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vendredi 23 août 2024 à 05:43

Alerte sur la cote des défaillances d’entreprises



Les JO terminés, la presse crie à la gueule de bois du retour à la vie courante, elle n’est pas la seule, les économistes aussi lancent l’alerte.

 

25,20% de faillites de plus que sur la période juillet 2022/2023 et 6,30% de plus que la moyenne enregistrée sur 2010/2019. Juillet 2023 61.015 faillites enregistrées sur les 12 mois précédents, juillet 2024 63.095 soit 2 080 de plus.

La moyenne 2010/2019 était inférieure aux 60 000 faillites

 

Mais le constat paraît plus sombre encore sur ce versant de la vie des entreprises. Le Conseil National des Greffiers et des Tribunaux de Commerce (CNGTC) à, le 7 août dernier, publié un rapport constatant l’emballement, par rapport au second semestre 2023, de 66,1% du nombre d’entreprises en difficulté au premier semestre 2024. Dans le même temps les greffes constatent la progression soutenue à plus 20,5% des procédures collectives.

 

En janvier 2023 Bruno Le Maire avait insisté sur le fait que « Moins de 1%» des entrepreneurs envisagent de fermer ou de ralentir». Il ajoutait même en contestant et réfutant les chiffres de la Confédération des petites et moyennes entreprises. «Il n’y a pas de mur de faillites». Comme quoi nul n’est prophète en son pays.

Pour certains il s’agit là du contre coup, attendu ou non, prévisible ou non, de la fin du « Quoi qu’il en coûte ».

Le ministre de l’économie a annoncé, le mercredi 25 août 2021, « Le “quoi qu’il en coûte”, c’est fini ». Pour lui nous assistions à un redémarrage de l’économie française, chiffrant même la croissance à 6%.

Si l’on prend les chiffres de la Banque de France depuis l’annonce du ministre de l’économie en août 2021 on trouve les indices de progression de la croissance suivants en constat et en prévision : 2022 2,6% (loin des 6%) ; 2023 1,1 ; 2024 0,8% ; 2025 1,2% ; 2026 1,6%.

 

Effectivement, le « Quoi qu’il en coûte » et le bouclier tarifaire ont eu un effet bénéfique sur l’économie, la vie quotidienne des Français surtout après l’atonie due au confinement, mais cet effet a cessé dès que les aides ont disparu, qu’il a fallu rembourser les prêts à taux zéro, les avances et reprendre le paiement des échéances retardées. Dans le même temps la demande n’est pas repartie pour autant.

En juin 2024 la consommation des ménages est en baisse de 0,5%, même si la confiance de ces derniers remonte un tantinet en juillet à 91% (90 en juin). Rappelons que l’indice de confiance 100 date de Février 2004 et qu’il est monté au plus haut en juin 2007 à 110. En juin 2021 il était à 105 et juillet 2022 à 80.

Si en février 2023 les prix à la consommation avaient pris 6,3% sur un an, en juillet ils étaient redescendus à plus 4,3%,  nous en sommes en juillet 2024 à plus 2,3%.

L’INSEE note qu’en juin 2024 la production manufacturière a rebondi (modérément) de 0,8%, en juin 2023 elle était atone à 0% de progression. L’organisme de statistiques constate quand même qu’en juillet 2024, la demande étrangère s’affaiblit, que le climat des affaires en France se dégrade fortement : tous secteurs l’indice est à 96, en juillet 2023 il était à 100, 103 en juillet 2022, 113 en juillet 2021.

Autre constat corrélé toujours par l’INSEE,  en juillet 2024, le climat des affaires se dégrade nettement dans le commerce de détail et d’automobiles avec un indicateur à 94 pour 104 en juillet 2023, 95 en 2022 et 109 en juillet 2021.

Dans certains secteurs comme la restauration la forte hausse des faillites recouvre, d’après les experts, un retour à la normale. En effet la banque de France constate que les  6966 défaillances recensées en juillet 2023 sont comparables aux 6840 défaillances déclarées à mi-2019.

 

Et pourtant il se crèe des entreprises en plus grand nombre 1 604 556 en dehors des micros entreprises en 2021, 1 645 882 en 2022, 1 571 372 en 2023 et 793 818 pour le 1er semestre 2024 (1 712 800 à extrapoler sur l’année complète).

 

Si l’on compare 63.095 fermetures d’entreprises à 1 712 800 créations on se dit que les choses n’empirent quand même pas tant que cela. Sauf que tout ceci sera à apprécier face à certains chiffres : l’indice de croissance, le solde emplois créés/emplois détruits, le montant de la dette, le coût du travail, la part de l’investissement réel face au montant des dividendes versés, l’inflation, la fiscalité.

 

Alerte donnée, maintenant situation à suivre avec attention dans les mois qui viennent.

 

Gilles Desnoix






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