est responsable de cette situation, alors ? « C’est moi mais elle aussi elle a des mauvais comportements. Si j’avais pas bu, j’aurais agi autrement. Elle m’avait harcelé pour que je rentre. » Il est bouleversé, le président prend le temps de l’amener vers sa responsabilité. « C’est pas ce que je voulais. – Oui mais vous imaginez l’impact sur vos filles ? » On entend un sanglot qu’on entend rarement en audience. « Elle me pousse à bout. »

La récidive

Elle le pousse, elle le pousse… En mai 2021, condamnation pour violences sur elle, avec cette circonstance aggravante qu’elle était enceinte. Le fœtus de l’époque est une petite fille aujourd’hui, c’est pas top. Du coup le prévenu a eu deux ans de probation, un suivi encadré avec des soins (raté) et un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales où on lui a appris de « garder son calme et son sang-froid » (raté aussi).
Sait-il qu’en cas de condamnation, le tribunal va devoir (c’est la loi désormais) se poser la question de son autorité parentale ? Qu’elle peut lui être retirée ?

30 jours d’ITT

« Relation toxique » dit maître Pépin qui représente la victime à l’audience et insiste sur l’alcoolisation massive parfois du prévenu. Toutefois, « monsieur, avec les enfants, ça se passe bien, mais avec madame, c’est fini ». Les coups décrits par la victime sont corroborés par le certificat médical, et tout de même, 30 jours d’ITT !

Le ministère public demande une requalification

La procureur demande la requalification des faits en incluant la présence de mineurs. Elle requiert la peine de 20 mois de prison dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de soins en addictologie, de réparer les dommages causés, de travailler, et interdiction de tout contact tant avec madame qu’avec les enfants, ainsi que de paraître à leur domicile. Mandat de dépôt pour les 14 mois ferme.

« Mauvais conjoint, sans doute, mais ce n’est pas un mauvais père »

« C’est une relation toxique, oui, en montagnes russes, plaide maître Charbonnel. Je veux remarquer que le bail est au seul nom de madame : elle a refusé que monsieur soit co-bailleur. Mais pour les enfants, on ne peut faire aucun reproche à monsieur. L’interdiction de contact avec ses filles serait excessive. Ses larmes ne sont pas feintes. C’est un mauvais conjoint, sans doute, mais ce n’est pas un mauvais père.

« J’ai toujours tout fait pour mes filles depuis qu’elles sont nées. Et madame je ne veux que son bien. » Il veut son bien, lui fait du mal, c’est vieux comme le monde cette affaire. Le prévenu parle la tête baissée, il supplie le tribunal.

 

Prison ferme puis sursis probatoire

Le tribunal requalifie les faits de violence, en présence de mineurs, sur conjoint et en récidive. Dit l’homme coupable, le condamne à la peine de 20 mois de prison dont 10 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de soins en addictologie, de travailler ; interdictions de tout contact avec madame ainsi que de paraître à son domicile et sur son lieu de travail. Il devra réparer les dommages causés. Pas de retrait de l’autorité parentale.
Pour les 10 mois ferme, le tribunal décerne mandat de dépôt. L’homme s’arrête net de pleurer.

 

FSA

Voir l'article : Montceau News




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