Autres journaux :


vendredi 13 septembre 2024 à 06:11

Faits divers : Montceau



 

Le 27 juin dernier le juge lui a dit : « Soyez conscient, monsieur, que si aujourd’hui vous sortez libre d’ici, ça ne sera pas le cas si vous recommencez. » Ce 12 septembre il est dans le box : il a recommencé.

Il a recommencé à voler du carburant et en plus, ce coup-ci, il doit répondre de violence (1 jour d’ITT) sur sa compagne et de menaces, aussi – « Je crame ton appartement et je me barre ».


L’homme, de nationalité française, est âgé de 43 ans et il vit chez sa compagne à Montceau, avec la fille de celle-ci, et sa petite-fille à lui, encore nourrisson.
On peut lire le récit de l’audience de juin ici : https://montceau-news.com/faits_divers/790332-faits-divers-montceau-blanzy-2.html)

Les violences ont démarré, le 6 septembre, sur le parking, puis une deuxième scène à l’appartement (jet bouteille de lait au visage) et dans la cage d’escalier où elle va chuter. Entre les deux scènes, une salve de messages menaçants. La femme va déposer plainte trois jours plus tard, son compagnon est interpellé le jour même.

Un discours liquide, en flots, comme en juin

Dès qu’il a la parole, le prévenu se déverse, comme en juin, et tient les mêmes propos. « J’ai tellement été blessé au cœur », « c’est mon passé qui me rend comme ça », « j’ai été détruit par une femme, mais pas elle, hein, elle, elle a toujours été là pour moi »… 
Elle a toujours été là pour lui… Ça se peut mais c’est terminé. La femme est à l’audience et se constitue partie civile pour elle et pour sa fille, témoin des violences. 

100 litres de gasoil

Le vol de carburant a fait l’objet d’une procédure incidente puisque la plainte de la société de transports est arrivée en même temps que la plainte de la compagne du prévenu. La société estime la perte à 100 litres de gasoil. Maître Lions intervient pour elle et demande des indemnités pour le préjudice matériel comme pour le préjudice moral.

A l’origine des violences : besoin d’argent pour acheter de la drogue

Comme à l’audience de juin, le prévenu affirme qu’il est sûr de n’avoir volé que « trois fois vingt litres ». Ce n’est pas un voleur discret, il ne prend pas de précautions énormes : il a besoin d’argent. « Parce que je ne m’en sors pas. Je ne me reconnais plus. » Et puis il a besoin d’acheter de la cocaïne. C’est d’ailleurs la cause de la dispute du 6 septembre : il réclamait encore de l’argent à sa compagne, 70 euros exactement, mais cette fois-ci elle n’a pas cédé. C’est qu’elle travaille et pas lui, et puis, depuis quelques temps il l’insulte à tout bout de champ et la harcèle pour qu’il puisse aller acheter « sa merde ». « Je ne le reconnais plus » dit-elle au tribunal. Seule son intervention plonge le prévenu dans un chagrin qui éclate et s’arrête comme un orage d’été.

Un juge assesseur resserre les boulons

Si la présidente a laissé le volubile se répandre (tout en étant extrêmement rigoureuse dans sa conduite de l’instruction), l’air se rafraichit quand un juge assesseur par ailleurs juge de l’application des peines, intervient. C’est que le prévenu a rencontré ce juge il y a peu : il demandait l’aménagement de sa condamnation en juin dernier…

Il a bien dit à sa femme que ça serait de sa faute à elle s’il était incarcéré 

Au sujet de « c’est à cause de mon passé » … Est-ce une raison ? demande le juge. Et puis, après le passage de la police au domicile le soir du 6 septembre, il a bien dit à sa femme que ça serait de sa faute à elle s’il était incarcéré ? « Comment ne peut-elle pas avoir le sentiment que tout repose sur elle, avec le discours que vous lui tenez ? » … Le prévenu balbutie : « Je m’exprime mal. » « Vous avez dit cela » martèle le juge qui le serre dans un coin (c’est une façon de parler, hein) : « vous l’avez dit », « vous vouliez l’argent », « le jet de bouteille, c’était sur elle ». Le prévenu ne s’attendait pas à ce qu’on lui serre la vis et lance un « Mais… Chef ! » plutôt mal venu (cf l’article de juin dernier).

Cocaïne et « ancrage dans la délinquance »

Une autre juge assesseur souligne que « 70 euros », c’est le prix d’1.5 gramme de cocaïne, soit la consommation hebdomadaire du prévenu. Puis elle retrace la chronologie qui annonce l’incarcération : jugé le 27 juin, convoqué le 28 août, puis nouveau vol et violences et menaces de destruction de l’appartement où vivent femme et enfant.
Cette flèche du temps accéléré s’épaissit lorsque la présidente donne le détail du casier judiciaire du prévenu. Outre 3 condamnations, plus celle de juin dernier, il faut ajouter celles des 3 et 5 juillet, par le tribunal de Villefranche pour recel provenant d’un vol et vol de carburant et conduite malgré la suspension du permis de conduire. La présidente relève alors « un certain ancrage dans la délinquance ».

« Un risque de récidive élevé »

Du reste, le procureur ajoute à cela « le positionnement de monsieur à l’audience, que je trouve inquiétant. Il y a un risque de récidive élevé. D’autant plus que monsieur n’a pas de travail, pas de projet et désormais pas de logement. » Il requiert la révocation de 3 mois du sursis de juin et 12 mois de prison avec maintien en détention.

« C’est un abimé de la vie »

Maître Reynaud fait part au tribunal d’une « épineuse question » qui se pose à lui « depuis que j’ai rencontré monsieur » : « comment le défendre ? » L’avocat met « un bémol sur l’élément intentionnel », rappelle que son client dit regretter ce qu’il a fait. « C’est un abimé de la vie » conclut l’avocat.

15 mois ferme, maintien en détention

Le tribunal dit le prévenu coupable et le condamne à la peine de 24 mois de prison dont 12 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de soins, de travailler, de réparer les dommages causés, de payer le droit fixe de procédure de 127 euros.
Interdictions de paraître sur le lieu de travail de la victime ainsi que sur sa commune de résidence. Interdiction de tout contact avec la victime et sa fille.
Le tribunal ordonne le maintien en détention pour les 12 mois ferme et l’incarcération immédiate pour les 3 mois de sursis qui sont révoqués. Interdiction de porter une arme, pendant 3 ans.
Ça fait 15 mois en tout, « pour des faits extrêmement graves ». Il y a 10 ans, il avait déjà été condamné pour des violences sur conjoint, c’était alors une autre femme.

 

FSA

 

 






Le commentaires sont fermés.