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vendredi 17 mars 2023 à 06:05

Faits divers – Montceau-les-Mines



 

« J’ai fini l’école en 4ème, alors quand j’ai obtenu mon titre en restauration et que j’ai décroché un boulot quatre jours après, j’étais fier de moi. Et puis, cuisiner avec mes fils, je suis content de le faire. »

« Vous êtes jaloux » lui dit la présidente. Il répond « oui ». Le prévenu a 42 ans, il est né à Saint-Vallier, vit à Montceau. Il a deux enfants, et il avait une compagne depuis mai 2022, mais voilà il est jaloux. Il est jugé ce jeudi 16 mars à l’audience des comparutions immédiates pour avoir, ce 12 mars, donné des gifles à sa compagne, dans un contexte de dispute, de jalousie, et après qu’ils ont passé une nuit ensemble. Ah c’est pas simple ! Et en même temps, si : l’habitude de mal se parler, voire de s’insulter, une jalousie un peu envahissante et donc intrusive, un peu trop d’alcool, et voilà.

« Elle m’a insulté, je l’ai insultée, et là, je, je suis pas fier, mais je… »

Le 12 mars madame a appelé la police qui a immédiatement interpellé monsieur à son domicile. Il avait une forte alcoolémie, en phase ascendante, pour environ 1,5 gramme d’alcool par litre de sang. « Elle m’a insulté, je l’ai insultée, et là, je, je suis pas fier, mais je lui ai mis une claque. » La présidente Barbut dit que madame a parlé de plusieurs claques, le prévenu répond spontanément, qu’après la claque elle a pris son téléphone et a appelé la police tout de suite. « J’ai refermé ma porte, et je me suis assis sur mon canapé. » Du dossier il ressort que c’était vraiment une dispute à part égales, que madame a eu elle aussi des gestes de colère, violents. Mais il avait bu.

À cause de ça j’avais perdu mon boulot

Il venait d’être opéré d’une jambe, il avait des béquilles. « Je suis retombé dans l’alcool depuis que je me suis cassé la jambe (des doubles fractures, un truc important, ndla), à cause de ça j’avais perdu mon boulot. Le fait de plus bouger… » La présidente : « Monsieur c’était sûrement une période difficile pour vous, mais l’alcool n’a rien arrangé parce que monsieur, vous avez violenté madame. » Il regrette. 

Une rupture dans une trajectoire ascendante pour lui, il n’a pas supporté

Jusqu’ici tout coule comme de l’eau plutôt claire, mais la lecture de son casier judiciaire révèle déjà deux condamnations pour des violences conjugales. Ça trouble un peu. En même temps il est touchant, il élève son fils aîné, seul, depuis quasiment sa naissance, son autre enfant est tantôt chez sa mère, tantôt chez son père. Lors d’une mesure de probation en 2022 il avait bien investi les obligations, tout c’était bien passé, et puis … un accident, une rupture dans une trajectoire ascendante pour lui, il n’a pas supporté.

« Je vais demander une cure pour me sevrer »

« Comment vous voyez la suite, monsieur ?  Vos enfants vous attendent, et vous avez des problèmes à régler. – D’abord avec madame c’est fini. Et puis je vais demander une cure pour me sevrer, et puis trouver un kiné en urgence parce que ma jambe, elle enfle. J’ai fini l’école en 4ème, alors quand j’ai obtenu mon titre en restauration et que j’ai décroché un boulot quatre jours après, j’étais fier de moi. Et puis, cuisiner avec mes fils, je suis content de le faire. »

Obligation de soins psychologiques et en addictologie, « parce que les deux sont absolument liés »

Il n’a jamais vu un psy, ses obligations judiciaires ne l’orientaient qu’en addictologie. Le procureur, Thierry Bas, rappelle que rien ne justifie la violence, estime cependant qu’il faut prendre en compte sa situation médicale et sa situation familiale. Il requiert une peine de prison, entre 12 et 15 mois, « il est en état de récidive légale », dont 5 à 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire avec une obligation de soins psychologiques et en addictologie, « parce que les deux sont absolument liés » : ça fait plaisir de l’entendre ! Enfin, le parquetier ne s’oppose pas à un aménagement ab initio. 

« Ce n’est pas quelqu’un de méchant »

Maître Fournier plaide « le parcours pas facile » d’un homme qui « parvient à se former et à travailler et puis cet accident, qui est venu le renfermer. Les soins psychologiques sont fondamentaux ici. Ce n’est pas quelqu’un de méchant, il regrette. » A noter que la victime n’a pas voulu déposer plainte et ne demande pas de mesure de protection.

Détention à domicile, 2 ans de probation

Le tribunal déclare l’homme coupable, le condamne à la peine de 14 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de travailler, d’engager des soins en psychologie et en addictologie ; interdiction de tout contact avec la victime (qui avait gardé son propre logement). Le tribunal ordonne l’exécution provisoire de ces mesures, cela veut dire qu’elles prennent effet immédiatement, car la partie ferme de 8 mois est aménagée d’emblée en détention à domicile sous surveillance électronique. Il est convoqué devant un juge de l’application des peines début avril.

La présidente lui rappelle ce que les 6 mois de sursis peuvent entraîner, en cas de nouvelle infraction et conclut en disant à l’homme : « Faites bien attention à prendre soin de vous. »
Il y a deux minots, dans le hall du tribunal, inquiets pour leur père, et qui comptent sur lui.

Florence Saint-Arroman

 

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