Montchanin
Ce jeudi soir, la salle des fêtes « Le Moderne » de Montchanin a accueilli une conférence-débat sur le thème de la transition énergétique organisée par la fédération d’associations « Vent de sottises ».
Objectif : apporter des éléments de réponse à la question suivante « Écologie, développement économique, respect de l’environnement et indépendance énergétique sont-ils conciliables ? ».
Et pour éclairer ce débat, ce sont trois grandes figures nationales qui sont venues animer cette conférence, à savoir :
– Antoine WAECHTER, personnalité du mouvement écologiste et ancien candidat à l’élection présidentielle,
– Julien AUBERT, secrétaire général adjoint des Républicains et ancien Président de la commission parlementaire sur l’impact économique, environnemental des énergies renouvelables et l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique,
– et Pierre LAURENT, Sénateur honoraire jusqu’en 2023, Vice Président du Sénat (2020 -2023). Il a été membre de la commission européenne du sénat pendant les discussions sur le Pacte vert européen.
Yohann Cassier, Maire de la commune de Montchanin, a accueilli les conférenciers, organisateurs et personnes présentes dans la salle, rappelant le passé et le présent de Montchanin autour de l’ancienne décharge industrielle sur laquelle des panneaux photovoltaïques devraient être prochainement installés.
Dans la salle, plusieurs élus étaient présents parmi lesquels : Daniel Meunier, 1er vice-président de la CUCM, Jean-François Jaunet, vice-président à la CUCM en charge des déchets et Sophie Clément, vice-présidente au département.
Joël Jouve, Président de la fédération « Vent de sottises » a présenté les trois experts suivants et les thèmes abordés ce jeudi soir. Puis au cours d’une courte introduction, il s’est interrogé : « Comment engager et planifier les transformations nécessaires dans un contexte de crise ? En dehors de cette approche globale de la transition énergétique, c’est bien aussi l’objet de cette conférence que d’ouvrir le débat sur la façon dont cette transition énergétique s’articule avec la préservation du patrimoine, du paysage, mais aussi avec le droit à la parole des populations concernées par des projets d’implantations d’énergies renouvelables à leurs portes ».
Les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables
Julien Aubert débute la soirée avec une intervention d’une vingtaine de minutes sur les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables. Il évoque le contexte de son arrivée dans la commission d’enquête au parlement sur la transparence des énergies renouvelables. Il rappelle le contexte des gilets jaunes et la prise de conscience de l’augmentation du tarif du carburant pour financer les énergies renouvelables.
Puis il évoque l’arrivée de l’éolien dans les débats. La justification écologique n’existait pas, explique Julien Aubert. Selon le conférencier, les personnes concernées par le sujet ne sont pas écoutées et ne sont pas étudiés, tels que l’impact des énergies renouvelables sur l’être humain. Il dénonce l’opacité sur les prises de décisions. La manière dont certains opérateurs pouvait se comporter était cavalière, ajoute-t-il, sans parler de l’impact sur le patrimoine.
« Derrière c’est un problème de conception de l’écologie, une écologie anti-humaniste. » explique-t-il. Et d’ajouter : « je pense qu’on a besoin d’un débat. Non il n’y a pas d’urgence. ». Il dénonce une action méprisante des pouvoirs publics, où l’homme n’aurait pas son mot à dire.
« Pour qu’une écologie fonctionne, il faut qu’il y ait un débat éclairé. » conclut-il.
Souveraineté et indépendance énergétique en France
Pierre Laurent poursuit la soirée avec le thème de la souveraineté et l’indépendance énergétique en France.
L’ancien élu évoque les textes européens qui arrivent souvent sans étude d’impact, sans lien avec le terrain. Les projets ne prévoient pas les conditions de leur mise en jeu. Il met en avant son insatisfaction dans le fonctionnement du parlement européen. Pour lui, il est évident qu’il faut réellement s’interroger sur les évolutions climatiques, au risque de payer de plus en plus cher le prix de ces changements.
« Nous sommes face à des obligations de changement face à la manière dont nous avons construit les choses depuis la révolution industrielle. » ajoute Pierre Laurent. Il met en avant la nécessité de changements systémiques, structurels. Il faut des changements d’ampleur avec tout le monde et pour tout le monde, selon lui. Ce sont ainsi beaucoup de questions auxquelles il faut faire face : diminution des gaz à effet de serre, éviter d’externaliser nos pollutions, les enjeux des transports, la rénovation des logements etc.
De son point de vue, tous ces changements nécessite une augmentation de l’électrification, de la production électrique du pays. Selon le conférencier, d’ici 2050, il faudrait doubler la production d’électricité en France. Pour faire cela, il faut parier sur le nucléaire et les énergies renouvelables pour lui. Il prône le développement de toutes les énergies renouvelables rapidement mais de manière réfléchie. Pour Pierre Laurent, il faut une planification et ne pas laisser toutes les libertés au marché.
Antoine Waechter évoque la richesse des paysages français
Au cours de son intervention d’une vingtaine de minutes, Antoine Waechter évoque son engagement pour la défense de l’habitat humain et la dégradation des paysages par certaines énergies renouvelables.
Il parle des réseaux de lignes électriques et leur impact sur le paysage. Il se souvient des négociations avec EDF pour en réduire le nombre et s’engager à l’enterrement des lignes haute tension.
« Oui le renouvelable n’est pas vertueux. C’est une idée que l’on essaie de nous mettre progressivement dans la tête. Les pouvoirs publics essaient de réduire la transition écologique en transition énergétique. » explique-t-il. Et d’ajouter que la transition énergétique doit respecter la santé des gens, les paysages et la démocratie.
Au fur et à mesure de sa présentation, il traite différentes énergies : éolien, solaire, nucléaire. Et selon lui, la culture du paysage n’existe pas en France. « Les éoliennes que l’on installe, c’est une zone industrielle, une zone industrielle dans les campagnes, c’est une discordance » plaide-t-il.
Il évoque l’impact des éoliennes sur l’environnement et notamment les grands rapaces tels le milan royal. C’est une espèce dont les effectifs ont réduit. Et d’égrener différentes espèces impactées par les éoliennes. « L’éolienne crée une véritable désert écologique » conclut-il sur les éoliennes.
Une croissance indéfinie n’est pas possible dans un monde fini, indique Antoine Waechter. Il appelle à un changement de paradigme : voiture moins énergivore par exemple.
A l’issue de cette présentation d’Antoine Waechter, c’est la salle qui a pris la parole.
Décarbonation de la société, comment conjuguer différentes productions d’énergie ? Combat contre les éoliennes… Comment créer un rapport de force face aux opérateurs ? Pour ou contre le mix énergétique ? Et les déchets nucléaires ?
Les intervenants ont pu préciser certains éléments de leurs présentations. Et chacun a pu s’exprimer sur le sujet de la soirée.
EM
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