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samedi 6 décembre 2025 à 04:54

Ce 5 décembre à l’ECLA : énergies, climat et autosuffisance



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La Fédération d’associations Vent de Sottise, engagée depuis de nombreuses années pour la protection de l’environnement et du patrimoine en Saône-et-Loire, organisait ce soir-là une conférence très attendue consacrée aux grandes orientations énergétiques et climatiques. Présentée par son président Joël Jouve, la rencontre a rassemblé un public nombreux, attentif aux enjeux cruciaux abordés au fil de plus de deux heures d’exposé magistral.

Un accueil engagé et une mise en perspective des enjeux

En ouverture, Joël Jouve a salué les participants, remerciant chaleureusement les présents et excusant les absents, notamment les parlementaires retenus à Paris. Il a planté le décor d’une soirée dédiée à des questions fondamentales : changement climatique, objectif bas carbone, mobilité durable, transition énergétique, développement des renouvelables, biomasse, hydraulique et nucléaire, lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

« De quelles technologies disposons-nous aujourd’hui pour relever ces défis ? », interroge-t-il, en expliquant que la conférence doit permettre d’éclairer la construction d’une politique énergétique fiable, pérenne, efficace et autosuffisante, facteur essentiel de stabilité et de moindre coût pour les ménages.

Cette conférence est animée par un invité de marque : Jean-Pierre Kucheida, géographe.

Avant de donner la parole à l’intervenant principal, Alain Philibert a rappelé les nombreuses personnalités, philosophes, scientifiques, experts, venues à Saint-Vallier depuis plus de trois décennies. Parmi elles, Jean-Pierre Kucheida, qu’il connaît de longue date, et dont il salue la clarté d’expression et la solidité des positions.

Né en 1943 à Liévin, enseignant, géographe et homme politique, Jean-Pierre Kucheida préside depuis sa création en 1990 l’Association des communes minières de France (ACOM France), engagée auprès des pouvoirs publics pour la reconnaissance et la reconversion des territoires miniers.

Une conférence sans notes, d’une précision impressionnante

Pendant près de deux heures, sans aucune note, Jean-Pierre Kucheida déroule l’histoire, les mécanismes géologiques, les atouts et les limites de toutes les grandes sources d’énergie : fossiles, renouvelables, nucléaire, biomasse, hydraulique… Une démonstration dense, limpide et pédagogique, suivie avec une grande attention par le public.

Le méthane des mines : un potentiel considérable pour l’autosuffisance

L’un des points majeurs de son intervention concerne le méthane de mine, gaz qui continue de sourdre dans les anciens bassins miniers plusieurs décennies après l’arrêt des exploitations.

Selon lui, il s’agit d’une ressource stratégique : 150 à 160 milliards de m³ seraient présents dans le sous-sol lorrain. Un gaz exploitable localement, permettant un véritable circuit court énergétique. Une alternative au gaz de schiste importé. Une ressource utilisable pour l’électricité et le chauffage.

Il souligne également un effet environnemental intéressant : l’extraction du méthane permettrait de le remplacer par du CO₂ réinjecté dans le sous-sol, contribuant ainsi à la diminution du CO₂ atmosphérique.

Pour une énergie décarbonnée la France dispose du nucléaire qui fournit la part la plus importante de sa production d’électricité

L’hydrogène natif : “un gisement phénoménal encore inexploité”

Autre sujet majeur : l’hydrogène natif, présent dans les gisements de houille non exploités. Un hydrogène naturel, non industriel, donc ni polluant ni énergivore à produire.

Il en précise les proportions : à 2000 m de profondeur : environ 40 % d’hydrogène natif, à 3000 m : jusqu’à 60 % d’hydrogène et des sondages à Pontpierre ont identifié des gisements à plus de 4000 m de profondeur.

Selon lui, la France dispose là d’une ressource colossale qui pourrait renforcer son autosuffisance énergétique et réduire sa dépendance extérieure.
« Un pays vit de la terre d’en haut… et de la terre d’en bas », résume-t-il, évoquant également le potentiel des terres rares.

L’horizon technologique pour une exploitation à grande échelle serait d’une dizaine d’années : toujours le fameux problème des lenteurs et chausse-trappes administratives.

Cette conférence fut suivie d’un débat vivant avec des questions techniques, sur les enjeux politiques, les inquiétudes sur la sécurité énergétique

La séance de questions a donné lieu à des échanges nourris.

PPE3 et rôle des élus : plusieurs participants interrogent le rôle de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie. Mme Jarrot évoque l’hydrogène natif comme fil conducteur pour renforcer la sécurité énergétique. Jean-Pierre Kucheida insiste sur les délais administratifs et la nécessité de faire davantage confiance aux maires innovants.

Charbon non polluant : quand un participant évoque l’idée d’un charbon “nettoyé”, la réponse renvoie aux travaux de Charbonnages de France et à l’exemple de Gardanne, preuve que les procédés ont existé… mais manquent aujourd’hui de volonté politique.

Méthane à Montceau ? Impossible techniquement, explique Kucheida.

Hydrogène : comment l’utiliser ? Principalement dans l’industrie ; deux fois plus calorique que le pétrole.

Risque de blackout comme en Espagne ? Oui, une menace plausible. Joël Jouve rappelle qu’en France, la chute de deux centrales non anticipée pourrait suffire.

Surproduction énergétique : peut-on revenir en arrière ? Le conférencier  souligne le poids grandissant des usages numériques : 15 % de l’énergie mondiale pour Internet et l’IA.

Jean Pierre Kucheida ajoute que la production annuelle d’hydrogène natif pourrait égaler celle de l’hydrogène artificiel, un argument de poids pour réorienter la stratégie nationale.

Conclusion : une conférence qui ouvre des perspectives. Joël Jouve regrette l’absence d’un véritable débat démocratique sur ces questions pourtant fondamentales pour l’avenir du pays. Il voit néanmoins dans l’hydrogène natif et les ressources des sous-sols français un motif d’espoir, y compris pour les collectivités et les syndicats.

La conférence aura permis de rappeler, avec force et clarté, que la France dispose d’atouts énergétiques souvent méconnus. Et qu’une transition réussie ne pourra se faire qu’en conjuguant science, stratégie, souveraineté et volonté politique.

 

Gilles Desnoix

 

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