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vendredi 17 juin 2016 à 07:47

« AUTOUR DE L’EURO » : Épisode 6 avec la Turquie vue par Haci Ismaïl ÖZTÜRK un Saône-et-Loirien

Haci Ismaïl Öztürk nous parle de son amour incommensurable pour sa patrie, la belle TURQUIE. Décryptage du jour avec cet ultra de Galatasaray, avant le choc de ce soir contre l'ESPAGNE (à 21h)..



Nouvelle rubrique sur Montceau News. L’innovation n’a pas de limites, les idées non plus. Nous allons vous faire vivre l’EURO 2016 de Football en France de différentes manières, sous différents angles. Chaque jour, un lecteur ou une lectrice de www.montceau-news.com originaire ou vivant dans l’un des pays qui participent à la compétition reine de l’UEFA, nous donnera sa vision de ces deux pays, d’un côté la France, de l’autre la Terre de ses ancêtres ou terre d’accueil. Le but ? Voir le football d’un autre angle. Connaitre les différents pays européens présents en France un mois durant et pas seulement sur le côté sportif. Enfin l’ultime avantage, c’est vous mettre en avant, car sans vous on ne serait rien. Épisode 6, empli de force, de traditions et de respect avec la Turquie du montcellien Haci Ismaïl Öztürk. Régalez vous !

 

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Arrivée à Montceau pour rejoindre les mines..

 

 

 

Né le 21 octobre 1986 à Saint vallier, Haci Ismaël Öztürk est le seul de la fratrie, il compte quatre soeurs et un frère, à avoir vu le jour en France. Ce montcellien de toujours, fervent partisan de la Turquie, a toujours su faire le lien entre le pays de ses ancêtres et son pays d’accueil « je lui dois beaucoup. Je n’oublierai jamais que c’est ici que je travaille pour gagner mon « pain », je serai toujours reconnaissant et ne cracherait jamais sur la France », les mots sont forts.

 

 

 

Il ajoutera avec sérénité qu’ « les turcs savent vivre en harmonie avec leur environnement. On a toujours bien su s’intégrer ici. J’ai grandi dans le confort, mais mon pays c’est la Turquie. » Depuis le début de cette nouvelle rubrique, un phénomène revient toujours, peu importe la nation évoquée. Le pays d’origine est clairement numéro un dans le coeur de nos intervenants et ça se comprend aisément, tant la famille est le ciment dans le quel se construit un individu.

 

 

 

Haci (prononcé Adji) n’a manqué de rien « contrairement à mes frères et soeurs nés en Turquie » et a très vite su trouver sa place à Montceau ou ailleurs, forçant souvent l’admiration et le respect. Comme sa famille d’ailleurs, son frère aîné Ramazan est un brillant avocat, lui même est devenu auto entrepreneur très jeune dans le bâtiment avant de passer au costume cravate qui lui sied mieux, en qualité de commercial à Lyon depuis un an.

 

 

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Il fait bon être Franco-Turque en 2016..

 

 

 

La recherche d’identité est forte, dans le cas d’Haci, elle est quotidienne depuis l’enfance : « à la maison, on parle toujours turque. Ma mère ne connait que quelques mots de français, du coup on l’assistait toujours peu importe où elle devait se déplacer. En fait, c’est drôle mais mes parents ne voulaient pas faire d’enfants en France. Ils avaient peur de ne pas pouvoir se faire comprendre à l’hôpital etc. Du coup j’ai eu de la chance pour pouvoir être là et vous parlez (rires). »

 

 

 

Il ajoute avec une pointe d’émotion dans la voix que « mes premiers mots étant bébé ont été « Anne Baba » qui signifie maman papa en turque ! Ce sera toujours à la vie à la mort pour ma Turquie que je chérie tant. C’est difficile à expliquer ou à exprimer, ça vient du coeur, des liens du sang.. »

Son père, arrivé à Montceau les Mines à la fin des années 70 pour répondre au besoin de main d’oeuvre des mines locales, est venu seul. Avant de pouvoir aller chercher sa femme et ses enfants trois ans plus tard. Travaillant d’arrache pied, il logeait à ses débuts, dans un appartement à la ZUP du Plessis où s’entassait plus de dix personnes, toutes turques, dans un appartement comportant deux chambres. Haci raconte : « Mon père me racontait que quand un turc arrivait à Montceau, c’était à la gare et il demandait toujours aux passants où vivent les turcs? Et on leur indiquait toujours cet appartement où ils étaient accueillis à bras ouvert, peu importe les conditions plus que précaires. »

 

 

 

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« On peut très bien vivre à la Turque en France sans déranger qui que ce soit et dans le respect de son environnement. » Haci Öztürk.

 

 

La solidarité turque. Dans la précarité, les gens s’entraident, d’autant plus quand ils ont les mêmes origines, ce qui donne un lien fort entre eux et envers leur patrie, à l’image des italiens ou portugais. « Quand j’étais jeune, on était toujours entre turques. C’est au lycée que j’ai commencé à découvrir la culture française et je me suis vite rendu compte que je pouvais avoir un pied à terre dans les deux sans jamais rechigner mes origines turques et ma religion musulmane » me confie-t-il au moment de digérer son copieux repas du « fthor » (*).

