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mardi 24 juin 2025 à 04:41

Violences intra familiales (VIF)



 

Leur voisine, à Blanzy, a appelé la police, il y a deux jours. Elle a vu l’homme sauter sur la femme, elle a entendu celle-ci « hurler de douleur ». La victime a 15 jours d’ITT rien que pour les dernières violences. A chaque fois, leur fille, 2 ans et demi, est présente.

Dans le box des comparutions immédiates, ce 23 juin, l’homme né en 1993 au Creusot, au casier fort de 9 mentions dont certaines pour des violences, veut justifier la scène du 21 juin : « J’aurais préféré qu’elle me dise rien plutôt que de me dire qu’elle m’a fait cocu. » Ok, sauf qu’il doit répondre de violences commises sur sa compagne et mère de son enfant, le 8 avril, et le 24 mai, aussi. La victime n’est pas venue et ne s’est pas fait représenter par un avocat.

Un juge de l’application des peines, assesseur à l’audience, intervient : « Si vous aviez une interdiction de contact, vous la respecteriez ?
– Je sais pas… Si elle, elle a envie de me voir… Moi je voudrais la voir chaque jour de ma vie.
– Et si le juge vous impose cette interdiction ?
– Je serais dégoûté. Y a vraiment de l’amour entre nous. »

« Je me sens comme une m… ! Comme une grosse m… ! »

Là-dessus le prévenu entame une sorte de négociation de peine : plutôt « 10 ans de sursis » qu’une incarcération… La procureur l’interrompt, lui demande en substance de ne pas mélanger les places de chacun. Puis lui demande comment il se sent, d’avoir commis autant de violences horribles sur sa compagne. Il réagit un peu fort : « Je me sens comme une m… ! Comme une grosse m… ! C’est ça que vous voulez entendre ? Je me sens comme une m… . »

« Vous avez été victime de violences, quand vous étiez petit, vous avez aussi été témoin de violences. Pourquoi vous recommencez ? Votre fille risque, plus tard, de subir des violences ou d’en commettre, donc il faut que ça s’arrête. » Le prévenu est d’accord : « J’ai eu un déclic, je sais qu’il faut que ne boive plus d’alcool et que j’aille voir un psychologue. » Puis il s’insurge : « Quand on n’a pas reçu d’amour, comment on fait pour aimer ? Comment on fait ? »

Rabaissement, violences, « multitude de coups »

« Madame a dénoncé trois épisodes de violence grave. Depuis le début de leur relation, elle parle de rabaissement, de violences, et d’isolement. Elle aimait son compagnon et n’a rien dit. A chaque fois ça commence par une dispute et elle reçoit une multitude de coups, de pied, de poing, et beaucoup sont portés au visage. Le 21 juin, une voisine est intervenue. Madame a un œil… vous avez vu dans quel état ! A un moment elle est tombée à genoux, monsieur s’est arrêté. La voisine est choquée, et l’enfant, âgée seulement de 2 ans et demi, est témoin de ça ! »

Le prévenu était sous bracelet électronique. « Madame n’est pas à l’initiative de la procédure, rappelle la procureur. Mais il y a deux victimes, dans ce dossier : la mère et l’enfant. » La magistrate demande une peine de 24 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans (avec interdiction de contact et de paraître), et le retrait de l’exercice de l’autorité parentale. Maintien en détention pour les 18 mois ferme.

« Il est devenu un adulte carencé »

« Il est de bonne foi, il a toujours reconnu, plaide maître Bouflija. On lui parle de l’impact des violences sur sa fille mais c’est ce qu’il a vécu ! Victime et témoin de violences, il est devenu un adulte carencé.  Il dit qu’il regrette les faits. Il est de bonne foi à votre audience. »
Le prévenu a la parole en dernier : « J’accepte tout, sauf qu’on me mette à Varennes. J’avais arrêté de fumer, là-bas, je vais recommencer ? » L’argument n’est guère habile devant un tribunal. Le chantage, même déguisé, n’y est jamais bien accueilli.

3 ans de prison dont 1 an est assorti d’un sursis probatoire

Le tribunal condamne l’homme à la peine de 3 ans de prison dont 1 an est assorti d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler, de suivre des soins (addicto et psycho), interdiction de tout contact avec la victime ainsi que de paraître sur la communauté urbaine Le Creusot-Montceau. Il devra suivre un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales.
Le tribunal ordonne le retrait de l’exercice de l’autorité parentale.
Inéligibilité de 5 ans.
Pour les 2 ans ferme, le tribunal décerne mandat de dépôt.
En prison, il y aura peut-être « un risque de manque pour l’alcool », dit l’homme.

FSA

 






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