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lundi 7 avril 2025 à 20:56

Bassin minier



 

 

 

L’homme se tient à la barre, ce 7 avril, convoqué pour répondre de violences habituelles sur sa récente ex-compagne et dégradation de biens. Il n’a que 27 ans. Ils ont passé 8 ans ensemble, leur enfant a 6 ans.

L’homme se tient à la barre et proteste, il ne reconnaît pas grand-chose. Il décrit pourtant une relation électrique de nerfs à vifs et d’insultes qui fusent plus vite que des balles, des gestes violents aussi.

Le prévenu n’a pas d’avocat. La victime n’est pas venue. « Madame elle ment ? – Beaucoup. – Elle peut raconter des mensonges sur d’autres ? – Non, que sur moi. » La présidente, face aux dénégations, mène une instruction sans remous mais vive, alerte.

Les faits

Le 13 mars dernier, une femme appelle la police, qui se rend à son domicile, à Saint-Vallier. Les policiers constatent que son manteau est en partie déchiré, elle leur dit que son ex lui a donné des coups dans les jambes. Le médecin constatera un hématome sur une cuisse, 3 jours d’ITT. Ils sont séparés depuis février. Il était venu chez elle pour leur petit, car elle prend son poste de travail tôt. 

La police a pu constater sur place : des vêtements de la femme coupés au ciseau et des bottes et ballerines saccagées avec le même moyen, de l’urine (celle du chien que monsieur a laissé sortir de la cuisine où il était confiné) sur le canapé. Le tribunal a des photos.

Des témoins le décrivent comme « impulsif, très jaloux »

Le tribunal a aussi des auditions de témoins, plutôt nombreux, qui parlent tous de « comportement violent », « insultes », « jets d’objets », « privation de téléphone ». La présidente s’y arrête : « Madame a besoin de son téléphone pour suivre un traitement médicamenteux vital pour elle, et vous le lui prenez ? »
Les témoins vont tous dans le même sens, à part un ami du prévenu et puis ses parents. Une femme décrit le prévenu comme « méchant, très jaloux, impulsif », elle a même peur de témoigner. On évoque des bleus, aussi, bras, jambes…

Amener le prévenu à une définition des violences

Le prévenu se défend encore. Il a eu quelques gestes oui, mais « tirer, c’est pas taper ». Les juges et la procureur vont se relayer pour amener le prévenu à une définition des violences. Ça se fait en douceur et avec quelques effets semble-t-il. 
Madame a reconnu avoir eu des actes violents sur des affaires de monsieur, mais la balance est plus chargée de son côté à lui : violences verbales très fréquentes, violences psychologiques (rabaisser, etc.), violences physiques. 

« Vous êtes désinséré »

Il se défend quand même, encore. Il décrit des prises de tête, des histoires à n’en plus finir, et que le nez cassé c’était lié à une chute parce qu’elle est diabétique alors elle fait des malaises, et puis elle accroche ses vêtements, et puis elle aussi… elle aussi… 
Il n’en reste pas moins que son comportement interroge le tribunal : « Vous êtes désinséré. Pourquoi vous vous êtes éloigné de la vie professionnelle depuis 2021 ? À en devenir encore plus inactif. » A ce moment de l’audience la présidente resserre un peu son propos à l’adresse de l’homme. 

Au milieu de tout ça, un jeune enfant

Comme pour des jeunes vus récemment au tribunal, la vie de ce couple est devenue « très compliquée » après la naissance de leur enfant selon plusieurs témoins. Décidément.
La victime n’a pas déposé plainte. Le casier du prévenu est vierge. Leur enfant n’est pas épargné (ni par la vie avec des parents violents l’un envers l’autre, ni par la procédure puisqu’il a été entendu par la police, alors qu’il n’a pas 7 ans), la procureur l’évoque aussi.

Réquisitions

« Monsieur reconnaît des violences. C’est un couple qui n’a jamais fonctionné, au fond. Madame a reconnu avoir été violente, mais aujourd’hui vous n’avez à juger que monsieur. Les insultes, les propos rabaissants, rapportés par plusieurs témoins sans versions uniformes mais au contraire, circonstanciées. Violence verbale depuis toujours. Dégradations de biens, habituelle. Ballerines coupées, et pour les bottines, leur enfant le dit : ‘Papa a cassé les bottes de maman’. » 

« Monsieur a des comportements violents qu’il ne perçoit toujours pas comme tels »

« Sous la colère, monsieur a des comportements violents qu’il ne perçoit toujours pas comme tels mais des bleus sur le corps de madame, d’autres les ont vus. On a un autre certificat médical, en 2024, quatre jours d’ITT, des traces de coups (á la tête, épaule), hématomes, trace sur le cou. Et un témoin de son balcon une nuit voit monsieur mettre une grande gifle à madame. »

Violence banalisée et pourtant 5 ans, c’est long

« La violence est banalisée dans la bouche de monsieur. Il reconnaît une béquille : c’est une violence. Traîner quelqu’un par le col, c’est violent. Etc. Et ça dure depuis des années. »
Placé sous contrôle judiciaire le 15 mars, le prévenu avait une obligation de soins mais « n’en a pas vu la nécessité », dit encore la procureur qui demande au tribunal de tenir compte des 5 ans de la prévention, de la variété et de la fréquence des violences, et de l’inactivité de l’homme, « à 27 ans, c’est inquiétant ». « La justice n’est pas là pour pallier toutes les carences, il faudra y mettre un peu de volonté. »

Elle requiert une peine de 24 mois de prison dont 12 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de travail et de soins et interdictions de tout contact ainsi que de paraître au domicile de son ex compagne.

Première condamnation : 2 ans sous main de justice, 12 mois de prison au-dessus de la tête

Le tribunal dit l’homme coupable et le condamne à la peine de 12 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler, de suivre des soins psychologiques, de payer le droit fixe de procédure, de faire un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales. Interdictions de tout contact avec madame ainsi que de paraître à son domicile.
Ces mesures prennent effet immédiatement.

Madame peut alerter la police si jamais monsieur lui faisait un signe, fut-ce un SMS, et il pourrait être incarcéré. 12 mois de prison sont là, en sursis mais révocables.
Le tribunal le condamne en outre à une privation de son droit d’éligibilité pendant 2 ans, et à une amende de 150 euros pour les dégradations.

La présidente explique tout ça au condamné. « Est-ce que tout est clair ? – Très clair. »

 

FSA

 

 

 

 






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