Autres journaux :


samedi 24 février 2024 à 04:57

Le Mercosur pour ne pas perdre son latin



 

Encore une fois chacun se perd dans un dialogue de sourds et utilisant des mots, des concepts, des vocables, des acronymes, des sigles, des symboles. CETA, TTIP/TAFTA, JEFTA, CPTPP, etc. et de plus en plus de négociations sur des accords de libre échange.

 

Le chiffon rouge actuel brandi par la FNSEA et autres syndicats agricoles, membres du gouvernement et parlementaire s’appelle MERCOSUR.

Mais qu’est-ce donc ?

 

Le Mercosur est un important marché et se classe à la quatrième place mondiale. Il est composé de 5 pays : Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et récemment la Bolivie et se trouve peuplé de   286 millions de personnes et les cinq membres de l’alliance représentent à eux seuls 80% du PIB de l’Amérique du Sud. Le Mercosur comprend également 6 pays « associés » : Chili, Colombie, Équateur, Guyana, Pérou et Suriname, peuplés de 126 millions d’habitants soit une entité totale de 412 millions d’habitants, de clients.

Le Brésil représente 52,67% de cet ensemble, de ce marché, de cette clientèle. En même temps c’est le premier producteur et exportateur mondial de soja, sucre et café, le premier fournisseur mondial de viande bovine, de poulet et de maïs, le premier consommateur mondial de pesticides et l’un des plus importants producteurs mondiaux de produits transgéniques.

On comprend que les producteurs français puissent avoir peur d’une telle concurrence ne répondant pas aux normes européennes et surtout françaises.

 

Face à ce marché sud américain, l’Union Européenne c’est quoi ? 27 états, 511 millions d’habitants son PIB en 2018 représentait 18,6 % du PIB mondial

Il est bon de rappeler qu’en 2005 l’UE était la première économie mondiale devant la chine et les états Unis, mais depuis 2008 elle n’a cessé de descendre, actuellement elle se situe derrière les deux précédents.

Ceci dit, précisons que dorénavant, le Mercosur se situe juste derrière l’UE.en 4ème place mondiale.

L’inquiétude des agriculteurs français provient d’un constat alarmant : Les méthodes de culture et d’élevage ne sont pas les mêmes entre l’Union Européenne et le Mercosur. Déjà même au sein de l’Europe où les normes sont souvent moins contraignantes qu’en France. Mais dans les pays du Mercosur les exigences en matière d’environnement, sur le plan social, sont à l’opposé de celles imposées par les règlements communautaires et surtout Français. Les agriculteurs français, dénoncent par avance une concurrence déloyale des pays sud-américains face à leurs productions.

 

A côté de ce constat alarmant une autre préoccupation se fait jour dans les craintes des agriculteurs français. Ils se rendent compte qu’ils ne pèsent pas lourd face à des enjeux mondiaux plus lourds encore que le respect des normes environnementales. En fait ce traité à signer avec le Mercosur est appelé « accord viande contre voitures ». Et pas seulement, car en effet pour une grande partie des 27 pays de l’Union Européenne il s’agit de faciliter l’exportation vers le Mercosur de produits industriels, l’Allemagne est le fer de lance de cette politique. Derrière la volonté communautaire de voir aboutir ce traité, dont le gouvernement français dit ne pas vouloir, ou pas dans cette forme, ou pas…, se trouvent à l’œuvre des forces économiques puissantes : industries automobiles, secteur de la chimie, de l’agrochimie, de la pharmacie, etc.

L’opposition française de façade ne se traduit pas dans les faits, puisque les représentants de notre pays continuent les discussions au sein des cénacles de l’Union sans émettre un veto et ce malgré les engagements continuels des autres dirigeants européens à aller jusqu’au vote et à la ratification.

 

A ce propos rappelons que le Traité entre l’UE et le Canada, le CETA,  a ratifié par le Parlement Européen le 15 février 2017 et par le Canada, le 16 mai 2017, mais toujours pas par la France. En 2019 feu vert de l’Assemblée nationale, et le Sénat ne se prononcera pas avant le 21 mars 2024. Pourtant le CETA s’applique dans l’UE de manière provisoire depuis 2017. Et malgré les affirmations officielles les mêmes règles ne s’appliquent pas des deux côtés de l’atlantique.

 

Le monde agricole face à tout ça émet de plus en plus de doutes. Mais les lecteurs de Montceau News auront des certitudes quand aux notions utilisées dans les discussions.

 

 

Gilles Desnoix

 

 

Voir l'article : Montceau News




Le commentaires sont fermés.