Autres journaux :


mercredi 5 décembre 2012 à 18:18

Bourbon-Lancy

Une soirée de débats autour des paradis fiscaux



 

C’est dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale que le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) en partenariat avec Sel’Lancy et alentours a organisé vendredi dernier une soirée débat à la médiathèque de Bourbon-Lancy.

 

 

 

 

 

 

 

Afin de lutter contre les paradis fiscaux, Daniel Clément et Michèle Vernier ont animé une conférence débat sur le thème : « Comprendre les paradis fiscaux ». Un échange très fructueux a eu lieu avec le public composé d’une demie-douzaine de Bourbonniens.

 

En ouverture, Michèle Vernier a présenté Sel’Lancy une association basée sur l’économie solidaire, qui est un système d’échange de bien de service : « Par cette association, on tisse des liens d’amitié on s’intègre dans un tissu social. Le sel fonctionne avec une monnaie artificielle. Le sel lancy est un des rares système écomonique Local à fonctionner en milieu rural avec un monde d’ouvrier. »

Dans le cadre de cette association, un atelier compétence met en commun tous les savoir-faire ce qui permet de proposer un catalogue d’offres et de demandes de coups de mains.

 

Daniel Clément a ensuite présenté, avec un support vidéo, les méfaits des paradis fiscaux au niveau de l’économie mondiale. Et bien entendu, ce sont les pays les plus pauvres de la planète, et leurs populations qui alimentent ces paradis et l’argent ne leur revient pas ou très peu.

Qu’est ce qu’un paradis fiscal ? Tout simplement un pays qui offre un régime fiscal faible voir inexistant et qui préserve l’anonymat, ce qui permet aux non-résidents (entreprises ou particuliers) d’échapper à l’impôt. Il n’y a pas de loi encadrée judiciairement.

 

Et d’expliquer : « Le plus souvent, ces pays refusent de coopérer avec la justice des autres pays et de fournir des informations sur les particuliers et entreprises y possédant des capitaux. Qu’il s’agisse d’États souverains comme la Suisse et l’Irlande ou de territoires plus ou moins autonomes comme Jersey et les îles Caïmans, tous ont en commun : « l’opacité ». En trente ans, on est passé de 24 à 72 paradis fiscaux dans le monde, qui héberge 2 400 000 sociétés écrans. Les îles Caïmans sont le 5e centre financier du monde, elles abritent 65 000 entreprises écran pour 47 000 habitants. Souvent ces entreprises se résument à un nom sur une porte ou une boîte aux lettres. »

Pour illustrer ces faits, Daniel Clément a pris l’exemple de la banane dont le premier producteur est l’Île de Jersey : « Bien sûr, il ne pousse pas de bananes sur cette île, mais des multinationales qui monopolisent les capitaux. »

 

« Imaginons une multinationale de la banane : Magic. Du Guatemala au Royaume-Uni, elle contrôle l’ensemble du secteur de la banane. Dans sa filiale guatémaltèque, Magic achète ses bananes une misère aux petits producteurs, mais pratique aussi la fraude fiscale. Elle surfacture l’achat des caisses pour stocker les bananes 1 000 € pièce, ce qui gonfle ses charges d’exploitation, et elle sous-facture la vente des bananes à seulement 100 € la tonne, réduisant ainsi son bénéfice à néant. Résultat : la filiale de production est déficitaire et non imposable. En fait, les bananes vendues à un prix dérisoire, l’ont été à une filiale sœur et elles vont faire l’objet d’une série d’autres transactions au sein du groupe avant leur vente finale !

En effet, pour chaque service habituellement nécessaire au commerce, Magic a établi une filiale spécialisée, enregistrée dans le paradis fiscal le plus avantageux. En Irlande, les royalties pour la marque, aux Bermudes la facture pour la distribution, au Luxembourg le service financier, etc.

La plupart de ces sociétés sont fictives, de simples boîtes aux lettres, et tout est réalisé au siège de Magic. Mais en démembrant ainsi la valeur dans sa comptabilité, le groupe peut localiser artificiellement ses profits dans les paradis fiscaux. Finalement, la filiale commerciale britannique achètera la banane quasiment au prix de vente au consommateur et, avec ses profits dérisoires, ne sera pas non plus imposable… »
Une histoire qui résume tout le fonctionnement des paradis fiscaux et l’évasion de finances.

 

Le CCFD s’engage réellement contre les paradis fiscaux et ne se contente pas de faire les gros yeux pour se donner bonne conscience : « L’argent, hier quand on l’arrachait aux pays pauvres, cela s’appelait du pillage. Aujourd’hui, cela s’appelle du business ».

 

 

Pour en savoir plus, un site : aidonslargent.org

 

 

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer