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samedi 16 décembre 2017 à 18:32

Visite ministérielle ce matin à Saint Eusèbe

Entre colère et détresse des agriculteurs



 

 

Une centaine de personnes, élus (Président du département, de la CUCM, députés, sénateurs), représentants de l’État dont Monsieur le Préfet et le Sous-préfet d’Autun et agriculteurs ont accueilli ce samedi matin le ministre de l’agriculture, Monsieur Travert pour la visite de l’exploitation du GAEC Comeau et des discussions globalement sereines.

 

 

Ce sont Cédric et Stéphane Comeau tous les deux associés au sein du GAEC qui ont assuré la visite de l’exploitation afin de présenter les enjeux du territoire et aussi de leur filière, la filière bovine.

 

 

Ils étaient aussi appuyés par la présence de collègues agriculteurs et de représentants de la FDSEA, des jeunes agriculteurs notamment et d’associations de soutiens aux agriculteurs en souffrance.

 

 

 

Formations, freins aux investissements, hygiène

 

 

 

Tels ont été les sujets abordés par les agriculteurs de l’exploitation visitée ce samedi matin.

 

 

 

Déjà , il reconnaissait la nécessité de travailler sur les formations des agriculteurs, indiquant que le travail demandait aujourd’hui aussi des compétences de gestion importantes.

 

 

Et déjà certains d’entre eux glissaient « si on pouvait alléger sur les papiers ». Ce à quoi une élue lui répondait, « mais on passe au numérique ». Pas sûrs que la réponse ait convaincu. Il reste que les démarches doivent être réalisées tout de même.

 

 

Et que dire aussi des discussions au fil de la visite qui aura duré près d’une heure, portant aussi sur la rémunération des agriculteurs et sur le prix d’achat des animaux. Que dire aussi du sentiment d’être freiné dans des investissements matériels nécessaires à la modernisation de l’exploitation ?

 

 

Et les réponse du Ministre à peine audibles au milieu de la foule qui indique qu’il aimerait assurer des financements collectifs dans le cadre de la future PAC. Autre réponse du ministre aussi : la nécessité pour les agriculteurs de monter en gamme, de repenser leurs marchés. « On a besoin d’éleveurs bons techniquement, qui savent bien anticiper, faire des choix en matière d’innovation » disait-il à l’un des exploitants à ses côtés.

 

 

Une économie agricole importante pour le département

 

 

C’est devant un bâtiment agricole abritant les bovins et micro à la main que le ministre et différents représentants d’agriculteurs ont pu se rendre audibles de tous.

 

 

C’est Bernard Lacour, le premier, Président de la FDSEA, qui a pris la parole :

 

 

« Merci d’être venu. Vous étiez attendu au festival du bœuf. Il y avait une réelle attente. La déception de votre non venue était à la hauteur de l’attente. »

 

 

Puis poursuivant son propos : « Vous arrivez dans un département riche de son agriculture, de l’élevage. L’économie agricole est importante pour le département. Cette richesse est inverse au moral des agriculteurs. Ici il y a des attentes des agriculteurs. La FCO (Fièvre Catarrhale Ovine) est un sujet sur lequel on ne peut pas occulter. Ce sujet est important sur lequel les agriculteurs attendent des réponses. Les zones défavorisées aussi. Le positionnement de notre agriculture sur un marché qui contribue à casser le moral. En vous remerciant pour votre venue. On souhaite que les messages et les réponses puissent être donnés. »

 

 

Prenant la suite un agriculteur explique : « La FCO est une maladie insaisissable. On est touchés par des animaux venant de Corse. On est bloqué. L’Italie était en FCO4. Les reproducteurs ne peuvent pas partir. C’est une exaspération. Les gens en ont marre. Aujourd’hui c’est 15000 vaches bloquées qui devraient sortir de notre territoire sur les deux mois. Les prix baissent de 150 à 200 € par bête. Toute la zone allaitante est bloquée. On ne sait pas d’où viennent les animaux. On est en train de faire des recherches. Mais on en est qu’à 20 % de réalisé. Ce qui fait qu’on est bloqués depuis 15 jours. Il y a des départements qui jouent le jeu et d’autres non. On ne peut pas jouer avec le moral des paysans. Bernard l’a dit. On est attaqués de toutes parts. Il y en a des solutions. On a trop attendu pour revenir aux regroupements de communes. » Et c’est petit à petit que le monde agricole semble trouver des solutions pour relancer la vente des bêtes tout en assurant une sécurité sanitaire.

 

 

 

Une demande d’enquête pour trouver des solutions durables

 

 

 

Poursuivant sa présentation des incidences de la FCO sur la vie des agriculteurs, l’exploitant demande une meilleure prise en charge des pertes par la gouvernement, de défendre le monde agricole français à Bruxelles et surtout de comprendre « ce qu’il s’est passé sur cette FCO. Il y a quelque chose, soit le protocole ou les vaccins ne sont pas bons, soit des bêtises ont été faites. On vous demande que vous cherchiez avec un laboratoire indépendant. On a trop attendu pour faire ça. Comment on gère s’il y a une dissémination sur toute la France ? Il faut gérer ça avec sérénité, garder des vaccins pour l’export, les moutons, en commander. Il faudra commander des vaccins. »

 

 

Pour sa part, le Ministre de l’agriculture a d’abord souhaité saluer les personnes présentes :

 

 

« Je suis très heureux de venir là. J’honore une promesse. Je reviendrai. Et je le dis et je le ferai. C’est toujours important de voir comment nos politiques publiques sont portées. Ce qu’on va décider, il faut voir comment cela marche sur le terrain. Je veux venir sur le terrain pour saluer le travail des agriculteurs. Je sais que c’est difficile. J’ai besoin d’entendre la réalité du terrain : les difficultés du marché, sur les vaches allaitantes. La Saône-et-Loire est l’un des premiers départements agricoles de France. Il faut travailler sur les modèles économiques, comment monter en gamme. Il y a un gros travail qui a été fait. Quelle marge de progression on peut apporter ? »

