En raison de la crise sanitaire de la Covid-19, le salon international de l’agriculture de Paris qui devait se tenir du 27 février au 7 mars 2021 a été annulé. Véritable vitrine de l’agriculture française, ce salon est toujours l’occasion pour les consommateurs de se rapprocher des agriculteurs et de mieux appréhender leur métier et leur importance au quotidien.

Comme Paolin Pascot, co-fondateur de l’agriconomie et de la Ferme digitale le rappelle : « Le salon est une période où on met en lumière les travailleurs de l’agriculture française. C’est un moment social important où ils se retrouvent entre eux. On recrée du lien avec les clients. »

Car force est de constater la fracture de plus en plus forte entre le monde urbain et l’agriculture. « On a un lien plus fort entre les ruraux et l’agriculture. Mais on a un lien entre les agriculteurs et les consommateurs qui décroit. Pour autant, le citoyen en général se pose en plus en plus de question sur sa consommation et donc sur l’agriculture. Et cela intéresse de plus en plus les jeunes. » ajoute-t-il.

Avant de poursuivre : « En période compliquée, on se rend compte des forces de chacun. Les agriculteurs ont continué de travailler pour nourrir la France pendant tout le confinement du printemps dernier et au-delà. Les agriculteurs subissent beaucoup. Quand ils allument la télévision, ils entendent certains pointant du doigt un certain type d’agriculture. Mais ils ont été au rendez-vous. En France, on a l’agriculture la plus propre. Chaque moment où on peut recréer un lien est attendu par les agriculteurs. Il y a plein d’initiatives. »

Par exemple, la ferme digitale permet de promouvoir une agriculture plus durable et une agriculture plus citoyenne, explique Paolin Pascot.

Et d’autres événements à venir en 2021

Comptant sur une amélioration sanitaire dans les mois à venir grâce au vaccin, Paolin Pascot explique que plusieurs événements permettant aux professionnels de l’agriculture de se réunir auront lieu notamment en septembre prochain. L’association La ferme digitale ira aussi à la rencontre des agriculteurs pour faire des reportages.

Une manière de rapprocher donc les agriculteurs et les consommateurs pour une population qui a dû changer ses habitudes. « On arrivera à s’adapter. On va passer cette crise, on trouvera des solutions » estime Paolin Pascot.

L’annulation du salon de l’agriculture rime aussi avec l’annulation des concours qui devaient s’y tenir. Pour autant d’autres concours devraient tout de même avoir lieu cette année dans un cadre sanitaire strict. « Vu les risques sanitaires, il faut faire des choix avec des personnes se préparant chaque année pendant plusieurs mois. On est obligé de trouver des alternatives. » ajoute-t-il.

Ainsi des agriyoutubeurs font le buzz. C’est un véritable moyen d’expression pour eux et de partage de leur quotidien. Ils réalisent des vidéos, expliquent ce qu’ils font.

« L’agriculteur est la catégorie socio-professionnelle la plus connectée, plus que les médecins. Ils ont intégré les nouvelles technologies depuis longtemps » explique Paolin Pascot.

Cela implique des tracteurs connectés, l’utilisation de drones pour certains etc.

En outre, le métier d’agriculteur est très lié à des événements extérieurs : météo etc. Aussi ces nouvelles technologies leur permettent d’avoir les informations essentielles pour prendre les meilleures décisions.

Durant le salon de l’agriculture plus globalement, il y a une véritable économie. Et pour le secteur, son annulation constituera une vraie perte.

Pour autant, comme le souligne Paolin Pascot : « Personne ne s’est arrêté pendant le premier confinement : les sites internet, les concessionnaires etc. Et ce système ne peut pas s’arrêter. On a besoin de manger. S’il n’y a plus d’agriculture, la France ne fonctionne plus. »

Un bilan plutôt positif de la période, selon Bernard Lacour, Président de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire

De son côté, Bernard Lacour, Président de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire s’essaie à un bilan puisque ce week-end aurait du être le dernier de la manifestation. D’abord le fait de l’annulation du salon a été compris pour les raisons sanitaires et les règles auxquelles chacun est soumis au quotidien. « C’est une des contributions du monde agricole » commente Bernard Lacour.

Avant de poursuivre : « C’était dur pour les éleveurs qui ont l’habitude de préparer leurs bêtes. C’est une véritable passion pour certains qui s’y rendent chaque année. Ils passent toute l’année à préparer leurs bêtes. »

Pour autant, le Président de la Chambre d’agriculture se veut positif : « Malgré tout, cette année, au point de vue médiatique, on a été bien soutenu. Il y a eu aussi des initiatives partout avec des portes ouvertes, une campagne de communication de la chambre de l’agriculture, la promotion des circuits courts etc. Et ce vendredi c’était la reprise des marchés de producteurs de pays. L’agriculture est au rendez-vous tous les jours. Les médias nationaux ont repris beaucoup de sujets sur le monde agricole. J’ose espérer qu’on est à un tournant. Ce sont nos repas trois fois par jour. On voit les difficultés pour obtenir du paracétamol, les masques, puis les vaccins ces derniers mois. Il ne faudrait pas que ça arrive à notre niveau. J’espère qu’il y a une prise de conscience, sinon on sera dépendants d’autres pays. »

Lucide, Bernard Lacour poursuit son bilan de ces dernières semaines sans le salon de l’agriculture : « le négatif est pour ceux qui ont l’habitude d’exposer », rappelant ainsi la véritable économie autour de ce salon qu’il s’agisse d’équipementiers pour les exploitants ou bien les prix de vente record des bêtes qui sont primées lors des concours. On comprend alors d’autant plus la déception de certains éleveurs qui ont travaillé sans s’arrêter malgré les conditions sanitaires pour permettre de nourrir la population et se préparer à ce rendez-vous qui n’a pas pu se tenir cette année.

Rendez-vous en 2022 à priori pour le salon de l’agriculture à Paris. Et d’ici là, les producteurs restent disponibles sur les marchés, sur leurs exploitations, leurs points de vente et de prochaines manifestations lorsque celles-ci pourront se tenir. Le monde agricole compte bien surfer sur les différents médias pour continuer à nourrir sa relation avec les consommateurs français.

EM

Bernard Lacour, Président de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire