Grève dans l’Education Nationale (Social)
Communiqué : Assemblée générale Education nationale
« Degrés et établissements représentés : des professeurs des écoles de Montceau et Montchanin et 1 titulaire remplaçant, des collèges du bassin minier et du Creusot, des collègues de lycée général et professionnel, des AESH .
Syndicats représentés : FSU SNUIPP SNES, FNEC FP FO, Sud Education.
Les premiers chiffres de la mobilisation du jour : 40 % de grévistes annoncés en primaire ce matin, 65 % sur Paris / en secondaire à la mi-journée = plus de 50 % !
Des promesses non-tenues, des réformes dangereuses, des faits et des annonces graves : l’Assemblée générale réunie ce jour dresse un constat amer.
1 ) Un ministère et une ministre hors-sol : un mépris généralisé de notre école publique, nos personnes, nos fonctions, nos métiers et nos élèves.
Les propos de notre ministre, les scandales, les mensonges, l’intitulé même de notre ministère…sont ressentis par beaucoup comme du mépris ! L’école républicaine est d’abord une école publique, qui veut et doit tout faire pour que nos élèves réussissent , la priorité est l’égalité des chances pour tous nos élèves et leur réussite.
2 ) Une rentrée 2024 et des réformes non préparées, en l’état non préparables et totalement anxiogènes :
Les regroupements par niveaux (mathématiques et français) en 6ème et 5ème lourds, inégalitaires et stigmatisants pour les élèves classés dans les groupes « faibles », des DHG (Dotations horaires globales) insuffisantes et préparées alors même qu’aucun texte officiel n’est paru, des programmes densifiés, des charges de travail et des volumes-horaires en augmentation, pour les enseignant-e-s comme pour les élèves, des heures supplémentaires qui explosent, des emplois du temps quasi-impossibles à organiser…
Dans le primaire, l’école inclusive ? Avec quelle formation des professeurs des écoles, quels moyens, quelles modalités de remplacements ?
Au collège, l’heure de théâtre et la demi-heure d’EMC ? Ok mais par qui, quand, comment ?
En lycée professionnel ? 85 h d’enseignement professionnel en moins par élève à la rentrée !
En lycée général ? D’innombrables classes supprimées (trois à Parriat par exemple).
Sur l’académie ? 98 équivalents temps-pleins en moins dans le premier degré, dont 24 en Saône et Loire, et 60 dans le second degré !
3 ) Une école inclusive…mais sans moyens ! « Comment construire des murs alors qu’on nous impose de colmater des brèches » ?
Les AESH (Assistant-e-s pour les élèves en situation de handicap) sont précarisées et « traitées comme des meubles » (salaire à trois chiffres indigne, cumul de deux emplois fréquents, dans certains cas 1 AESH pour 4 ou 5 élèves aux handicaps différents, des AED qui remplacent parfois les AESH, ce qui est illégal, des formations perlées et qui plus est imposées le mercredi après-midi…).
Ces élèves à besoins particuliers sont ainsi mis en souffrance et, selon nous, maltraités…
De plus en plus de missions, mais avec de moins en moins de moyens :
4 ) Des conditions de salaires et de travail qui se dégradent toujours plus : entre effets d’annonces et promesses non tenues.
Devant la situation scandaleuse de nos salaires et de nos conditions de travail, les organisations syndicales ont unanimement boycotté le CSA (Comité social d’administration) du 25 janvier.
Depuis 2009, ce sont deux mois de pouvoir d’achat perdus pour nous !
A quand donc la hausse immédiate de 10 % du point d’indice des fonctionnaires ?
Les remplacements de courte comme de longue durée ? En primaire, les enseignant-e-s n’osent plus demander des journées de formation car ils ne sont pas remplacés, et lorsqu’un collègue est absent et non remplacé, ce sont les autres collègues qui se répartissent les enfants, en fond de classe… Dans plusieurs établissements du secondaire, pas de remplacement des collègues malades, enceintes ou en congé parental, et ce depuis octobre !
La formation des enseignant-e-s ? Les mercredis pour les professeurs des écoles, pendant les vacances pour le secondaire !
Partout, pour tous nos métiers : une forte impression d’improvisation permanente et de précarisation montante ! Des sentiments de mal-être, de culpabilité, d’angoisses, de quête éternelle de sens, au fur et à mesure des annonces et des actes de nos gouvernant-t-es…qui font que certain-e-s avouent leur ras-le-bol au bout de 4 – 5 ans seulement d’exercice, ou que d’autres, pourtant convaincus par leur métier, envisagent désormais clairement la démission !
5 ) Un fond idéologique inquiétant, entre passéisme, militarisme et conservatisme : « l’école républicaine n’est ni une caserne, ni une entreprise ! ».
« Réarmement civique », « éducation mère des batailles », « front de l’enseignement »… A quand la fin de l’usage de ce vocabulaire guerrier dans l’éducation ? Non, l’école publique n’est pas une caserne !
« Mise en concurrence entre établissements » (mais aussi entre collègues, entre matières, entre élèves eux-mêmes…), « attractivité », « il faut vendre son établissement auprès de l’extérieur »… A quand la fin de ce vocabulaire technocratique et gestionnaire ? Non, l’école publique n’est pas une entreprise !
Apprentissage de La Marseillaise en C.P., uniformes, S.N.U. au sein des établissements (et avec quelle organisation ?), Enseignement moral et civique qui doit « retourner aux textes fondamentaux », manuels imposés en primaire, donc limitation claire de la liberté pédagogique des enseignant-e-s… Les valeurs et les principes de notre république vont-ils progresser avec ce qui est qualifiable de « bourrage de crâne républicain » stérile et aux relents passéistes ? Nous ne le pensons pas.
Et, plus largement, comment enseigner la laïcité lorsque le chef de l’exécutif allume une bougie pour Hanouka à l’Elysée même ? Comment enseigner les principes de l’école publique, gratuite et laïque avec les propos de notre ministre sur le secteur privé ? Comment enseigner l’égalité et la lutte contre toutes les discriminations lorsque les deux présidents du Parlement ont lancé des rassemblements contre le seul antisémitisme, là où ils auraient dû le faire contre l’antisémitisme, la xénophobie, les discriminations et l’islamophobie ? Comment enseigner l’égalité des chances là où nos élèves ne voient que des inégalités qui se creusent ? La liste est tellement longue que c’en est écœurant !
6 ) Lutter contre le mépris : grèves, manifestations et actions diverses.
La fin de l’assemblée générale est consacrée à l’organisation du co-voiturage pour la manifestation prévue à Chalon l’après-midi, ainsi qu’à l’élaboration de slogans et la confection de banderoles.
Le mot et/ou le #MEPRIS ! sera le mot d’ordre des prochaines luttes et résistances, par les grèves, les manifestations mais aussi par d’autres actions locales.
Nous ne sommes pas en grève pour nos seules conditions de travail et de salaires, mais bien d’abord et avant tout pour accueillir nos élèves dignement ! »
Voir l'article : Montceau News