 

 

 

À propos des mines où travaillait sans relâche son valeureux père, Haci a une anecdote à nous conter : « Comme ils étaient nouveaux (les ouvriers turques), ils ne savaient pas lire le français et allaient acheter de la viande dans les supermarchés sans vraiment savoir quoi. Et un jour, aux Mines pour un barbecue, ils ont amené cette viande et là un homme du coin leur a dit que c’était interdit dans leur religion de manger ça car c’était du cheval ! Du coup mon père et ses collègues se sont fait vomir et n’ont plus osé manger de viande pendant plusieurs semaines. »

 

 

 

Pour parler religion, « la Turquie est un pays très ouvert, où la religion tient une place importante mais rien n’est imposé. Les filles sortent sans voile pour la majorité, les églises sonnent les cloches et la liberté de culte est respectée. Toutes les religions sont présentes en Turquie et personne n’est brimé dans sa foi » nous avoue Haci avec fierté.

 

 

Haci à Paris pour voir le premier match de la Turquie contre la Croatie..

 

 

Quand on évoque avec lui son rapport avec ses deux pays, Haci, autodidacte depuis sa majorité (auto entrepreneur à 18 ans) nous affirme « je reste turque avant tout, dans mon coeur et dans mon âme. C’est mon pays même si je suis né en France. C’est une partie à part entière de ma vie, de mon quotidien, ce n’est pas du nationalisme, c’est de l’amour (rires) ! »

 

 

 

Et niveau football c’est pareil, ce supporter de Galatasaray est apparu sur plusieurs médias mainstream nationaux en photo avec un drapeau turque géant au beau milieu des supporters croates ! Un cliché somptueux et à l’image du garçon. Toujours le sourire, toujours disponible et travailleur, Ismaël représente on ne peut mieux le « franco-turque » modèle en 2016.

 

 

Au passage, il me confiera que « contrairement à ce qui était annoncé, il n’y a eu aucun incident à Paris dimanche dernier (lors du match Turquie 0-1 Croatie), bien au contraire. des moments de fraternité, c’était vraiment sympa, le respect était là avant mais aussi après le match malgré la défaite. Respect aux croates, quand aux turcs on a été formidables comme toujours ! » L’ambiance était festive et contrastait avec les débordements survenus à Marseille.

 

 

 

Pourtant, des hooligans anglais ont lancé un appel via les réseaux sociaux aux polonais, croates et consorts pour s’allier avec eux afin d’aller « casser du turc » mais il n’en a rien été. La forte délégation turque, près de 40000 supporters dans les rues de Paris dimanche, a du refroidir les ardeurs des plus fous et dans le stade, Haci me confiait que « l’hymne national croate n’a pas été sifflé, pour le notre, l’émotion était incroyable, c’était la première fois que j’assistais à un match de l’équipe nationale, c’était fou, une ambiance insensée. » Concernant le match, le son de cloche est tout autre : « on n’a pas joué avec le coeur, les croates méritent amplement leur victoire. Mais je suis sur que demain (Ndlr ce soir à 21h), ils vont nous montrer autre chose contre la grande Espagne. »

 

 

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Un slogan repris partout : « Biz Bitti Demeden Bitmez »

 

 

Ce qui signifie : Ce n’est pas fini tant que nous ne l’avons pas décidé ! En référence à des glorieux rebondissements en fin de match pour les turques en compétition internationale (2002 et 2008 notamment). Mais en ce moment « c’est la France qui représente le mieux notre slogan (rires) avec ces buts à la dernière minute ! »

 

 

Il voit même un heureux présage en cette défaite car « on avait perdu le premier match en 2002 et en 2008 tout en allant loin dans la compétition », l’espoir de voir son équipe en finale est là. Si jamais la Turquie se fait éliminer, « il supportera les bleus » et son rêve le plus fou serait de voir une finale entre ses deux pays.

 

 

Son joueur français préféré? « Antoine Griezmann évidemment, déjà parce qu’il est du coin mais surtout parce qu’il est hyper talentueux, je pense que Deschamps doit le remettre titulaire, il est en pleine bourre. » Haci conclura cet échange par ces mots qui résonnent dans la tête de beaucoup de binationaux : « J’ai toujours su garder une dualité entre les deux, ne jamais oublier d’où je viens, ni où je suis et qui me nourrit. Tout en respectant ma religion et ce depuis mon premier souffle. » On peut dire que l’exemple est bon, il prouve à tous que « bien vivre ensemble » est à portée de main.

 

 

(*) Le Fthor est le moment où les musulmans pratiquant le Ramadan coupe le jeune.

 

 

Épisode 7 à découvrir sur notre site demain samedi..

 

 

Mustapha Sofi

 

 

 

 




 

 

 

 

 

 



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