Bataille de chiffres ou réalités en demi teintes ? Depuis l’après 1ère guerre mondial l’exode rural occupe les colonnes des médias et fournit un fond inépuisable aux chercheurs, scientifiques et philosophes de tout poil. Quand est il vraiment et surtout ici, maintenant en juin 2023.

Une polémique se répand alimentée par des déclarations de responsables de parti :   10 000 disparitions d’exploitations agricoles en 10 ans, ça paraît énorme au premier abord, est-ce si énorme en fait ? Et cela enclenche-t-il d’office un accroissement des terres abandonnées, des friches ?

Il y a treize ans, donc en 2010, la France comptait 490 000 exploitations agricole, en 2020, donc il y a 3 ans, la France n’en comptait plus que 389 000, Une baisse de 11 000. Chiffres bruts irréfutables qui cachent une réduction tangentielle des disparitions.

De 2000 à 2010 les disparitions s’établissaient à 3 % l’an, cette décennie le taux à baissé à 2,3 %. Il ne faut pas s’intéresser seulement au nombre de disparitions d’exploitations mais, comme nous le questionnons plus haut , aux surface exploitée, C’est aussi un critère important dans l’aménagement du territoire et la viabilité des filières agricoles.

1 %, 1 % c’est diminution des surfaces agricoles utiles par rapport à 2010., Les terres agricoles en France représente 26,7 millions d’hectares. Rappelons que la superficie de notre hexagone est de 55,1 millions d’hectares (calcul IGN), les surfaces agricoles en représentent donc 48,46 % .

Ce qu’il convient de constater c’est que la baisse du nombre d’exploitations, dans le cadre d’un rapport stables des surfaces agricoles, induit mécaniquement à un accroissement de la taille des exploitations.

Hugues Trichard, Président de Races de France, de herd-book Charolais, Président de Charolais France ne nous a pas dit autre choses lorsque nous l’avons interviewé.

Il suffit de relier les chiffres entre eux, Ceux-ci proviennent du ministère de l’agriculture, En 1970 il existait environ 1,6 million d’exploitations dont la surface moyenne était de 20 hectares, en 2020 nous en sommes à 389 000 exploitations d’une superficie moyenne de 70 hectares, L’urbanisation, l’industrialisation, les structures de déplacement on mangé en 50 ans 16, 56 % du domaine agricole français, le monde agricole a réussi à maintenir qu cours des 10 dernières années sont territoire stable. Les mesures prises depuis quelques années portent leurs fruits sur la protection des terres agricoles et en particulier avec la règle du “zéro artificialisation nette” prévu par le Plan Biodiversité qui ainsi éviterait que 20 à 30 000 hectares de sol naturel, agricole ou forestier disparaissent par l’artificialisation.

Il faut aussi se préoccuper de ce que ces mouvements impliquent au niveau de la main d’œuvre agricole. Il y a un certain parallélisme entre la diminution du nombre des exploitations et celui du nombre de travailleurs :11 %, Ainsi il y a 13 ans on comptait 740 000 (ETP) en 2020 on n’en recensait plus que 659 000, Ce qui fait en mathématique pure 1,69 équivalent temps plein par exploitation. On ne peut passer sous silence que les problèmes sont devant nous pour les deux décennies qui viennent car plus de la moitié des exploitants ont plus de 50 ans et que la courbe s’accroît depuis 2010

Lorsque l’on parle de la paysannerie française on a tendance à tout de suite vouloir savoir ce qu’il en est en Europe tant tout est tellement imbriqué dans les politiques européennes, Les chiffres dont on dispose prouvent que la France n’est pas isolée

La   commission de l’agriculture et du développement rural (AGRI) du Parlement européen a mené en 2022 une étude sur « l’avenir du modèle agricole européen », Il en ressort que « presque toutes les régions de l’UE connaissent des changements structurels à long terme dans l’agriculture, dont une augmentation constante de la taille moyenne des exploitations et une concentration de la production sur des exploitations moins nombreuses et plus grandes ».

Les chiffres européens concernant la diminution des exploitations agricole européennes sont saisissants : moins 32 % d’exploitations pour l’Europe à 27 de 2003 à 2016 et les rédacteur de l’étude ne prévoient pas d’inversion de ces tendances d’ici 2040.

Gilles Desnoix