Faits divers – Montceau-les-Mines : Attaque au couteau
Il y a deux jours, un livreur s’est fait attaquer au couteau dans une rue piétonne de Montceau. Blessé sous l’œil droit, il est présent à l’audience des comparutions immédiates de ce jeudi 14 décembre. L’auteur de l’agression est dans le box.
Quand la police arrive sur les lieux de l’altercation avec usage d’un couteau, ce 12 décembre, la victime est immédiatement prise en charge. L’hôpital de Montceau la transfère dans la journée sur Dijon pour une intervention chirurgicale. Quand il s’est levé, ce matin-là, l’homme n’avait pas de cicatrice sur le visage. Le soir même, après opération, une plaie a été recousue, la zone de l’œil est noire, enflée et suturée. Un légiste fixe 21 jours d’ITT et relève un fort retentissement post traumatique. « Si j’avais pas su me défendre, je serai peut-être pas là pour vous parler. » Il vivra avec cette cicatrice au visage.
Les faits
Le livreur faisait sa tournée comme chaque jour, « même trajet depuis deux ans », dira maître Pépin. Son fourgon roule au pas dans une rue piétonne. « Je suis convaincue qu’il y a eu un fait générateur » plaidera maître Charbonnel pour le prévenu. Un gars marche lentement au milieu de la chaussée, le livreur klaxonne, le gars râle, « vous n’avez pas à … ». Bref le livreur se gare un peu plus loin et sort portant un colis quand le type surgit, une main dans le dos. « Pourquoi tu m’as pris la tête ? » Puis il lance son bras armé contre l’homme. Action aussi soudaine que violente.
« Il ne retenait pas ses coups » dit une témoin. L’homme est touché à la tête et sous l’œil droit. Mais il ôte sa ceinture pour se défendre, parvient à faire reculer l’agresseur qui s’enfuit. L’homme blessé lui court après mais glisse et tombe, l’autre s’en aperçoit et revient aussi sec. Des images de la vidéosurveillance montrent cette scène. Le livreur maîtrise l’agresseur, les témoins lui viennent alors en aide.
Le prévenu – « C’est un coup monté »
Le prévenu est né en 1979 à Firminy. Célibataire et sans enfants, il a son brevet et le bac, dit son avocate. Il a travaillé pendant 20 ans, « jusqu’à ce qu’on décèle des problèmes psychiatriques à l’origine de la mesure de protection » explique maître Charbonnel. L’homme est sous curatelle renforcée. Sa curatrice était venue mais trop de dossiers avant celui-ci, elle a dû repartir.
La position du prévenu est la même qu’en garde à vue : « non coupable ». « C’est un coup monté. C’était une embuscade. » Dans quel but ? lui demande le président. « Aucune idée. » Personne dans cette affaire ne connaît personne, dans ces conditions c’est pas étrange de parler de coup monté ? « Etrange, non. C’était un coup monté. Pour moi, ils sont coupables. C’est un crime racial. »
Déjà jugé en mars, après expertise psychiatrique
Le plus poignant c’est qu’on l’a déjà vu, cet homme. C’était en mars dernier. On titrait : « un voleur malade et pas soigné », eh bien c’est toujours le cas. On peut lire l’article ici : https://montceau-news.com/faits_divers/732504-faits-divers-vol-a-larrache-dun-sac-a-main-a-montceau-3.html. C’est poignant parce qu’avec une telle « pathologie psychotique chronique, a priori schizophrénie », écrivait l’expert psychiatre, il aurait dû recevoir des soins.
« Sachant que je vais réellement plus que bien »
Le principal concerné est très calme à l’audience d’aujourd’hui, très calme pour dire et répéter au tribunal à quel point il va bien et n’a besoin de rien, sauf éventuellement de Doliprane de temps en temps. Et si le tribunal l’obligeait à voir un psychiatre ? « Oui. Sachant que je vais réellement plus que bien. Je suis honnête. » Ce qui est frappant c’est qu’il maintient de bout en bout être victime des autres, donc n’a forcément aucun mot pour l’homme à l’œil très amoché, mais qu’il reste d’un calme plat, constant.
« Il vous dit ‘j’ai la conscience tranquille’ donc je retiens l’altération du discernement mais… »
La substitut du procureur salue « le courage de monsieur – la victime- qui est venu aujourd’hui ». Elle trouve le positionnement du prévenu « surréaliste », parle des témoins, « il faisait tout pour atteindre le livreur, il s’acharnait ».
« Il y a deux jours il donnait des coups de couteau lors d’une agression gratuite, et là il vous dit ‘j’ai la conscience tranquille’ donc je retiens l’altération du discernement mais c’est une personne qui en l’état est dangereuse et très violente. » La magistrate requiert une peine mixte et la révocation totale du sursis de mars dernier, ce qui fait au total 6 mois assortis d’un sursis probatoire d’un côté et 40 mois de prison de ferme de l’autre, avec mandat de dépôt.
« Il a une pathologie, on peut soigner »
Maître Charbonnel, on l’a dit, évoque la possibilité que le livreur n’ait pas été fort aimable en s’adressant au prévenu, sans pour autant minimiser la gravité des faits. « L’expert psychiatre conclut à une altération importante du discernement : monsieur est victime d’un trouble à mettre en lien avec les faits. Mais à la question : est-il dangereux ? L’expert répond : Non. Ce qui vous est demandé, dit-elle au tribunal, n’est pas adapté à la situation de monsieur. Il a une pathologie, on peut soigner mais on vous demande 40 mois. »
4 ans + 10 mois de prison ferme
Le tribunal dit le prévenu coupable, retient l’altération de son discernement, le condamne à la peine de 4 ans de prison avec mandat de dépôt, révoque totalement le sursis de mars dernier de 10 mois, ordonne l’incarcération immédiate. Ça fait donc 4 ans et 10 mois de prison.
En outre, il a l’interdiction de détenir et de porter une arme pendant 10 ans.
Puis, après la prison, il sera soumis à un SSJ, un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans (3 ans de prison sont révocables au cas où…) : injonction de soins, obligation de réparer les dommages causés, interdiction de paraître sur la communauté urbaine de Le Creusot-Montceau, interdiction de tout contact avec la victime.
« Pour une personne non coupable, j’ai du mal à comprendre »
Commentaire du prévenu : « Pour une personne non coupable, j’ai du mal à comprendre. » Il parle de faire appel.
Le président passe à la partie civile, ordonne une expertise médicale et un renvoi sur intérêt civil.
Commentaire du prévenu : « Je serai en prison ce soir ?!? Bah, j’ai pas pris mes cigarettes, il y a un problème, là. »
Malade et pas soigné. Auteur d’un gravissime acte. 58 mois de prison, puis 5 ans de SSJ.
FSA
Réactualisé – Faits divers – Montceau-les-Mines : agression au couteau
