Confronté à la disparition des abeilles
Le Varroa, la biodiversité et l’amateurisme y jouent un rôle prédominant explique un apiculteur !
En général, lorsque l’on évoque la disparition d’un nombre impressionnant d’abeilles depuis quelques années, on incrimine les pesticides. Or, ce n’est pas du tout l’avis de certains apiculteurs chevronnés. Et notamment celui de Christian Soroka, qui est dans la profession depuis 40 ans. Et qui travaille en lien avec le GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole).
Début d’une belle aventure avec 50 ruches
En 1979, l’homme est un passionné de botanique depuis longtemps. Il prend donc des cours avec Roland Raison, un professionnel de l’apiculture et en tire tant d’enseignements qu’il est bientôt à la tête d’une cinquantaine de ruches, qu’il entrepose vers l’étang du château du Martret.
En parallèle, il assure son travail aux établissements Michelin. Les ruches et ses habitantes se portent bien : « C’était vraiment une époque bénie, car il n’y avait nul besoin de compétences particulières pour s’occuper de ruches » dit M. Soroka.
Ajoutant : « Il suffisait de placer les hausses (étages ajoutés sur le corps de ruche, avec des cadres vides qui font office de magasin à miel) au printemps et de récolter le miel à la fin de l’été ». Mais cela n’a pas duré…
Pourquoi les abeilles disparaissent-elles ?
Comme constaté plus haut, la population croit que les abeilles disparaissent à cause de l’utilisation de pesticides. Ici, Christian Soroka martèle que nous sommes plus dans une région d’élevage, que de culture de céréales ou autres.
Donc, il n’y aurait que peu de traitements pesticides aux alentours. Contrairement aux contrées où se trouvent d’immenses champs de cultures. Qui sont bien évidemment traités.
Concrètement, l’apiculteur estime que la disparition des abeilles relève de trois causes : le Varroa, la biodiversité et le climat et l’amateurisme des personnes qui se lancent dans l’apiculture, sans connaitre les tenants et les aboutissants qui s’y rapportent.
Le Varroa
Donc, il y a environ quinze ans, le Varroa fait son apparition ! Finie, la belle époque ! Cet acarien d’origine asiatique a été découvert en France en 1982. « Il est maintenant bien connu des apiculteurs, du moins pour les dégâts qu’il peut occasionner, dès lors qu’il tend à pulluler. Il s’attaque aux abeilles adultes, mais également aux larves et aux nymphes » explique Christian Soroka.
Précisant que cet acarien se fixe sur les abeilles et les affaiblit. Les foyers d’infection ont beaucoup progressé en France et les apiculteurs ont été obligés de réagir promptement pour éviter la destruction des ruches.
Et ce, en traitant contre cet acarien. « Nous utilisons des lanières imprégnées de produit phytosanitaire, mais uniquement lorsque les hausses ne sont pas en place ». En effet, le traitement s’effectue une fois le miel récolté, une fois par an et on le laisse en place 8 semaines.
La biodiversité et le climat
Christian Soroka rappelle qu’en France, nous avons principalement des abeilles domestiques qui se nomment Apis Mellifera.
Une colonie d’abeilles compte approximativement 50.000 individus qui se composent d’une reine, de plus de 99% d’ouvrières et finalement de mâles ou faux-bourdons.
Les abeilles domestiques ont la particularité de vivre en colonie, comptant plusieurs milliers d’individus, leur conférant un haut potentiel de pollinisation.
Ainsi, une colonie pollinise en moyenne plus de 4 milliards de fleurs par an (1.300 tonnes de pommes, 800 tonnes de poires, 128 tonnes de cerises, etc.). Ce faisant, elles permettent la fécondation de ces plantes et la préservation de la biodiversité.
Par ailleurs, l’apiculteur Polliacien rappelle que l’apiculture est devenue très technique. A cause des conditions climatiques et des ressources mellifères (Les plantes mellifères sont les plantes produisant de bonnes quantités de nectar et de pollen de bonne qualité et accessibles par les abeilles) qui ont beaucoup évolué.
L’amateurisme : on ne s’improvise pas apiculteur
« A notre époque, il ne faut pas se contenter d’acquérir des ruches et d’apprendre comment faire dans les livres. Il faut absolument prendre quelques cours avec des professionnels, avant de se lancer tête baissée dans l’aventure. Et ce, pour toutes les raisons énumérées plus haut.
Prétendre s’occuper de ruches sans aucune expérience, équivaut à faire disparaitre les abeilles qui seront victimes du Varroa ou qui n’auront pas assez de fleurs à butiner si l’on y prend pas garde.
Libre Regard
Face à tous ces problèmes, et partant du constat que nous ne produisons pas la moitié du miel que nous consommons, M. Soroka, en 2008, créé l’association « Libre regard » dont il sera le président jusqu’en 2018. A ce jour, c’est Colette Mazille qui en est la présidente.
« L’association a pour raison d’être la transmission des savoirs traditionnels et des gestes qui les accompagnent par des ateliers réguliers, liés à la nature et à des entrées culturelles diversifiées » dit l’ancien président.
Par ailleurs, Libre Regard a créé son verger conservatoire, baptisé Aimé Bar, où le public peut apprendre à greffer et tailler des arbres fruitiers.
Des arbres fruitiers qui font le bonheur des abeilles abritées dans les 10 ruches qui se trouvent sur place. On y trouve des pommiers Chanu de Pouilloux, des pommiers citrouilles de Montceau et des pommiers d’Autun.
Depuis peu, une miellerie écologique a été construite (en colombages et en tuiles basso) tout à côté du verger conservatoire. La récolte de miel de tilleuls et/ou de miel toutes fleurs, s’est faite samedi dernier, avec le DGSA (et Philippe Therville qui a fourni quelques photos de la récolte à la miellerie). L’année dernière, il s’agissait de miel d’acacia…
2019 : pas une bonne année pour le miel
A noter que 2019 est une mauvaise année pour le miel. En effet, explique l’apiculteur, en mai il y a eu de fortes gelées qui ont perturbé les fleurs et mis les abeilles à la diète.
Le rucher-école
En 2013, l’association Libre Regard décide de créer un rucher-école, afin d’apprendre les bonnes pratiques aux personnes intéressées par l’apiculture. Au sein de ce rucher-école interviennent des experts vétérinaires en apiculture.
Les cours sont organisés tout au long de la saison apicole, en collaboration avec le GDSA 71.
Contact : Christian Soroka au 09 84 21 59 36
Plus que quatre années à vivre…
Einstein disait : « Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. Plus d’abeilles, plus de pollinisation, plus d’herbe, plus d’animaux, plus d’hommes… ». Flippant, non ?
Pratique
Association Libre Regard, Bibliothèque de Pouilloux.
Email : libre.regard@gmail.com