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samedi 19 juin 2021 à 04:59

Permis de conduire en Saône-et-Loire : les inspecteurs du permis de conduire en sous-effectif



 



Après plusieurs mois d’activités à l’arrêt pour les auto-écoles, les retards pour passer le permis de conduire se sont accumulés. Pour autant plusieurs auto-écoles du territoire font état d’une réelle inquiétude pour l’avenir des futurs conducteurs et de leurs entreprises.


En effet, depuis plusieurs années, la Saône-et-Loire a un sous-effectif d’inspecteurs du permis de conduire. Cela conduit donc malgré les efforts de ces professionnels à des délais qui se rallongent de plus en plus pour passer le permis de conduire.

 

Et de fait, les auto-écoles ne recrutent plus car si le besoin de formation est réel, les dates d’examens sont un frein au passage rapide du permis et à l’obtention de celui-ci.

 

En 2017 et selon les chiffres fournis par la Préfecture de Saône-et-Loire, le département possédait 13 inspecteurs du permis de conduire. A la suite de l’externalisation du passage du code, le ministère a alors réduit le nombre de postes nécessaires, réduisant l’effectif à 10 pour la Saône-et-Loire.
Aujourd’hui 2 postes sont vacants à la suite de départs en retraite. Et ceux-ci n’ont pas trouvé de candidats.

 

Aussi pour répondre aux besoins du territoire, le Préfet a demandé la délégation de la sécurité routière de fournir deux stagiaires inspecteurs qui suivront leur formation à Nevers dès septembre prochain. Ils seront alors titulaires dès février-mars 2022. La Préfecture attend la réponse.

 

D’ici là, le département a demandé l’aide de départements voisins : Côte d’Or, Jura, Ain. En outre, un système national, la réserve nationale d’inspecteurs, laquelle a été suspendue à cause de la Covid, devrait être réactivé et permettre de pallier le sous-effectif.

 

80 jours d’attente entre un premier et un second passage de permis

 

A la préfecture de Saône-et-Loire, on rappelle que le délai actuel entre le premier et le second passage de l’examen de conduite est de 80 jours en moyenne pour la région. Ce n’est pour autant pas la situation la plus grave au niveau national. Pour autant, les services de l’État reconnaissent que la situation se dégrade. En 2019, ce délai était de 50 jours.

Les inspecteurs font au mieux et parfois même plus que mieux. Ainsi un inspecteur retraité prend en charge des examens supplémentaires. A Dijon, la préfecture compte aussi un arrêt maladie. « Pour l’instant, la situation est encore sous contrôle » nous indique-t-on du côté de la Préfecture.

 

Mais la Saône-et-Loire connaît une situation préoccupante : « On est dans une dynamique négative » nous explique-t-on.

 

L’effectif des inspecteurs correspond-il aux besoins ? Où en est le nombre de personnes désireuses de passer le permis de conduire ?

De manière globale, on constate une baisse du nombre de personnes qui passent leur permis.

En 2018, le département comptait 12 479 demandes de permis B, contre 11 164 en 2019.

A la préfecture, on souligne que cette dynamique correspond sans doute à une tendance lourde, si elle s’affirme. La population du département est vieillissante et le bilan démographique du département est négatif.

 

Et puis il y a certains jeunes qui considèrent que le permis n’est pas une nécessité. On observe cela surtout en milieu urbain où les moyens de transport collectifs sont plus développés.

 

Pour revenir à la situation des inspecteurs de permis, il semblerait qu’en mettant en parallèle la population du département et le nombre d’inspecteurs, le département était en situation favorable à priori… si l’effectif était au complet !

 

Du côté de la Préfecture, on déclare « faire tout notre possible pour améliorer la situation. Le Préfet va réécrire au délégué de la sécurité routière. Les inspecteurs font beaucoup d’efforts en travaillant les samedis pour faire des examens supplémentaires. On est dans une situation de délai comparable par rapport au niveau national. En région parisienne, certains départements connaissent des tensions au-delà de ce que nous connaissons. »

 

Par ailleurs de nouvelles tendances sont apparues ces dernières années : « Le nombre de candidats libres est de plus en plus important. Il y a une enseigne nationale qui a créé une franchise. C’est un modèle en pleine croissance. Ces candidats ne sont pas aussi bien formés qu’en auto-école. L’enseigne existe dans d’autres régions mais n’est pas encore arrivée en Saône-et-Loire.

 

Des auto-écoles inquiètes

 

A l’auto-école Vaison, on ne cache pas son inquiétude quant au sous-effectif des inspecteurs du permis de conduire. Lionel Vaison et son épouse expliquent « ceux qui restent ne peuvent pas se couper en deux ». Ils reviennent sur la situation déjà vécue par de nombreux candidats en 2020 et les délais d’examens de conduite : deux à trois mois pour un premier examen puis 4 à 5 mois d’attente pour repasser une deuxième fois. Sur Dijon, ce délai atteindrait jusqu’à 12 à 18 mois.

 

Alors pour réduire le budget des élèves ayant échoué la première fois à l’épreuve de conduite, l’auto-école leur propose la conduite supervisée. Et elle n’est pas la seule à le faire, puisque chez Warm up on a aussi choisi cette solution.

 

Chez Vaison, on imagine déjà aussi une démarche de privatisation de l’examen de conduite. Cela a déjà été fait pour le code. Du côté de la Préfecture en revanche, aucune information ne nous a été fournie à ce sujet.

 

Chez Warm up, on nous précise aussi le nombre de places pour passer le permis est insuffisant.

Conclusion, si un candidat passe son code en juin, il débutera ses cours de conduite en août seulement afin de réduire l’attente pour le passage de l’examen de conduite. Et chez Warm up à l’heure actuelle, on est obligé de refuser de nouveaux dossiers, faute d’inspecteurs de permis de conduite : « Je ne prends pas de candidats libres. J’ai 1400 élèves. On ne peut pas embaucher. Si on embauche, on n’a pas de place pour les examens. Les gens ont du mal à le comprendre » nous explique la gérante de Warm up.

 

Et d’ajouter : « Pour tous les permis c’est compliqué. Les inspecteurs ils font ce qu’ils peuvent »…

 

Tous les professionnels s’accordent donc sur le handicap que constitue aujourd’hui pour la profession le sous-effectif des inspecteurs de permis en Saône-et-Loire et sur l’ensemble du territoire national.

Si la Préfecture de son côté fait état de sa motivation à équilibrer la situation, il semblerait que dans le meilleur des cas, cela soit possible courant 2022 seulement.

 

EM

 

 






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