Installée sur la plateforme des Chavannes à l’ancien emplacement d’une halle de maintenance des houillères, la halle de maintenance du groupe espagnol Erion poursuit ses activités de maintenance des locomotives de fret.

Patrice VIDAL, Directeur des opérations Erion FR, Carmen GARCÍA CRISTÓBAL, Directrice des opérations du groupe Erion ont accepté de s’entretenir avec nous pour nous révéler comment s’est passé le confinement pour l’entreprise récemment installée sur son site des Chavannes.

Des installations placées stratégiquement à 45 km des principaux axes

Inaugurée il y a moins d’un an, la halle de maintenance de l’entreprise Erion France est située stratégiquement à 45 km des principaux axes ferrés. Cela permet à l’entreprise de relier plusieurs pays européens dont l’Allemagne, la Belgique ou la Suisse et bien sûr la France !

Pour le groupe Erion, la construction à neuf de cette halle correspond à un investissement conséquent de 10,25 millions d’euros.

Le 20 juin prochain, cet équipement fêtera sa première année de fonctionnement. Et malgré la crise sanitaire actuelle, Carmen GARCÍA CRISTÓBAL a bien précisé que cette année restait sous le signe de la consolidation avant un objectif de croissance pour 2019-2021 de plus de 60 %.

Fin mars, début avril, la crise sanitaire était très forte.

Globalement le secteur ferroviaire a aussi été très touché par la crise sanitaire surtout au niveau du transport de passagers, mais laissant un impact important aussi sur le transport de marchandises nous ont précisé Patrice VIDAL et Carmen GARCÍA CRISTÓBAL.

Pour Erion France, au niveau de la maintenance de locomotives de fret il y a eu effectivement une diminution significative de l’activité mais moins grave et plus progressive. Sur la période de fin mars et le mois d’avril, l’entreprise a tout de même enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 50 %. Mais la Directrice des Opérations du Groupe Erion estime que sur l’année, l’entreprise devrait enregistrer seulement un recul de 10 % de son chiffre d’affaires.

Au final les activités de l’entreprise n’ont jamais cessé en France : sur l’Est de la France, les activités se sont arrêtées pendant 4 à 5 jours, et à Montceau jamais. En revanche, le site n’a plus accueilli les personnes à risques et les parents d’enfants sont restés à leurs domiciles pour garder leurs enfants.

Des activités impactées par l’approvisionnement en pièces

Le site montcellien a également connu un taux d’absentéisme important pendant 3 à 4 semaines du fait de la crise sanitaire. Il a toutefois retrouvé son effectif normal depuis environ 3 semaines.

Durant la période de confinement, Erion France a surtout été impacté par l’approvisionnement des pièces (transports et délais de disponibilité des pièces). Au niveau du transport, tout est revenu à la normale à présent, même si les délais étaient là-aussi redevenus correct depuis 3 semaines.

Dès l’annonce de la crise sanitaire avérée, le groupe Erion a travaillé sur 3 axes : le personnel, l’impact économique de la crise et l’accompagnement des clients.

L’entreprise a œuvré pour assurer la sécurité du travail du personnel en reconfigurant son organisation (mesures de travail, restrictions, réorganisation des équipes, masques, gel hydro-alcoolique, consignes de sécurité).

Le basculement a été réalisé très rapidement, en l’espace de 3 à 4 jours.

« On a réagi vite dans un environnement où on ne savait pas les conséquences le lendemain » nous révèle ainsi Patrice VIDAL. Et cela a été possible car l’entreprise possède une organisation souple par définition. « Tout ne se planifie pas dans la maintenance » a-t-il ajouté.

Le fret, un secteur stratégique

A Montceau-les-Mines, le site Erion accueille des locomotives de fret. Or ce secteur est stratégique car il permet le transport alimentaire et de marchandises répondant à des besoins vitaux. Cela explique donc que la halle de maintenance ait pu poursuivre ses activités même en période de confinement.