 

 

Revenant sur la FCO : « La FCO est un vrai sujet. C’est une maladie qui ne se voit pas. On doit travailler sur la prévention, la protection d’une zone s’il y a suspicion pour protéger les animaux et les éleveurs. Il faut qu’on avance ensemble. On travaille aussi avec les vétérinaires. Sur la question sanitaire, c’est un sujet sur lequel on ne peut pas mégoter. Sur les indemnisations, il faut regarder les dossiers. Ce qui importe, c’est d’éradiquer la maladie, de faire des recherches sur les autres territoires. On est parfaitement conscients de la situation. Des décisions difficiles sont nécessaires par rapport au point où on veut aller. Il faut qu’on travaille sur ces sujets-là. Ce n’est pas un sujet traité à la légère. On travaille en faisant en sorte que vous puissiez travailler. On a besoin de vous. Et vous avez besoin de nous. Nous sommes à l’écoute et avons besoin de concertation. C’est ce que j’essaie de mettre en place depuis que je suis là. »

 

 

Puis développant son propos sur l’avenir : « Je souhaite qu’on parle positif : comment installer les jeunes, trouver des marchés. On doit valoriser l’agriculture. »

 

 

Des propos qui ont eu du mal à recueillir l’unanimité quand dans la foule un agriculteur lance : « C’est l’agriculture des parisiens. Vous parlez de l’agriculture, pas des agriculteurs. Cela fait 30 ans qu’on nous fait des promesses. On n’est pas prêts d’aller mieux ».

 

 

Et le Ministre de répondre : « J’entends les difficultés qui sont les vôtres. Je ne fais pas de promesses. Ce que j’essaie de faire, c’est qu’on travaille ensemble. Chacun doit prendre ses responsabilités. C’est un message de confiance. Je ne veux pas faire de promesses que je ne pourrai pas tenir. Je veux me donner les moyens d’avancer. Ces solutions, on doit les trouver ensemble. Je viens parce que j’ai envie qu’on réussisse. Je reviendrai car j’ai besoin du dialogue pour travailler. On va trouver les solutions ensembles ».

 

 

Pour sa part, le Président des jeunes agriculteurs a indiqué l’existence de distorsions importantes entre les accords européens, les obligations nationales et les viandes étrangères entrant sur notre territoire. « On est toujours plus blanc que blanc. Cela crée des distorsions de concurrences. Et l’arrêt du glyphosate crée aussi des distorsions. »

 

 

Et de conclure son propos : « Quand les jeunes poussent, l’agriculture grandit ».

 

 

 

CETA et Mercosur

 

 

 

Le Ministre de l’agriculture est alors revenu sur les accords du CETA (Accord Économique et Commercial Global entre l’UE et le Canada) et les discussions du Mercosur.

 

 

Il a indiqué : « Le CETA a été mis en place avant nous. Des moyens de contrôle ont été mis en place depuis septembre. Il y a des règles incontournables. Sur le Mercosur, cela a été un échec. A Buenos Aires, cela n’a accouché de rien. On doit continuer de travailler et poser des conditions. La viande, l’éthanol, le sucre : on voulait traiter le problème globalement. Nous sommes allés chercher des alliés ; 12 pays étaient réunis autour de la France. Nous avons valoir les conditions sanitaires.

 

 

 

Sur l’Europe, j’ai proposé que l’on puisse avoir une initiative européenne sur le droit à l’erreur. Et sur le glyphosate, l’UE a voté 5 ans. Le Président a pris une position politique : comment faire en trois ans. Nous verrons dans trois ans où nous en serons. Il faut qu’on regarde avec d’autres pays. »

 

 

 

Bernard Lacour (FDSEA) a repris alors la parole : « En Saône-et-Loire, on a vécu des situations très difficiles. Il y a un sentiment d’abandon très très fort. On a fait une pétition sur les personnes ayant des avis sur tout. On nous parle de L214. On n’a plus qu’à ne plus manger de viande ! »

 

 

Bernard Lacour a ensuite fait référence au ministre Nicolas Hulot, lequel a instauré un menu végétarien une fois par semaine dans les écoles. « Il est invité à venir voir comment cela se passe. Tout cela est mal vécu par les agriculteurs et les territoires ruraux » a-t-il poursuivi.

 

 

 

Il a aussi déclaré qu’un travail sur les zones défavorisées avait été réalisé sur le département pour une cohérence entre les activités d’élevage et laitières.

 

 

 

Et les vagues de suicides ?

 

 

 

C’est un agriculteur adhérent de Agri solidarité qui a abordé le sujet juste avant le départ du ministre : « Il y a peut-être quelque chose à mettre en place. Les financements ne sont pas à la hauteur. Glavany, lorsqu’il était venu, il y avait 1000 personnes. Aujourd’hui il y en a 100. »

 

 

Et un autre agriculteur de conclure : « Si vous voulez venir nous voir, il faudra revenir vite. Va falloir se réveiller là-haut ».

 

 

La visite de l’exploitation s’est achevée rapidement par le bâtiment des ovins avant de prendre la direction du Breuil pour une discussion fermée à la presse uniquement entre les représentants des agriculteurs et les élus.

 

 

Espérons que le dialogue aura été à la hauteur des attentes des agriculteurs dont on a pu voir ce samedi matin que certains ne mâchaient pas leurs mots face au ministre de l’agriculture.

 

 

Une visite qui a donc eu lieu entre colère et désespoir.

 

 

Émilie Mondoloni

 

 

 

 

 

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