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des histoires new-yorkaises

Propice à toutes les aventures humaines, surdimensionnée et pourtant pleine de recoins, New York reste la ville de tous les fantasmes, de toutes les envies. Petit détour littéraire au sein de la Grosse Pomme.

Totalement arbitraire de ma part, la sélection littéraire qui suit mélange les genres, comme New York mélange les populations. Au sommaire : un soupçon de cuisine, un brin de langue et quelques histoires…

De quoi pourrait être synonyme New York au niveau culinaire ? La variété est telle, au détour de chaque rue, que la réédition des « 200 recettes de New York » chez Marabout est parfaite pour découvrir et tester quelques légendes de la gastronomie américaine. Démarrons la journée au pied des buildings de Time Square avec quelques pancakes aux myrtilles arrosés de golden sirup. A midi, le mythique bagel n’aura plus de secret pour vous, accompagné de sauce barbecue sur les marches du Met. Avant de gravir les escaliers de l’Empire State Building, il ne restera plus qu’à déguster une soupe de porc avec son maïs grillé et de terminer par la douceur d’un cheesecake mangé à deux pas du Madison Square Garden. Une belle ballade, facile à réaliser à moindre frais !

Pour les adeptes des fameuses « Pies », rendez-vous est donné soit dans le café-boutique des sœurs Elsen, le « Four & Twenty Blackbirds », soit dans les rayons d’une librairie pour dénicher « Les délicieuses Pieds des sœurs Elsen ». Très connues aux Etats-Unis, elles proposent des tartes aguichantes, telles la custard pie au lait ribot et au sirop d’érable, ou la Pie aux pommes et au lard. Les mélanges de saveur sont intrigants mais savoureux, et permettent de proposer des tables de saison qui sortent de l’ordinaire. Citrons et pamplemousses sont encore dans les étals et pourront intégrer des desserts haut en couleur.

Mais qui dit New York et cuisine, dit aussi langue pour s’adresser à la serveuse ou trouver un petit job d’été comme guide à Central Park. So have a seat and let’s get started to speak English with « Travailler en anglais » ! Voici un guide fort pratique pour acquérir le vocabulaire nécessaire pour répondre au téléphone, écrire un mail, réserver une chambre d’hôtel ou passer un entretien d’embauche ! Classé par thématique, il reprend les situations de la vie quotidienne et propose grammaire et vocabulaire, complétés des particularités culturelles liées à chaque cas. Une vraie mine pour s’en sortir dans la langue d’Hemingway.

Une fois débarqué à JFK, l’estomac calé, pourquoi ne pas vous rendre sur la High Light un bon livre à la main, histoire de savourer la vue sur le Lower East Side ? Trois propositions pour ce moment.

A la fois léger et grave, « Mes oncles d’Amérique » débute par un dialogue entre deux amies de longues dates, lorsque l’une d’elle annonce le décès de l’oncle Mark à la seconde. La plus sensible replonge alors dans leur passé commun lorsqu’elles étaient jeunes artistes à New York. Elles avaient rencontré au hasard de la rue deux hommes, détonnant dans le quartier manifestement très underground, habillés de costumes anglais. Progressivement, des liens se nouer entre les quatre personnages au fur et à mesure d’invitations respectives où leurs mondes quasi opposés s’apprivoisent, se découvrent et se respectent. Une plongée dans la solidarité de ces mondes de débrouillardise où chacun s’entraide quelle qu’en soit la finalité. Au fil des pages se devine une intrigue, dessinée relativement tôt, mais dont l’ampleur dramatique réelle n’apparaît que dans les dernières pages.

Recueil d’histoires courtes, « Le livre de la vie » est une belle réussite. Entre New York et Boston, sept personnages se trouvent en prise avec leur destin et les conflits qui l’accompagnent. Du père éloigné de son fils aux amants incapables de se parler, en passant par des frères opposés et tellement proches ou les parents sur le fil de la séparation, l’auteur nous livre des fables sur le désir, la honte, la culpabilité ou l’ennui. Riches d’ironies et de sentiments non partagés, de situations conflictuelles ou malheureuses dans lesquelles les protagonistes semblent de complaire, elles constituent un amusant survol de certaines natures humaines.

Pour terminer, je vous propose deux grandes fresques américaines retraçant l’histoire de ce continent construit grâce au Vieux Continent et à la lointaine Afrique. Véritable roman de l’immigration, « Une symphonie américaine » retrace l’arrivée sur les terres américaines de Jette et Frederick Meisenheimer, tout juste débarqués de Hanovre. Partis dans le Missouri, ils ouvrent un café musical dans lequel les autochtones viendront déguster de la choucroute en écoutant du jazz. Au fil des années et des naissances, la famille va vivre les drames et les jalons du continent : Grande guerre, prohibition, Seconde Guerre mondiale, assassinat de Kennedy… Trois générations vont se succéder au rythme de la musique et du chant qui les accompagne.

« Wash », quant à lui, retrace un épisode méconnu de l’histoire de l’esclavagisme aux Etats-Unis. Racontée par les trois protagonistes, on y découvre Wash, esclave plein de force, Pallas, elle aussi esclave métisse et guérisseuse, et Richardson, le maître qui décide de louer la vigueur de Wash aux autres propriétaires. Comme reproducteur. Wash résiste, se débat, se raccroche à Pallas pour supporter les humiliations. La relation avec le maître est partout présente, collante et inextricable, tissée autour de personnages poétiques et fragiles. Une splendide ode, très bien écrite, qui parle du lien.

Les références :

200 recettes de New York. Paris : Marabout, 2015. Coll. Ma petite cuisine. 240 p. 5.95 € / Les délicieuses Pies des sœurs Elsen – Brooklyn New York. Paris : Marabout, 2015. 215 p. 19,90 € / Amita Mukerjee. Travailler en anglais. Paris : Marabout, 2015. Coll. Poche. 206 p. 5,99 € / Stuart Nadler. Le livre de la vie. Paris : Livre de Poche, 2015. 299 p. 7,10 € / Françoise Bouillot. Mes oncles d’Amérique. Paris : Joelle Losfeld, 2015. 72 p. 9 € / Alex George. Une symphonie américaine. Paris : Belfond, 2014. 390 p. 22 € / Margaret Wrinkle. Wash. Paris : Belfond, 2014. 414 p. 21,50 €