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lundi 7 octobre 2024 à 05:24

Après la disparition des mammouths la fin tragique des géants



 

 

 

Mammouth :

Le 10 octobre 1968 ouvre à Montceau les mines le premier hypermarché Mammouth de France. 3 semaines de liesse pour une nouveauté qui attirait le client, le chaland, à plus de 50 kilomètres à la ronde, un nouveau lieu où l’on venait faire ses courses comme nulle part ailleurs, mais où l’on venait aussi en famille à la Cafet’. « Mammouth centre de vie, pour le prix et pour le plaisir »

Mammouth dont il est dit à son lancement qu’il écrase les prix et dont les autres slogans sont aussi novateurs : « Quand on sait ce que ça coûte, on choisit Mammouth », « Mammouth, quelle énergie »

La grande distribution a toujours su trouver les formules qui matchent, comme Prisunic, « Prisu », «  le beau au prix du laid ».

L’enseigne française d’hypermarchés Mammouth était la propriété de la centrale d’achat Paridoc, détenue à 61% par le groupe Docks de France. Sept groupes de distribution différents utilisaient l’enseigne Mammouth : les Docks de France, la Société Alsacienne de Super-Marchés (SASM), Guyenne et Gascogne, le Groupe Schiever, Supermarchés P.G., Établissements Charenton.

En 1993, les Docks de France rachètent la SASM et leur participation dans la centrale d’achat Paridoc passe ainsi de 61 % à 77 %.). A cette époque Mammouth est alors la 3e plus grande chaîne d’hypermarchés en France

 

En 1996, le groupe Auchan rachète Docks de France et  l’enseigne Mammouth disparaît progressivement jusqu’à la fermeture du dernier hypermarché en 2009 à Lacroix-Saint-Ouen (60610).

1996 c’est le début de la fin et en même temps la fin du début.

A Montceau le 1er Mammouth de France ouvert en 1968 est devenu Géant Casino.

Et comme lors il y a 65 millions d’années c’est la disparition des Mammouths du paysage de la distribution française.

 

Casino :

1898 : Création par Geoffroy Guichard de la société des Magasins du Casino et Établissements économiques d’alimentation, 1901 : Invention de la première marque distributeur : Casino, 1906 : ouverture de la première usine de produits de la marque Casino,  1948 : ouverture du premier magasin en libre service à Saint Etienne, 1960 : ouverture du premier supermarché à Grenoble, 1970 : ouverture du premier hypermarché à Marseille, 1992 : fusion avec le groupe Rallye. Le décompte funeste est mis en marche. Les Échos se demandaient à l’époque si  « En faisant alliance avec Jean-Charles Naouri, Antoine Guichard aurait-­il donc fait entrer le loup dans la bergerie? », questionnement assez prémonitoire.

1996-1997 : prise de participation chez Monoprix-Prisunic et acquisitions de Franprix et Leader Price, reprise de SPAR, 1998 : repise de Vival, 2000 : Cdiscount devient une filiale de Casino, 2008 : Monoprix rachète Naturalia, 2017 : création de RelevanC une filiale Tech et markéting Digital, 2018 : Monoprix appuie sur la champignon en E-commerce avec Amazon et Sarenza, Franprix lance le Drugstore parisien, inauguration du  « 4Casino »  lieu de vie et de consommation fortement imprégné digital,

L’aventurisme à l’internationale commence en 1998 avec l’implantation en Uruguay et Argentine sous la marque Disco, 1999 : prise de participations dans des groupes Colombiens et Brésiliens (Grupo Exito et GPA), 2007 : reprise de l’enseigne Cash nnd Carry Assaï au Brésil, actionnariat majoritaire de Grupo Exito, création de la filiale Green Yellow de production d’énergie, 2012 : prise de contrôle de GPA au Brésil, 2021 : réorganisation autour de GPA et Cahs and Carry selon les activités autour d’un « Spin Off » , d’une introduction en bourse.

En 2023 le Groupe Casino s’honorait d’être le 1er groupe de proximité et le 2ème en e-commerce en France.

Ce rappel historique montre que l’expansion et la voracité du groupe depuis 1992 n’a pu se construire que sur une dette qui n’a cessé de s’accroitre, 6 milliards d’euros.

La stratégie suivie pour contrôler cet endettement croissant a été de faire croitre les bénéfices en augmentant les prix. Ça a entrainé une érosion de la clientèle et pour pallier à cela le groupe a du investir et  réinvestir beaucoup pour relancer une dynamique commerciale et aménager les magasins de manière plus attractive en termes de compétitivité. Malheureusement cela a encore creusé la dette et honnêtement  le groupe ne disposait plus, à cette période,  des moyens nécessaires à soutenir ses ambitions.

La grenouille qui voulait devenir bœuf explosa. Le tandem Auchan/Intermarché a racheté la « quasi-totalité ».des hypermarchés et supermarchés du groupe Casino, sauf 21. Ceci entraine la perte de 1000 emplois directs plus ceux de la  branche logistique du groupe, Easydis, plus ceux des sièges administratifs assurant la gestion et la coordination, ce qui au total semble concerner  plus de 3 000 emplois supprimés.

56 ans de vie salariale évaporés sur le tapis vert de la mondialisation ultra libérale. Le groupe Casino a fait all in et le tandem Auchan/Intermarché a raflé la mise en laissant sur le carreau pas mal de monde. Au poker menteur certains avaient des cartes forcées.

C’est la fin tragique des Géants.

 

A chaque fois une casse sociale importante se produit et pourtant les interviews des salariés de Mammouth comme de Casino montrent que l’ensemble des salariés a passé souvent de très nombreuses années dans ces Hypermarchés et avaient ou ont encore l’amour de leur métier et un sentiment d’appartenance très fort. Mais dans la réalité ils ne sont que des chiffres et des pourcentages, l’humain n’apparait que dans les cas individuels présentés par la presse.

 

Gilles Desnoix

 

 

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