Autres journaux :


lundi 24 juillet 2023 à 19:14

Montceau-les-Mines : violences conjugales



 

Il a la vingtaine mauvaise, ce jeune homme. Il comparaît pour des violences sur son ex-conjointe et des menaces. Il dit lui-même qu’il est « jaloux et possessif » mais ces mots paraissent faibles au regard de la violence des insultes et des menaces. 

« Possessif », c’est vrai, qu’on le soit avec ses propres enfants ou son conjoint, ce n’est jamais bon. Dans cette affaire, c’est dramatique. Deux enfants sont nés de cette union, l’aînée a été placée, on verra pour quelle raison (atroce). Une première condamnation pour des violences de l’homme, âgé de 24 ans, sur la mère des petits le met en état de récidive légale. Les nouveaux faits datent du 21 juillet, madame l’hébergeait « pour pas qu’il soit à la rue », alors qu’ils s’étaient séparés. 

Insultes en rafales, un coup

La police est appelée au domicile de madame, à Montceau. Monsieur était rentré de formation, insultes aux lèvres (beaucoup de « p…. ») et électricité dans les doigts : un coup à l’épaule, constaté par un médecin qui fixe 3 jours d’ITT. L’homme est interpellé dans un magasin, il est placé en garde à vue puis en détention provisoire, pour être jugé ce lundi 24 juillet selon la procédure de comparution immédiate. Madame n’est pas à l’audience, maître Duquennoy la représente : « Elle souhaite un éloignement définitif de monsieur. » Lequel monsieur s’émeut au cours de l’audience, en demandant lui aussi à « être très loin d’elle ». 

Lien toxique entre eux, un lien de dépendance

En effet, du box, il décrit un lien toxique entre eux, un lien de dépendance telle qu’il était revenu avec elle quand elle lui a dit « ceux qui m’aiment, me suivent ». « Alors je l’ai suivie » dit benoîtement le jeune homme aux bras nerveux. Il l’a suivie, puis ils ont décidé de se séparer, mais elle l’hébergeait. Et puis la semaine du 17 juillet il était en formation, et il n’a pas arrêté de lui envoyer des SMS hyper violents « quant à l’éventualité qu’elle ait des relations sexuelles avec quelqu’un » traduit élégamment le président Marty, « alors qu’elle fait ce qu’elle veut ». 

« Elle s’était mise avec un jeune qui avait cassé le bras et des côtes à ma fille »

Le prévenu explique qu’en fait il ne supportait pas que madame ne lui donne pas de nouvelles de leur fils, cette semaine-là, un petit qui vit avec sa maman. Devant l’incompréhension du tribunal, il développe : « Elle s’était mise avec un jeune (sic) qui avait cassé le bras et des côtes à ma fille, alors si c’est pour que mon fils soit placé comme elle, c’est pas la peine. Ma fille était dans son lit quand c’est arrivé, et moi j’étais pas là.
– Vous étiez où ? demande le président.
– En prison.
– Pour quelle raison ?
– Pareil qu’aujourd’hui. »
« Pareil qu’aujourd’hui » et c’est un autre qui aurait cassé des os de la fillette alors qu’elle était dans son lit (une information judiciaire a été ouverte) ? Dans quelles violences incessantes vivent ces enfants ? 

« Comment vous expliquez que vous soyez là pour les mêmes faits ? – Ben justement je voulais pas »

Le président fait le point sur le suivi du prévenu : pas terrible, il ne justifie de quasi rien, à part la formation professionnelle récente. « Vous êtes suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation, vous avez 10 mois au-dessus de la tête, comment vous expliquez que vous soyez là pour les mêmes faits ? – Ben justement je voulais pas. – Vous l’avez fait. » Il l’a fait. Combien d’entre nous font, à l’instar de Saint-Paul*, des choses qu’ils ne voudraient pas faire ? Outre les Evangiles, on trouve ce fait, bien humain et bien embêtant, chez des philosophes aussi, comme Spinoza, comme Rousseau. Un célèbre médecin a fini par nommer ce qui nous fait faire des choses en dépit de notre volonté. Ça fait plus d’un siècle que cette connaissance, vieille (au moins) comme le nouveau testament, est érigée en savoir mais on (la société contemporaine) en est encore à envoyer les gens en stages de sensibilisation ou/et en prison, puis à déplorer des récidives dont les auteurs mêmes sont aussi victimes – pas au sens pénal, certes – tout en restant bien entendu responsables de ce qu’ils font.

Requis : 18 mois ferme puis une probation

Au sens pénal il n’y a qu’une victime à l’audience, et Cyrielle Girard-Berthet, substitut du procureur, estime du reste qu’il faut une interdiction de contact pour la protéger. Elle requiert une peine de 18 mois de prison ferme avec maintien en détention : 18 mois dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, et la révocation du sursis de 10 mois prononcé en 2022, à hauteur de 6 mois. La procureur dit que les menaces de mort sont clairement établies, « il l’a harcelée de messages qui ne lui demandent pas de nouvelles de son enfant » dont « T’es avec lui, dis-lui que je vais vous crever, toi et lui ». 

Même s’il dit vrai sur ce qu’il a éprouvé, sa conduite n’est pas tolérable

Ce dernier message renvoie, comme l’a dit le prévenu, à l’agression ignoble et ultra violente (pour casser les os d’un petit enfant, il faut vraiment y mettre du sien) perpétrée contre sa fille, alors qu’il était enfermé et donc impuissant. Qu’il ait des modes d’échanges brutaux et violents lui aussi n’enlève rien au fait qu’il a pu être traumatisé par le mal fait à l’enfant, et ça peut éclairer la teneur des SMS. Éclairer mais pas excuser, bien sûr, parce qu’une telle conduite n’est pas tolérable (c’est sans doute à quoi servent les stages : à dire que sans règles ni lois, pas de vie possible des uns avec les autres). Ainsi, même si maître Mortier-Krasnicki plaide « une situation compliquée » et « un contexte » aggravés par la jalousie du prévenu, pour un sursis probatoire et contre l’incarcération, le tribunal va condamner, et pas qu’un peu.

Coupable

18 mois de prison dont 10 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de travailler, de suivre des soins, de payer le droit fixe de procédure (on ne l’écrit pas à chaque fois, mais c’est une obligation**), d’indemniser la partie civile ; interdictions de paraître dans la commune où réside madame, et ce, où qu’elle vive, et aussi du moindre contact avec elle. Maintien en détention pour les 8 mois ferme, et incarcération immédiate pour 6 mois du sursis de 2022 qui sont révoqués. Ça fait 14 mois ferme. Le tribunal dit qu’il n’y a pas lieu, au stade pénal, d’ordonner le retrait de l’autorité parentale du jeune prévenu. Celui-ci devra indemniser la mère de ses enfants, et s’en tenir loin, conformément à ses vœux.

FSA

*« … je ne fais pas le bien que je veux, et commets le mal que je ne veux pas. » Epître aux Romains, 7-19

**https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006163022/

 

Voir l'article : Montceau News




Le commentaires sont fermés.