Du côté de la librairie…
Envie de lire…des parcours de vie
Envie de lire…
des parcours de vie
Partons à pied ou à traineau sur les traces de quelques aventuriers. Suivons les parcours de gens ordinaires ou extraordinaires… Traçons quelques destinées !
Commençons par un vrai beau parcours… effectué à pied ! Jean-Christophe Rufin, membre de l’Académie française, décide de parcourir les huit vents kilomètres le séparant de Saint-Jacques de Compostelle un peu sur un coup de tête. Au départ mû par l’envie d’une longue marche, sans idée préconçue, il finit par se retrouver sur le Chemin du Nord, dédale de sentiers parcourant la côte basque, cantabrique, puis les montages des Asturies et de Galice.
Ce délicieux ouvrage, véritablement abordable tant par son écriture simple, mais riche, que par ses propos amusants et sans fioritures, nous conduit aux côtés du marcheur pour découvrir les petits aléas du pèlerin, ses déconvenues, ses découvertes, son passage de randonneur à celui de « clochard céleste ». Laissant la place au routard, l’écrivain nous livre au travers de ses sensations le parcours qu’il a fait tout au long de ce chemin.
Loin de lui toute idée de croyance, mais plutôt celle de spiritualité profonde, de croyance dans la vie. Et d’une belle conclusion aussi : celle de dire qu’au retour, on est plein de bonnes volontés et de désir de changement, mais que la vie quotidienne reprend vite le dessus, même si au fond de soi « Rien n’avait disparu. C’est une erreur ou une commodité de dire qu’un tel voyage n’est qu’un voyage et que l’on peut l’oublier, le ranger dans une case. Je ne saurais expliquer en quoi le Chemin agit et ce qu’il représente vraiment. Je sais seulement qu’il est vivant et qu’on ne peut rien en raconter sauf le tout, comme je m’y suis employé. Mais, même comme cela, l’essentiel manque. C’est bien pour cela que, d’ici peu, je vais reprendre la route. Et vous aussi. »
Jean-Christophe Rufin. Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi. Paris : Folio, 2014. 277 p.
Autre voyage, mais accompagné de chiens cette fois. Bien connus puisque ce sont ceux de Nicolas Vannier qui, pour sa troisième expédition dans le Grand Nord, va parcourir en leur compagnie 6 000 km et traverser la Sibérie, la Chine et la Mongolie jusqu’au lac Baïkal. Parti de la côte Pacifique en décembre 2013, l’expédition prend pour prétexte de croiser la trace du tigre de Sibérie. L’intérêt principal du livre reste l’histoire de ce jeune attelage de dix chiens (d’un an et demi à trois ans) qui vont offrir ce beau parcours à un homme qui a déjà traversé tant d’espaces. C’est cette relation que Nicolas Vannier décrit dans son livre, les moments passés en leur compagnie et les découvertes mutuelles durant les presque 4 mois d’odyssée.
A offrir à ceux qui aiment les chiens et les grands espaces.
Nicolas Vannier. Avec mes chiens, l’odyssée sauvage. Paris : XO Editions : 2014. 350 p. 19.90 €
Avant-dernier parcours : celui de Gérard Louviot. Jusqu’à 35 ans, cet homme ne savait ni lire, ni écrire. Dans cet ouvrage sans fausse pudeur, mais empreint d’une véritable délicatesse face à ce handicap, ce grand bonhomme nous raconte comment, depuis son enfance, il se tétanise face à un mot, une lettre. Une syllabe n’a aucun sens pour lui, les mots n’évoquent rien et apprendre une leçon relève du tour de force. Il connaît les humiliations, les bonnets d’âne, les moqueries, et se trouve rapidement orienté vers des sections spécialisées qui ne décèleront jamais le mal dont il souffre. Il se blinde contre cette honte et invente mille parades, soutenu par les chansons de son idole, Renaud, en qui il trouve un frère. Ce sera seulement à 35 ans qu’il osera avouer son secret à son patron. Touché, celui-ci va lui offrir la possibilité de se former et de renaître.
Le parcours sera encore long pour Gérard Louviot, attend comme l’un de ses fils de dyspraxie. Aujourd’hui encore, armé de son dictionnaire dont il apprend chaque jour 4 à 5 mots, il se bat contre son illettrisme et continue son apprentissage.
Beau témoignage que le sien, qui retrace parfaitement les conséquences de ce handicap dans le vie quotidienne d’un adulte. Des erreurs d’itinéraires à l’impossibilité de signer un chèque, Gérard Louviot nous dépend son quotidien sans apitoiement, mais avec une incroyable volonté de s’en sortir. A méditer.
Gérard Louviot. Orphelin des mots. Paris : XO Editions, 2014. 237 p. 17,90 €
Dernier voyage : voici un livre que je qualifierai de « léger » sur la vie d’Adriana Karembeu. On ne présente plus cet ancien mannequin débarquée de Prague à 17 ans, qui enchainera les défilés pour les plus grands couturiers. Séparée de Christian Karembeu en 2010, elle se remariera en 2014 avec Aram Ohanian. Elle est actuellement ambassadrice de la Croix-Rouge, et ce depuis 1999. Cet ouvrage raconte son parcours, des bancs de la fac de médecine jusqu’aux scènes des défilés de mode. J’avoue ne pas avoir été passionnée par cette lecture, qui m’as semblée assez superficielle (même si le personnage est attachant) et un peu trompeuse, probablement à cause du titre. La disparition de son pays natal, la Tchécoslovaquie, n’est quasiment pas évoquée, alors que l’accroche du livre pouvait laisser croire qu’elle en parlerait plus. Dommage. A réserver aux fans.
Adriana Karembeu. Je viens d’un pays qui n’existe plus. Paris : Seuil, 2014. 237 p. 18 €