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mardi 1 juillet 2025 à 06:02

Bassin minier



 

 

C’est dramatique. Cet homme condamné en avril dernier à une peine indulgente – car c’était sa première peine et ça lui donnait des chances de s’en sortir, tout en protégeant la victime -, est dans le box, ce lundi 30 juin. État de récidive légale ? Ce coup-ci c’est deux ans ferme, mandat de dépôt.

Il avait 27 ans en avril, il vient d’en avoir 28. A part ça, l’homme est sur le même registre : il minimise et se défausse, il fuit ses responsabilités.
Le 27 juin, soit vendredi dernier, son ex-compagne appelle la police : « Il est là, il est en train de tout casser. » De ce qu’on comprend, l’homme, sous le coup pourtant d’une interdiction de tout contact avec son ex-conjointe, s’était pointé chez elle « pour récupérer des affaires à moi ».

Ça s’est fini avec la police dans le salon, le fils du prévenu en larmes, une ITT de 5 jours pour une amie de la victime qui a pris un coup de plateau au visage, pas d’incapacité pour la mère de l’enfant mais elle a, elle aussi, pris un coup et en a saigné.

« Quelle valeur ça a, pour vous, une interdiction judiciaire ? »

Le président prend le temps d’interroger le prévenu parce que sa version diffère de celles des témoins alors on reconstitue. Les questions sont posées serrées pour cerner ce que l’homme dans le box reconnait et ce qu’il en dit. Le bilan lui est parfaitement défavorable. Avancer des « bisous » échangés ne saurait en rien minimiser sa responsabilité, passée et présente.
« La question n’est pas celle de bisous ou de câlins, le reprend une fois de plus le président. Si la justice vous interdit tout contact avec madame, ce n’est pas pour rien. Le sujet, il est là : C’est vous et madame, vous et l’enfant, vous et votre violence. Quelle valeur ça a, pour vous, une interdiction judiciaire ? »

Le jugement d’avril pèse trois tonnes, sauf dans la bouche du prévenu

Le juge poursuit : « ça fait deux fois qu’on vous voit pour violence. Vous vous percevez comme violent ? » Et le prévenu, répond (et avec sa réponse, on voit les mois de sanction qui s’accumulent) : « Non, pas de base, c’est quand on me pousse à bout de nerfs. »
Ah. Mais, en avril, il a bien été condamné pour des violences habituelles ? Sur une durée de 5 ans !
Le prévenu donne une réponse qui multiplie encore les mois de prison à venir : « Ah, oui, elle était tombée dans les escaliers par rapport à son diabète. »

On peut lire l’article ici pour se faire une idée de ce qu’il en est : https://montceau-news.com/faits_divers/827298-bassin-minier-195.html . Et puis ça permet de mieux comprendre la sanction qui l’a frappé ce lundi.

« Une question de respect »

Du reste l’attitude du prévenu agace ouvertement le président. Alors que l’homme boit quelques gorgées d’eau (il fait extrêmement chaud dans cette salle sans air frais, dans le box, c’est pire, ndla), le juge lance d’une voix forte : « Buvez ! Vous avez raison : personne d’autre n’a envie de boire, dans cette salle. Vous avez raison de boire goulûment de l’eau fraîche pendant que je vous parle ! Eh bien vous attendrez la suspension d’audience. C’est une question de respect, monsieur, comme pour l’interdiction de contact ! »

Le prévenu a arrêté sa scolarité en 3ème, n’a pas le brevet des collèges, travaille à mi-temps dans un kebab, il dit gagner 500 euros par mois. Il loge chez un ami, celui qui l’avait emmené en voiture récupérer des affaires, vendredi dernier.

Le prévenu a un gros problème de franchise, de lucidité, de responsabilité

« Monsieur ne pense pas grand-chose de sa responsabilité ! » attaque la procureur qui énumère les éléments à charge dont des petites vidéos prises à la sauvette pendant les scènes violentes et qui sont à charge sans discussion possible. Elle demande la révocation totale du sursis prononcé en avril dernier (12 mois) et une peine de 16 mois dont 6 mois seraient assortis d’un sursis probatoire. Ça ferait 22 mois ferme en tout.

L’avocat qui intervient en défense plaide un contexte envenimé par cette amie de la victime qui met de l’huile sur le feu. Elle plaide « l’immaturité » du prévenu, qui explique son attitude « désinvolte ». Elle plaide pour un sursis probatoire et que le prévenu peut aller vivre ailleurs qu’à Saint-Vallier.

Le tribunal, après en avoir délibéré longuement (ce dossier a pris 3 heures), requalifie les faits en ajoutant « en présence d’un mineur », ce qui est une circonstance aggravante, et retient l’état de récidive légale (qui peut aller jusqu’à doubler la peine encourue).

Révocation de sursis et peine mixte, incarcération immédiate

Le tribunal dit l’homme coupable et le condamne à la peine de 24 mois de prison dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec obligations de travailler, de suivre des soins psychologiques, de faire un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales, de payer le droit fixe de procédure, d’indemniser la victime (qui a demandé un renvoi sur intérêt civil).
En outre : interdiction de porter une arme pendant 5 ans, et interdiction de tout contact ainsi que de paraître au domicile de la victime.
Enfin : révocation totale du sursis probatoire prononcé en avril dernier, de 12 mois, avec incarcération immédiate.
Le tribunal décerne mandat de dépôt pour les 12 mois ferme de la peine principale.
Le total fait 24 mois ferme.

Enfin : retrait de l’exercice de l’autorité parentale. La procureur disait : « Comme monsieur ne le fait pas, la justice va devoir prendre ses responsabilités, à sa place, pour cet enfant. »

FSA

 

 

 

 






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