La crise a sans doute révélé que le pays avait besoin du fret. Pour autant, cela fera-t-il évoluer le transport de marchandises pour l’instant majoritaire sur les routes, en direction des rails ?

Le pacte écologique que le Président de la République, Emmanuel Macron a annoncé, pourrait appuyer ce secteur d’activité. Mais comme l’a précisé Patrice VIDAL, « cela doit s’inscrire dans une politique nationale ».

Carmen GARCÍA CRISTÓBAL y voit quant à elle une opportunité : « Le modèle ancien va basculer ». Elle s’appuie pour justifier sa pensée sur l’introduction forte du télétravail pendant la crise sanitaire, télétravail d’ailleurs toujours encouragé à ce jour en France.

La question de l’évolution du secteur ferroviaire est une question qui se pose au niveau mondial. Il est encore trop tôt pour savoir si sa place évoluera dans les prochains mois.

Chômage partiel et reprise d’activité progressive

A Montceau-les-Mines, l’entreprise Erion a fait appel comme d’autres entreprises au chômage partiel, avant de reprendre progressivement ses activités ces dernières semaines avec davantage d’effectifs. Le support administratif reste pour l’instant en activité partielle. L’entreprise essaie de préserver un équilibre économique.

En interne, il y a par ailleurs des besoins structurels, mais ceux-ci sont mis entre parenthèses pour l’instant : « Il faut qu’on ait une vision plus concrète avant de pouvoir recruter » précise Patrice VIDAL.

En effet, les clients de l’entreprise reprennent eux-aussi progressivement leurs activités. Ce sont des clients qui exploitent des réseaux français, allemands ou belges.

Si au début de la crise sanitaire, les clients ont fait preuve d’une diminution d’entrée de locomotives pour maintenance, ils ont dans les faits juste repoussé les demandes d’intervention sur leurs machines pour se préparer à la sortie de crise et à la reprise de l’activité avec l’enjeu d’avoir un parc de machines disponibles.

Le travail de l’équipe salué, « remarquable »

En interne, la réorganisation du travail du fait de la crise sanitaire a demandé un sens de l’adaptation par le personnel que Carmen GARCÍA CRISTÓBAL et Patrice VIDAL saluent.

« Il y a eu une très bonne réaction des équipes. On a continué à travailler et soutenir les clients, aussi dans le Nord et à l’Est de la France » a indiqué Patrice VIDAL.

Avant de poursuivre : « Il faut réapprendre à travailler. Il a fallu changer le mode de communication. Il y a eu une très grosse réactivité à Montceau-les-Mines et sur les sites satellites. Cela témoigne d’une très bonne expérience et envie à servir l’entreprise et le client. La crise a mis en avant la solidité du personnel et le professionnalisme de l’équipe. »

Et Carmen GARCÍA CRISTÓBAL d’ajouter : « Sur une situation si difficile, c’est remarquable. Le personnel est capable d’agir de façon notable. »

En effet, l’entreprise n’avait par exemple jamais utilisé les visioconférences. En l’espace de deux jours, des rendez-vous par visioconférences ont été mis en place régulièrement et à horaires fixes. En moins d’une semaine l’ensemble du personnel s’est parfaitement adapté à la nouvelle situation de travail.

Pour les techniciens, outre ces changements, ils doivent à présent aussi désinfecter l’intérieur des machines au niveau des commandes. Ce n’est pas un changement important.

La crise sanitaire a fait notablement évolué les méthodes de travail chez Erion et notamment au niveau de la communication. Les échanges avec les personnes à distance se sont multipliées.

L’entreprise est un bel exemple du degré d’adaptation et d’évolution des méthodes de travail face à l’apparition du coronavirus.

Son activité reprend progressivement. Et l’effectif devrait se retrouver au complet sur site dans les prochaines semaines et suivant l’évolution de l’épidémie.

EM