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lundi 27 juin 2022 à 21:52

Faits divers à Montceau-les-Mines



 



Elle appelle les secours en pleine nuit parce que son conjoint la violente. La police arrive. Monsieur est déchaîné mais sa compagne se retourne contre les policiers. « On a des actes de quasi sauvagerie à l’endroit des forces de l’ordre », dit maître Bibard à l’audience de comparutions immédiates ce lundi 27 juin.

Le couple est jugé, l’un et l’autre comme auteurs de violences sur conjoint, d’outrages et de violences sur les policiers, et lui, pour outrages, de surcroît, à l’encontre d’un pompier, pour elle, de surcroît, dégradations et mise en danger de la vie d’autrui. Chaque conjoint est donc aussi victime de l’autre, mais ils ne veulent pas se constituer parties civiles. Soit. Reste 4 policiers et un pompier, c’est bien assez, finalement. Autres victimes : deux véhicules de police. Lui, 42 ans, est en état de récidive légale. Elle, 37 ans, sa compagne depuis 15 ans, mère de leurs trois enfants, mère de deux premiers enfants, plus grands. Certains d’entre eux pleuraient, cette nuit-là.

Retour sur la soirée et la nuit du 22 juin dernier 

Les policiers arrivent donc sur place à 2 heures du matin. Le séjour est en désordre, des bouteilles d’alcool traînent, le couple, ce soir-là, carbure au rhum. Monsieur invective immédiatement les policiers, leur crache dessus et en mord un au flanc (ecchymose de 5 à 6 cm) ce qui motive le départ des pompiers pour la rue Romain Gary. Les autres sortent leurs tonfas pour que l’homme lâche leur collègue.  Ils sont plusieurs à tâcher de le maîtriser et le neutraliser, ce que voyant, madame prend fait et cause pour son homme, au point que son propre fils la ceinture pour l’arrêter dans son élan. Les policiers embarquent enfin monsieur dans les escaliers où ils sont victimes du jet d’un pot de fleurs. Faut dire que l’immeuble ne dormait pas et que des voisines mettaient de l’ambiance. Monsieur fait un malaise, « réel ou feint », dit la présidente, et lui aussi partira plus tard avec les pompiers. Celui qui restera à l’arrière du fourgon avec les blessés essuiera insultes, menaces de mort, et crachats sanglants, et ça ne vient pas du policier, évidemment. « L’accident d’exposition au sang » entraîne une procédure, prises de sang, attente de plusieurs mois pour l’hépatite : le SDIS 71 est présent à l’audience, et demande réparation. « Vous imaginez l’impact de ces agressions sur sa vie personnelle et privée ? »

Jets d’objets lourds et tranchants sur les voitures, tirs de LBD pour calmer tout le monde

Revenons en bas des escaliers alors que la nuit avance, que l’immeuble est en ébullition, qu’un policier saigne, qu’un autre a reçu un coup de tête à la lèvre, que le troisième porte également des traces de la foire d’empoigne. Le quatrième est resté dans l’un des deux véhicules. Les policiers et le prévenu enfin menotté sont sur le point de sortir du bâtiment quand ils entendent des bruits d’impacts. Madame, du deuxième étage, balance tout ce qu’elle peut sur les voitures, toutes les bouteilles en verre qu’elle trouve, un petit meuble, et cette bouteille de gaz de 7 kg… Le major qui est au volant prend alors la décision de filer au commissariat, chercher deux lanceurs de balles de défense (LBD) pour assurer la sortie de ses collègues. Il revient, fait des sommations, tire deux fois, ça calme ce petit monde, sauf monsieur qui continue à exprimer sa violence dans le camion des pompiers.

Jets de bouteilles du 2ème étage, « ça aurait fait quoi sur des hommes ? »

« On s’aime, mais mal » dit le prévenu du box (sa compagne se tient à la barre). Le tribunal lui oppose les témoignages de ses enfants, d’un fils qui dit s’être interposé une bonne dizaine de fois « pour protéger ma mère », de la grand-mère maternelle chez qui une des filles va chercher le calme. Anne-Lise Peron, substitut du procureur, reprend ces éléments et l’ensemble d’un tableau pas pensable, jusqu’à son « apothéose », « on arrive au grand n’importe quoi », « madame jette une bouteille de gaz, un banc, des bouteilles, sur les véhicules ». « Ça abime carrosseries et pares brises, ça aurait fait quoi sur les hommes ? ». Dégradation et mise en danger de la vie d’autrui. « On a dix chefs de prévention à deux, on a six victimes au total. » Elle requiert des peines de 24 mois dont 12 mois de prison ferme avec maintien en détention contre monsieur, et 10 mois de prison dont 5 mois seraient assortis d’un sursis probatoire contre madame.

Défenses 

Maître Peleija pour madame plaide une relaxe pour les violences contre son conjoint. Elle lui a certes lancé un pot (destiné au café, mais vide) dans le dos, mais il était en crise violente. L’avocate convient que les faits de mise en danger de la vie d’autrui, et de dégradations des véhicules de police, sont « les faits les plus graves », « mais madame n’est pas une délinquante en temps habituel ». L’affaire se ramène à deux constantes : l’alcool et une relation toxique entre les deux. Maitre Duquennoy plaide la relaxe pour un coquard que le prévenu nie avoir causé, et dont la victime dit elle-même qu’elle s’est fait ça ailleurs. L’avocat revient sur les dernières années de vie du prévenu, jonchée de pépins de santé plutôt graves et qui l’ont privé du travail qu’il faisait auparavant. « J’avais des missions à l’étranger, je gagnais de l’argent. » « Il ne se cherche pas d’excuses, il explique ce qui l’a conduit à plonger dans des dépressions et dans l’alcool. Tout le monde dit que lorsqu’il ne boit pas, c’est quelqu’un de poli. »

Deux peines de prison ferme, puis des périodes de probation

Le tribunal relaxe madame pour les violences sur conjoint, relaxe monsieur pour ce qui est antérieur à la soirée du 22 juin, les déclare coupables de tout le reste.
Madame est condamnée à la peine de 10 mois de prison dont 5 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de soins, de faire un stage de citoyenneté, d’indemniser les parties civiles. Interdiction de contact avec monsieur ainsi que de paraître à son domicile, « où qu’il soit ». Le tribunal ordonne l’exécution provisoire (c’est-à-dire immédiate) parce que les 5 mois de prison ferme sont aménagés en détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE).
Monsieur est condamné à la peine de 24 mois de prison dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de soins, d’indemniser les parties civiles, de faire un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales, interdiction de tout contact avec madame ainsi que de paraître à son domicile.

Les enfants qui pleuraient dans la nuit du 22, pleureront peut-être (sûrement) encore, mais la double question de la violence dont est capable cet homme lorsqu’il a bu (et il boit), et de cette relation inflammable entre madame et lui, ne pouvait plus traîner. C’est terminé.

FSA

Monsieur devra verser des indemnités au pompier ainsi qu’aux 4 policiers à hauteur, en tout, de 3200 euros, et madame à hauteur de 2300 euros en tout pour les 4 policiers.

 

 

 

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