Autres journaux :


mardi 10 janvier 2023 à 07:12

Faits divers à Montceau-les-Mines



 

 

A 3 heures du matin, ce 7 janvier, des témoins affolés appellent la police : devant le 10 Vin à Montceau, il y a eu une scène, et là, sur le parking, deux hommes tiennent une femme. Elle a les bras en croix, elle est pliée en équerre, et elle prend des coups. Des coups à la tête, un coup de genou dans le ventre.

La scène ainsi décrite est terrifiante. Et pourtant, dans les bouches du prévenu comme de sa compagne, ce lundi 9 janvier en début de soirée (dernier dossier à l’audience de comparutions immédiates), la scène ne ressemble plus à ça. Le prévenu, né en 88 au Creusot et qui vit à Montceau, soutient qu’il n’a mis qu’« une petite tape » derrière la tête, peut-être un peu fort si ça se trouve à cause de l’alcool. La victime parle d’un « gros dérapage ». « Sauf que tous les témoins disaient qu’il fallait vraiment intervenir » dira Aline Saenz-Cobo, vice-procureur.

« Je n’excuse pas son geste mais à lui, je pardonne »

La victime a 6 jours d’ITT. A l’audience elle est vive, s’exprime bien. Lui, il semble azimuté, presque confus parfois. Sa compagne le défend parce qu’elle veut qu’il reprenne son travail, rentre à la maison et qu’on reprenne la vie commune, « ce qu’on avait commencé, quoi ».
Elle se tient droite face au tribunal : « Le violence conjugale, je l’ai vécue avec le père de mes enfants. Avec monsieur c’est complètement différent. J’avais tellement bu ! J’avais besoin d’être contenue. » Les magistrats qui mangent (et nous avec) des violences conjugales à chaque audience depuis des années, ne peuvent pas accepter cette position qui fait dire à une victime que c’était sinon de sa faute, au moins compréhensible. Tous ils interviennent pour la confronter mais elle tient bon : elle a un problème d’addiction à l’alcool, elle a pris rendez-vous au CSAPA, elle est décidée à en sortir, et lui, il n’est pas violent habituellement. « Je n’excuse pas son geste mais à lui, je pardonne. »

Le parquet : des coups portés sur une femme sans défense, ivre et maintenue

« Ce n’est pas un dérapage, dit la procureur. Madame n’est pas capable de se protéger, c’est manifeste. Et puis son passé… souvent on retrouve quelqu’un qui va faire pareil. Il faut un long travail pour sortir de ça. La société ne tolère plus les scènes de violences intra-familiales. Là, ce sont des coups portés sur une femme sans défense, ivre et maintenue. » Elle requiert la peine de 10 mois de prison sont 4 mois seraient assortis d’un sursis probatoire avec interdictions de contact et de paraître au domicile de la victime. Et puis un mandat de dépôt, « il a deux mentions déjà pour des violences ». (9 condamnations en tout à son casier, dont 1 an ferme en 2020 pour avoir servi de mule dans un trafic de stupéfiants)

La défense : frapper et tabasser ce n’est pas la même chose

L’avocat de la défense tempère ! « On n’a aucune main courante d’intervention au domicile pour des cris, des violences. Monsieur est nébuleux dans ses propos mais il avait bu, il peut avoir un trou de mémoire. Quand on regarde le visage de madame aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’elle a été tabassée. Il y a eu des coups, oui, et pas « une tapette ». On est entre les deux. » Maître Marceau plaide « une légende urbaine qui a la peau dure » à savoir que lorsque quelqu’un devient hystérique, il faut le secouer pour le calmer. « Il a fait un choix pourri, mais… les témoins ont rapporté la violence qu’ils ont ressentie : voir quelqu’un se faire tabasser c’est hyper violent. Mais, répète-t-il, lorsque quelqu’un se fait tabasser, il n’a pas cette tête-là ! Donc « pas d’interdiction de contact ». Quant à la peine : un mandat de dépôt pour ce contexte particulier, « non ». Une sanction, oui, mais il faut penser à la réinsertion du prévenu, « le travail c’est important pour l’équilibre économique des familles ».

Le prévenu s’excuse auprès de la victime. « Je voulais réveiller l’esprit de madame. En aucun cas je n’ai donné de coups de poing. Ça fait perdre du temps à moi, à ma famille, à vous aussi », dit-il aux juges.

8 mois avec mandat de dépôt

Il est quasi 21 heures lorsque le tribunal, qui siège depuis 14 heures, déclare monsieur coupable et le condamne à la peine de 8 mois de prison avec mandat de dépôt. Pas de peine complémentaire d’interdiction de voir la victime. « Le tribunal vous renvoie à votre propre responsabilité, et madame aussi. »
La victime pleure un peu, lance à son homme « C’est ma faute ! ». Il se retourne et lui renvoie une parole responsable : « Non, c’est de la mienne, c’est ma faute. »

Florence Saint-Arroman

 

 

 

Voir l'article : Montceau News




Le commentaires sont fermés.