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vendredi 29 juillet 2022 à 05:00

Blanzy – Attouchements sexuels sur personne vulnérable



 



 

Quand il se sent en manque d’attention, il a des pulsions, comme ça. Il avait appris des trucs pour ne pas céder, mais le 21 avril dernier, à Blanzy où il vit, il s’en est pris à une jeune femme.

« J’avais pas l’intention de la toucher. C’est quand on s’est retrouvés seuls tous les deux. » Possible, mais alors fallait qu’il reste chez le voisin à boire un coup/un café (on ne sait pas), au lieu de la suivre chez elle : il avait mal à la tête, elle allait lui donner des cachets. A peine ils entrent dans le logement de la jeune fille qu’il s’exclame : « Attention, tu as une araignée sur les fesses ! » Premiers attouchements. Puis dans le salon, même prétexte mais il met sa main dans son jean et dans sa culotte. Elle en est restée sidérée, et, en racontant la scène aux enquêteurs, elle s’est mise à pleurer, forcément.

« Quand j’étais abstinent, je n’ai plus eu de problèmes. Mais… »

Il reconnaît tout. Il se raconte un peu à l’audience du 28 juillet, où il est jugé selon la procédure de comparution à délai différé : ses manques, l’alcool immodéré et habituel, ses réunions avec les Alcooliques anonymes, la baisse de sa consommation d’alcool, puis l’abstention pendant 10 ans. « Quand j’étais abstinent, je n’ai plus eu de problèmes. Mais maintenant, quand il m’arrive de boire… » … sa vie pulsionnelle risque de le dominer. Ce fut le cas en avril dernier.
Il raconte ses déceptions affectives, ses investissements relationnels sans retour, sa grande frustration. Le soir des faits, la victime lui a fait un SMS, il lui a répondu en disant qu’il ne recommencerait plus. La jeune femme en parle à son compagnon, puis à une éducatrice du SAVS (le service d’accompagnement à la vie sociale) qui lui dit d’aller porter plainte (elle est présente à l’audience, en soutien de la jeune femme).

Il a eu peur, suite à l’agression, « à cause de mon passé »

Le prévenu est né en 1977. Il a eu peur, suite à l’agression, « à cause de mon passé ». A-t-il été lui-même victime de violences sexuelles ? Silence, puis il souffle quelque chose. … « Vous ne pensez pas à ce que madame peut penser, à ce moment-là ? – Non. » Une autre juge le pousse du côté d’aller voir des psys, vraiment. « C’est pas évident, personne n’est au courant, c’est pas facile. » Maître Lépine intervient pour la victime : « Quelles sont, selon vous, les conséquences sur la victime ? » Il marmonne, « quand elle sort de chez elle, la peur, la crainte. » Il pense quitter la commune. S’il a peur à cause de son passé, c’est qu’il a deux condamnations à son casier, en 2001 et en 2011, toutes deux pour agressions sexuelles.

« Vous ne pouvez plus dire ‘j’ai honte, je n’en parle pas’, vu vos passages à l’acte » 

La victime vient à la barre. La juge qui préside lui demande de décrire précisément de nouveau les attouchements « même si monsieur les a reconnus ». Était-il par conséquent nécessaire de lui demander de dire, une fois de plus, ces mots-là ? L’émotion immédiate de la victime nous fait penser que non. 
Le prévenu vit seul, n’a pas d’enfants. Il a une amie, il est très proche de ses parents. Il travaillait en CDD, a perdu son boulot en intégrant le centre pénitentiaire. Il voyait un psy depuis quelques mois, mais n’a pas vraiment parlé des fractures de sa vie au psy… « Vous ne pouvez plus dire ‘j’ai honte, je n’en parle pas’, vu vos passages à l’acte. » 
L’expert psychiatre écrit que le prévenu exprime honte, culpabilité et regrets, et n’a aucune agressivité envers la victime. Il l’a agressée, mais n’a rien contre elle, rien.

« Qu’il a fait du mal ! »

Pourtant, elle se demande : « Pourquoi moi ? » Les agressions, par l’effraction qu’elles créent dans le cours de la vie des gens, viennent cogner sur leurs histoires, sur leur psychisme, dans leurs corps, forcément. D’où l’inégalité des victimes devant les traumatismes. Maître Lépine salue l’honnêteté du prévenu qui a reconnu les faits, d’emblée, mais « pour autant, qu’il a fait du mal ! ». La jeune fille déjà souffrante et fragile voit ses difficultés, ses angoisses et ses peurs renforcées, du fait même de cette agression sur personne vulnérable. Aline Saenz-Cobo, vice-procureur, reprend l’ampleur du préjudice, l’agression commise par quelqu’un qu’elle connaissait déjà, en qui elle avait confiance, et qui se trouvait alors chez elle, là où elle doit être en sécurité. La magistrate requiert la peine de 3 ans de prison avec maintien en détention et un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans (3 ans de prison à la clé au cas où). Elle s’interroge sur la nécessité d’interdire au prévenu toutes activités en relation avec des mineurs.

Cet homme n’est pas un prédateur

Maître Charbonnel s’élève contre cette vision des choses qui n’est pas adaptée au profil du prévenu. Un homme en proie à des démons personnels mais qui n’est pas un prédateur pour autant. « Certes il comparaît pour agression sexuelle pour la 3ème fois, mais la 3ème fois en 20 ans ! Il travaillait, personne ne s’est plaint de lui. L’expert psychiatre le dit : il n’est pas dangereux, il a conscience d’avoir besoin de soins et il s’en occupe. » L’avocate verse des témoignages au dossier : monsieur est réputé être gentil, respectueux des femmes, et doux dans ses relations personnelles. D’ailleurs l’homme s’excuse auprès de la victime.

2 ans ferme, 5 ans de SSJ, interdiction de paraître à Blanzy

Le tribunal déclare monsieur coupable, le condamne à la peine de 2 ans de prison avec maintien en détention, et à un suivi socio-judiciaire (SSJ) pendant 5 ans, avec une injonction de soins, l’interdiction de tout contact avec la victime, celle de paraître à son domicile, ainsi que de paraître à Blanzy, obligation d’indemniser la victime. Il a déjà été inscrit au FIJAIS, de droit il l’est de nouveau.

Florence Saint-Arroman

 

 

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